Le Niger, apparemment, est le paradis pour tous ceux qui, dirigeants de sociétés et gestionnaires qui manquent de leadership et de compétences incontestables, se retrouvent, dans la plupart des cas grâce au copinage, à la tête d’organisations pourtant sérieuses. On l’a vu, c’est probablement au Niger uniquement que des responsables de sociétés à capitaux étrangers se hasardent à violer les lois du pays d’accueil, de façon tout délibérée. Sans aucun souci. Mieux, ils n’écopent d’aucune sanction si bien qu’ils répètent à l’envi l’acte, propageant autour d’eux une réputation d’intouchables. Ce sont des gens qui ont des permis à tout faire. Tant pis pour l’Etat, les employés nigériens et l’économie nationale qui en souffrent atrocement.
Un confrère a récemment publié « les employés de Moov Niger dans la tourmente » et il n’a pas sans doute pas tort. Il y a même pire puisque l’entreprise est en train de scier la branche sur laquelle elle est confortement assise. Les ressources humaines, on le sait, sont au centre de toute organisation. Si le personnel de l’entreprise n’est pas bien traité, au prorata de ce qu’il apporte à l’entreprise ; s’il n’est pas suffisamment sécurisé et protégé ; s’il n’est pas respecté et considéré, impliqué et estimé ; s’il est, en revanche, traumatisé par les méthodes hitlériennes d’un patron sans vision ; s’il est divisé et fragilisé, méprisé et manipulé, alors, il n’y a pas grand-chose à attendre en termes de performances. À Moov Niger, devenue depuis peu Moov Africa, les choses se passent de la pire façon. Depuis, note-t-on l’arrivée d’un nouveau patron qui a entrepris de mener l’entreprise, pourtant dans un secteur d’activités très concurrentiel et très sensible, comme il l’entend.
Parti en grève pour revendiquer des meilleures conditions de travail, le personnel s’est vu opposé une rigidité et une inflexibilité incroyables de la part du directeur général. Pourtant, les chiffres avancés militent en faveur des employés nigériens qui dénoncent un trop grand écart entre le traitement réservé aux expatriés marocains et eux. Voici un exemple : alors que les employés marocains, même lorsqu’ils sont célibataires sans enfant en charge, ont une indemnité de logement comprise entre 900 000 FCFA et 1 800 000 FCFA par mois, les cadres nigériens n’ont droit qu’un montant compris entre 15 000 FCFA et 45 000 FCFA pour les mieux lotis. Un fossé qui ne s’explique pas. Les cadres nigériens n’ont pas, loin s’en faut, exiger d’être mis au même niveau de traitement. Ils ont demandé aune révision de leur prime de logement afin que celle-ci atteigne un montant maximal de 160 000 FCFA. Quoi de plus juste dans une ville de Niamey en pleine expansion et où l’insécurité grandissante exige de sociétés telle que Moov Niger des mesures de sécurité pour leurs employés.
Comment un manager de société aussi moderne que la téléphonie cellulaire peut entraîner la société qui l’emploie dans une crise sociale aussi grave parce que, simplement, les cadres nigériens ont demandé un rehaussement légitime de leurs primes de logement ? Il y a une réponse à cette question. Moov Niger, c’est certain, subit un préjudice énorme et c’est dû à la façon peu orthodoxe de son directeur général qui semble oublier que son sort est intimement lié à celui de ses collaborateurs. L’écart, du moins, le fossé qui existe entre les cadres marocains et nigériens en termes de primes de logement, est tout simplement inacceptable pour l’Etat du Niger qui doit s’assumer à travers ses organes habilités (inspection du travail, ministère de l’Emploi, etc.). Il est également inacceptable pour le Maroc dont l’images est sérieusement écornée ainsi que pour Moov Niger, une société qui aspire à devenir leader du marché nigérien en téléphonie cellulaire. Les employés, dit-on, sont les premiers communicants d’une entreprise. Si Moov Niger ne l’a pas encore compris, ou du moins son directeur général actuel, c’est qu’il y a un problème quelque part. La maison-mère de Moov Niger doit nécessairement le détecter et le résoudre avant qu’il ne soit tard. Un tard qu’elle risque de découvrir dans les chiffres à travers un examen minutieux des performances réelles de l’entreprise sous la nouvelle direction.
BONKANO