AGADEZ L'AÏD EL FITR, belle fut la fête !Tôt le matin, une ambiance régnait dans les rues d'Agadez. Une longue file de fidèles convergeait vers les différents lieux de prière dont le plus ancien et le plus célèbre, accueille les officiels. Il s'agit de la place de l'ancien cimetière dit '' Tanoubéré 'où se trouve le mausolée du saint ABAWAGE, de son vrai nom Ahmed ABOUYEZID qui dirigea une mosquée qui porte encore son nom au quartier Oumour Dan Nafala, sis dans l'emprise de l'ancienne ville d'Agadez, et où sont inhumés des savants et marabouts de grande renommée. C'est ici que son Altesse le Sultan, Elhadji Oumarou Ibrahim OUMAROU, les autorités administratives et de nombreux musulmans ont accompli leur devoir religieux, après 29 jours de privations liées au Ramadan. La prière qui fut dirigée par le grand Imam d'Agadez, Elhadji TAYO a permis d'implorer le bon Dieu pour qu'il gratifie le pays d'un hivernage fécond et d'une paix durable.
Mais la fête à Agadez a été surtout marquée par une tradition culturelle célébrée au Palais du Sultan depuis des lustres. C'est la fantasia au Sultanat.
Jeunes, hommes et femmes se retrouvent chaque après-midi dans la grande cour du Sultanat et ce, pendant trois jours.

Des moments riches en couleurs

Cette tradition typiquement locale permet aux sujets du Sultan de l'Aïr de prendre d'assaut le Palais pour assister à la grande parade des cavaliers accompagnés de la musique dédiée à l'Aménokal, rythmée des sons percutants des " outoubouls ", ces tambours propres à Agadez.

Selon Mahamad BILAL, notable du Sultan : " C'est une tradition célébrée à Agadez depuis la nuit des temps, le Sultan procède à une sortie au cours de laquelle il fait d'abord un tour en ville à cheval, accompagné de sa garde et des cavaliers richement parés et armés d'armes blanches ". Et Mahamad BILAL, de poursuivre : " Cette fête au Palais dure trois jours. Les sujets du Sultan viennent pour assister aux grandes parades des cavaliers et chameliers qui font une démonstration de force du Sultanat de l'Aïr, comme vous le voyez le Sultan sur son plus beau cheval est entouré de braves cavaliers, cela rappelle les temps anciens où les sultans de l'Aïr ont conquis de vastes territoires dans cette région. Cette parade a pour objectif aussi de bouter les mauvais esprits hors de la ville d'Agadez et faire une démonstration de la richesse culturelle du Palais ". En effet, " C'est l'occasion de grandes retrouvailles entre le Sultan et sa communauté, l'ambiance ne s'arrête qu'au crépuscule quand son Altesse regagnera sa demeure et c'est le même rituel pendant les trois jours ", conclut M.BILAL.

Le nouveau Sultan d'Agadez déterminé à relancer toutes ces valeurs traditionnelles du Sultanat

Abakar Nawani, un habitant d'Agadez confie à la NATION que : " Depuis l'arrivée du Sultan Elhadj Oumarou Ibrahim OUMAROU, l'événement a retrouvé ses lettres de noblesse, car c'est un Sultan, dynamique et très attaché aux chevaux. Et pour preuve ! L'écurie du Palais a aujourd'hui de magnifiques chevaux en son sein. Elle est bien garnie ! ".

A côté, assis à l'ombre d'un arbre, Ahmadou, un vieux sujet du Sultan nous explique : " Ecoutez bien cette musique, ce sont des tambours, ça me rappelle ma jeunesse ! Hélas, rares sont des gens d'Agadez qui en connaissent la valeur ! Et pourtant, c'est l'âme de notre Sultanat '', dit ce grand-père, les yeux larmoyants. Comme pour se redonner une vigueur partie avec les ans, il se lève, titube, et crie d'une voix de contralto à notre adresse : " Longue vie à notre Sultan Oumarou, fils de Ibrahim, petits fils de OUMAROU ! C'est un Sultan révolutionnaire qui porte haut l'étendard de la culture de l'Aïr ".

Dans la cour archi-comble du Sultanat, la sortie de l'Aménokal sur son magnifique cheval, fit un grand effet. Les youyous des femmes se mêlent aux cris des hommes en une belle clameur qui en dit long sur l'admiration que voue la population d'Agadez à son Sultan.

Moment d'extase ! Moment de joie auréolé des sons d'Algaita et des tambours cadencent les pas du cheval du Sultan. Griots et sujets ne tarissent pas d'éloges vis-à-vis du Sultan. " Sarkin Musulmi…Sarkin Abzin…Elhadji Oumarou Ibrahim OUMAROU ! Que Dieu te prête longue vie ! "

Elhadj Mahamane ABBA ne cache pas sa joie : " C'est un grand jour ! Et tout celui qui a des enfants doit les amener ici au Sultanat faire une immersion dans l'étang de la culture de l'Aïr ". Et de continuer en ces termes : " Cette fête est le pan de notre culture ! Nous l'avons vécuenous-mêmedepuis notre enfance, et c'est à notre tour d'amener notre progéniture pour découvrir cette riche culture " avant d'ajouter, perplexe, nous espérons que les générations futures vont continuerà faire vivre cette tradition ".

Elhadj MAHAMAN finit en ces termes '' Honneur au Sultan des Sultans ! Qu'Allah accompagne notre Sultan, Son Altesse Oumarou, tout l'Aïr chante ton nom ".

Le troisième jour qui est le dernier attire beaucoup plus de monde. Les cavaliers envoûtés par les sons de l'Algaita du célèbre Malam Ousman, rivalisent de prouesses. Ils sont contents d'être là ! D'être des ambassadeurs de la culture de l'Aïr. D'être au service de ce légendaire Sultanat.

Quelques temps après, le Sultan regagne son palais pour recevoir ses derniers visiteurs.

Et un peu plus tard, quand le soleil se couche sur la ville, éclairant de sa vive lumière le minaret de la mosquée Emiskinine, par petits groupes, les gens quittent la cour du Sultan. Rendez-vous est pris Inch'Allah à la prochaine fête musulmane de l'AID EL KEBIR, la fête de TABASKI.

ISSOUF HADAN

27 juin 2017
Source :  La Nation