Au cours de l’installation des responsables des communes, après les dernières élections municipales, les rivalités et accointances locales ont pris le pas, ici et là, sur les consignes des regroupements politiques. Occasion pour les autorités administratives et, parfois, coutumières de prendre, de manières flagrantes et au mépris des lois, parti. Ce qui s’est passé à cette occasion à Gaya est un cas d’école.
La commune urbaine de Gaya compte dix-huit conseillers. Six pour le parti Lumana, quatre pour le MNSD ? Trois pour L’ANDP ? Deux pour le PNDS, et un pour chacun des partis ANEMA, Kishin Kassa et Jumhouria. Dans la perspective de ola mise en place du maire et de ses deux adjoints, le Lumana a choisi de soutenir un conseiller du MNSD. Et le 25 avril 2021, une réunion autour du président de la coordination départementale de Lumana, Moussa Djiré, les conseillers de deux formations plus celui du parti ANEIMA. Seuls deux conseillers du MNSD, dont le candidat au poste de maire, signent le procès verbal. Ce regroupement compte ainsi neuf conseillers, comme l’autre regroupement qui bénéficiera du soutien de l’élu de Kishin Kassa. Devant l’impossibilité de dégager une majorité pour un camp ou pour l’autre, des tractations furent entreprises. Et c’est naturellement que l’administration, les partis politiques furent mis à contribution. Rien n’y fit. Devant le statut quo, le préfet décide, le 14 mai, date butoir pour la mise en place du maire et de deux vices, de reporter les élections. C’est maître Souley Dambaro, huissier de justice, commis par le coordinateur du Moden Lumana qui fera le constat : « à 10 heures 35 minutes, le garde du corps du préfet du département fait son entrée dans la cours de la mairie, dans le véhicule administratif du préfet, pour une affiche contenant le report de la mise en place du conseil. » C’est la confusion d’autant qu’aucun motif sérieux n’explique ce troisième report. Et c’est finalement le 25 mai que la réunion pour la mise en place sera convoquée. Le rapport de la présidente de séance, la doyenne d’âge, et le procès verbal de constat de l’huissier Dambaro expliquent en long et en large le processus.
Pour Hadjia Aïchatou Kimba, le préfet s’est arrogé les pouvoirs de la table de séance. Il recevait les candidatures et les validait. Après cette étape, l’un des candidats, Mounkaila Boureima, élu de l’ANDP, parti du préfet, prend la parole pour porter plainte contre un élu de Lumana pour faux usage de faux en écriture publique. Le préfet demande aux deux huissiers présents la conduite à tenir. L’un des huissiers explique au préfet que seul un juge peut statuer sur la recevabilité de la plainte et y donner son appréciation juridique. Il s’agit en fait d’une erreur matérielle commise par la justice. Entre la validation des candidatures par le Tribunal de Grande Instance de Dosso, le juge électoral pour ces élections, et la proclamation des résultats définitifs, une erreur matérielle a été commise. Les deux listes issues des deux jugements en fac similé. Et c’est le préfet, lors de l’installation de la mairie, avant l’élection du maire, qui a informé le Tribunal de cette erreur qui s’est autosaisie. Elle a été rectifiée le 25 mai, jour de l’élection du maire. Une coïncidence qui sème le doute. Au lieu d’attendre la décision de la justice, le préfet de Gaya, le demandeur, à organiser le vote en outrepassant ses prérogatives. Il fera fit des explications des huissiers. Se faisant juge à la place du juge et de dieu à la place de Dieu, il décide de retirer le droit de vote à l’élu du Lumana. Par la même occasion, il le révoque. Devant ce manifeste abus de pouvoir les neuf élus se retirèrent de la salle. Il fera élire son camarade de parti. Mounkaila Boureima a toujours été vice maire. Il avait même été emprisonné à Tillabéri, suspecté d’avoir détourné les maigres ressources de la commune. A t-il bénéficié de la ‘’définitive’’ liberté provisoire accordée, par le régime de Issoufou, aux alliés indélicats ? A moins qu’il soit blanchi sur la pression de son parti. A la suite de cette élection, les populations de Gaya se seraient opposées à la passation de services. Ils occupèrent la mairie. Le secrétaire général du gouvernorat aurait conduit des négociations et aurait demandé de surseoir à la passation en attendant d’y voir clair. Le préfet passera outre et l’organisera, dans son bureau, avec le maire élu. Les documents ont été apportés, à domicile, au maire sortant pour recueillir sa signature. Depuis la coordination du parti Lumana a fait les recours. Le dossier serait dit-on en instruction. Il se pourrait aussi qu’une plainte soit déposée contre le maire élu pour dénonciation calomnieuse en l’endroit d’un élu qu’il a accusé de faux et usage de faux en écriture publique. D’autant que cette accusation a connu une exécution avec, pour effet, le retrait de droit de vote et la révocation de Souley Diori Hamani Magagi. Le maire entraînera sûrement le préfet.
Modibo