Jamais dans l’Histoire de notre pays, le Niger, un événement n’a autant soulevé le coeur, secoué et meurtri les consciences que la disparition précoce des petits anges du Jardin d’enfants de Pays-Bas. Cette catastrophe, ce drame restera pour de longues années gravé dans la mémoire collective des nigériens. Et, on ne restera pas à se lamenter sur ce drame car, ce qui urge est de savoir très exactement ce qui est à l’origine de cette catastrophe ! Au delà, il faut urgemment situer les responsabilités, identifier les personnes qui ont de près ou de loin une quelconque implication dans la survenue de ce drame. On ne doit rechigner sur aucun moyen, sur aucune mesure pour châtier à juste titre les fautifs. Nous nous connaissons ; nous sommes un pays de tolérance par excellence ; un peu trop tolérant, ce qui a contribué à consacrer le culte de l’impunité dans notre pays. Au nom de la largesse des coeurs, au nom de la compassion ou de la pitié, au nom de préceptes religieux savamment utilisés, il y a eu beaucoup d’actes qui sont restés impunis dans ce pays. Il faut que cela s’arrête ! Nous ne voyons quel argument brandir pour attendrir le coeur d’une mère ou d’un père qui aurait perdu un enfant de deux ou trois ans, brûlé par des flammes dans une école sensée le protéger et lui inculquer des valeurs ! Au nom de quelle flexibilité des coeurs, au nom de quel fanatisme faudrait-il toujours attribuer à Dieu des drames ou des fautes qui émanent des légèretés et des défaillances humaines ? Ne voyonsnous pas que ce sont ce genre d’actes qui sont restés impunis qui encouragent les gens à agir en répétant les mêmes erreurs ? Il parait que c’est la troisième fois en trois ans qu’un incendie de ce genre se produit dans cet établissement ! Est-ce une prédestination pour un établissement scolaire d’être un cadre propice à un incendie pour que cela se répète trois années de suite ? Soyons forts et d’ores et déjà examinons avec sérieux les différents degrés de défaillances qui auraient provoqué ce drame.
Il y a tout d’abord l’exiguïté des locaux. Trois écoles implantées sur un site de 750 mètres carrés ! Haba !!! Pour combien d’élèves et dans combien de classes ? On imagine déjà le nombre pléthorique dans les classes ; des enfants de moins de cinq ans serrés les uns contre les autres, mal assis et arrivant à peine à respirer convenablement ! Des classes en matériaux définitifs jouxtant ou contiguës à des classes en paillotes délabrées, branlantes, propices aux flammes ! C’est dans ce contexte spatial empreint de promiscuité qu’évoluaient ces petits anges qui ont péri sous les flammes de la légèreté, de l’inefficacité et du laisser-aller ! L’espace est tellement exigu qu’il n’a même pas permis aux secours d’accéder aux victimes. C’est ainsi de l’occupation anarchique de nos marchés qui se consument presque entièrement à chaque fois que survient un incendie parce que l’espace n’a pas été utilisé de façon rationnelle. Et, aujourd’hui ce sont nos écoles qui se retrouvent dans cette situation ! Qui plus est, un établissement préscolaire qui a pour première vocation d’offrir des espaces ludiques et des gadgets pour que l’enfant exerce son premier droit : celui d’apprendre par le jeu ! Dans un tel environnement, comment l’enfant peut-il s’épanouir et exercer ce droit qui se veut inaliénable ? Pourtant, les parents ont consenti les sacrifices nécessaires pour payer la scolarité de leur progéniture ! A coups d’incessants rappels, de harcèlements et de pressions diverses, les responsables de ces établissements arrivent toujours à se mettre dans leurs droits. Il arrive même qu’ils suspendent carrément l’enfant pour un simple retard de paiement ! Pourquoi alors eux ne consentent-ils pas le sacrifice nécessaire pour créer des cadres décents et propices à l’acquisition des connaissances pour les élèves ? Pourquoi ces gens continuent-ils à agir contre les lois et règlements en vigueur ? Même le corps enseignant est mal qualifié pour exercer convenablement sa fonction. Surtout dans le préscolaire où les gens recrutent par affinité de vieilles mégères, amies et connaissances, qui se morfondent dans une retraite qu’elles refusent d’assumer ! Dieu est grand et il saura à juste titre venger ces petits anges et leur famille ! En attendant, il appartient à la Loi, notre réglementation de sévir contre les fautifs. Aucun argument ne peut plaider contre une quelconque excuse ! La Loi doit sévir et cela pour un double impact : un impact pédagogique et une compassion partagée avec les parents des victimes. En effet, pour le volet pédagogique, les sanctions doivent servir à dissuader ceux qui continuent à recruter et à enseigner des enfants dans de tels cadres pleins de défaillances et même dangereux. La Loi doit non seulement frapper très fort mais au-delà, des inspections et des contrôles doivent suivre immédiatement pour démasquer tous les établissements qui présentent de telles défaillances. La Direction de l’Enseignement Privé (DEPRI) notamment, doit s’investir pour relever ce défi ! Le peuple nigérien attend dans un très proche avenir une liste exhaustive de tous les établissements scolaires ne répondant pas aux normes requises. L’effet doit être la fermeture systématique de tout établissement indexé.
Pour l’effet de témoignage de compassion pour les familles des victimes, il reste que les sanctions soient exemplaires. Certes, rien ne peut réparer la perte d’un être humain, surtout un enfant dans cet âge où chaque parole qu’il sort est un réconfort pour ses proches et parents. Cependant, l’exemplarité des sanctions à prendre peut un tant soit peu soulager le coeur des parents. Laisser errer les responsables présumés de ce drame représente à nos yeux une insulte tant pour les parents des victimes que pour tout le peuple nigérien. Pour cette raison, ces gens doivent être châtiés et mis sous verrou pour le temps qu’il faut ; on ne peut accepter de voir circuler le bourreau sans avoir un haut-lecoeur. La Loi doit donc sévir dans tous ses contours.
Kailo