L’association ‘’Union Dendi’’ organisera du 3 au 5 septembre une semaine culturelle. Cette région géographique est réputée pour sa production culturelle. C’est le ‘’pays’’ de Téllaizé, Adamou Fodi dit Diaye. Dans cette partie du Niger se trouve aussi un groupe ethnique appelé les Tchanga, jaloux de leur culture et qui parle encore, pour certains, certes pas très nombreux, un dialecte à eux. Et si l’on considère que, depuis la démocratisation, la production culturelle est en perte de vitesse du fait de leaders, disent des observateurs, qui semblent avoir perdu leur repère et leur référent, cette semaine culturelle est franchement la bienvenue. C’est une initiative louable. Seulement, le parrainage et le timing de cet évènement posent problème. Il aura lieu sous le ‘’haut parrainage du Haut représentant du président de la République.’’ Foumakoye Gado fut l’inamovible ministre du Pétrole durant les deux mandats du président Issoufou. Il est vice président du PNDS, leader de ce parti dans la région de Dosso, ressortissant du département de Doutchi et originaire de Falwel, dans le département de Loga. Deux départements qui partagent avec Gaya la même région. Capitale du Dendi, Gaya a toujours résisté au PNDS. En dépit des moyens et des promesses d’investissement. Le président Issoufou avait annoncé un programme ‘’Gaya Didjo’’. Rien n’y fit. La culture servira t-elle de porte d’entrée au PNDS à Gaya ? Sûrement. Surtout que l’on soupçonne des ressortissants de ce département, habitués aux décrets, d’être derrière cet évènement. D’autres considérations peuvent bien présider à l’organisation de cette semaine culturelle. Il y a au moins un homme- lige qui a flirté, à un moment ou à un autre, avec tous les leaders fortunés de toutes les formations politiques.
L’autre problème, le timing, est plus inquiétant. La semaine se déroule au moment même où le général à la retraite, Moumouni Boureima, est hospitalisé et en prison pour un délit d’opinions. Leader et défenseur du Dendi, il mériterait quelques égards. Plus grave. L’association a un forum dont une animatrice régulière est Fati Watta qui n’est autre que l’épouse du général. Un tel manquement au vivre ensemble pour une association qui prône l’unité des fils du Dendi ? Heureusement que beaucoup d’animateurs de ce forum se sont rapidement désolidarisés de cette initiative qui ne semble avoir pour objectif l’émergence de nouveaux leaders acquis à la cause du PNDS. On parlerait de Moumouni Hassan qui fut un moment secrétaire général adjoint dans un ministère et de Harouna Fodi qui se serait un temps présenté aux législatives au titre d’un parti aujourd’hui à l’opposition. Un renouvellement de leaders est dans l’ordre normal des choses. Le tout, que cela se fasse sans arrière pensée. Cette semaine culturelle coïncide avec la fin des vacances présidentielles. Et de toute évidence, des chambardements sont en perspective. Des nominations. Est-ce l’objectif des organisateurs ? L’évènement arrive aussi à un moment où le parti au pouvoir doit élire son président. Le parrain de l’évènement de Gaya est vice président. Il est d’usage et de son droit de prendre la succession de Bazoum élu président de la République. Il en a en tout cas les moyens. Si l’on se rappelle qu’il a été centre de l’organisation d’une cérémonie culturelle à Bagagi, haut lieu du fétichisme de l’Aréwa, de Falwel, il est légitime de se demander si Foumakoye Gado n’est pas à la recherche du soutien mystique dans sa quête de la présidence du parti. D’autant que le programme de la semaine culturelle du Dendi prévoit la visite au sanctuaire de Kombolati. Une caverne où résiderait le serpentgénie auquel les dendis vouent un culte. Menacés par un péril, les ancêtres de ce peuple s’étaient retrouvés coincé. Le majestueux fleuve Niger leur empêchait de progresser. Ils n’avaient point de pirogues. Kombolati apparu et s’étala de la rive droite à la rive gauche. Il servira de pont que les ancêtres des dendis emprunteront pour échapper au péril. Et depuis une cérémonie a lieu tous les ans pour remercier le sauveur qui se serait niché dans un caverne au flanc d’une colline au détour du village de pêcheurs, Kombo, entre Gaya et Mallanville au Bénin. A moins que la quête ne soit simplement destinée à empêcher que sa gestion du ministère du Pétrole ne soit passée au crible. Déjà, selon notre confrère l’Enquêteur, le président Bazoum a constitué « son commando pétrolier » sans Foumakoye Gado. Une équipe, sous la supervision de son directeur de cabinet et son adjoint, composée exclusivement des proches du président. Elle a pour mission de trouver les moyens de rééquilibrer les relations entre la CNPC et le Niger. Une boîte de pandore dont l’ouverture risquerait la découverte de choses insoupçonnées.
Modibo