Niger vient de sortir de dix années de mensonge. De méchanceté. De division. D’Injustice. Mais il y en a qui ne veulent pas qu’on le dise. Nous ne pouvons pas être complices du complot. On les comprend : ils vivent des éloges qu’ils fabriquent, vendus à qui mieux-mieux quand la déontologie du métier, impose de dire la vérité, et de se mettre du côté de la justice pour assumer le choix, par le métier du journalisme, de dire la vérité, contre vents et marées. Depuis trois mois que les Nigériens, malgré les prudences que leur commandent les réalités cruelles du socialisme qu’ils ont vécues ces dix dernières années, érigent quelques fleurs à celui qui arrive, il y en a qui ne dorment plus, malades d’entendre que leur champion n’en est pas un et souffrant d’entendre que « le fils spirituel » pourrait être meilleur, du moins par le style qu’il imprime à sa gouvernance depuis des jours qu’il est le « Chef » au forceps.

Pourquoi donc ceux qui souffrent d’entendre que les collusions d’Issoufou avec le pouvoir ne sont pas acceptables, alors même qu’ils savent qu’il a beau aider l’autre à venir au pouvoir, il n’est pas le président des Nigériens aujourd’hui et qu’il ne saurait décider à la place de l’autre, pour le Niger et pour les Nigériens. Car lui aussi, avait celui qui l’avait aidé à venir au pouvoir. Faut-il croire que l’ingratitude puisse pousser à ne plus reconnaitre à Salou Djibo le choix qu’il fit pour l’Histoire et qui pourrait être aujourd’hui le regret le plus tragique de sa vie ? Pourquoi donc, alors que Salou ne l’avait jamais gêné dans sa gouvernance, peut-il interférer, lui, tant dans le pouvoir au point de faire obstruction et ombrage à celui qu’il imposât aux Nigériens ?

Mais on comprend que les laudateurs et autres griots du système souffrent des médiocrités révélées de leur dieu.

Si le Niger, après dix années de socialisme issoufien avait été un paradis, pourquoi les Nigériens l’auraient nié ? En avril 2011, le pays que Salou remettait dans les mains d’Issoufou était un pays qui va bien et sur tous les plans. Au plan économique, Issoufou pouvait même s’autoriser des fantaisies pour oser des dépenses de prestiges, oser des augmentations dans les salaires, se décréter président-touristes pour passer le clair de son temps à voyager, achetant même un avion de luxe, équipé de lit, pour le confort de ses pérégrinations. Au plan politique, l’après élection qui le consacre président élu, était apaisé, et personne, à l’époque ne contestait son élection. Au plan sécuritaire, malgré la débandade en Libye et au Mali, le pays allait bien. Les Nigériens n’avaient alors aucun souci sécuritaire.

Issoufou aura fait le bien, les Nigériens le, diront. S’il ne l’a pas fait – et c’est le cas malheureusement – ils le disent et ils le diront, demain et toujours. Tant pis que cela blesse ceux qui n’ont à la bouche pour réagir à ces critiques qui fâchent que l’arme des faibles qu’est l’injure facile à la bouche.

Ce que les gens disent n’est pourtant pas compliqué à comprendre : aujourd’hui, les Nigériens, vivent-ils en paix ? Ya –t-il des enfants qui ne vont pas à l’école ? Y a-t-il des écoles qui sont fermées, des zones dangereuses devenues infréquentables, inaccessibles ? Est-il vrai qu’on tue beaucoup dans le pays ? Peut-on voir une solution se profiler à l’horizon pour croire que les Nigériens pourront enfin dormir plus tranquillement, travailler et se déplacer en paix dans certaines parties de leur pays ? Faut-il croire que parce qu’à Niamey, un semblant de sécurité permet à quelques individus de se déplacer plus librement, cela suffit à dire que tout va bien et qu’il ne fallait pas dire ce qui ne va pas dans le pays, toute chose qu’on ne peut qu’imputer à Issoufou car le Niger qu’il rend après dix ans de règne n’est pas celui dont il a hérité quand il accédait au pouvoir en 2011. C’est donc avec lui que le problème est venu et c’est en son temps que la situation s’est davantage dégradée et s’est empirée.

De quel côté du pays, ne parle-t-on pas de cette situation qui est en train de quadriller la géographie du pays, touchant presque à toutes les régions du territoire national. Face au danger désormais réel qui nous guette et aux menaces réelles qui pèsent sur l’existence même de l’Etat, peut-on avoir le droit et le luxe du silence et du mensonge ?

Non. Et on dira la vérité aux Nigériens. Ce pays va mal ? C’est tout.

Tant pis pour ceux qui ont le confort de la myopie des lunettes en bois. Issoufou n’est pas un ange au Niger. En France peut-être. Et dans les cercles de ceux qui ont mangé avec lui, sans jamais payer pour leurs hauts faits de vol.

Mais la roue tourne… Des vents violents sont à côté. Le changement n’est pas si loin.

Par Elhadj Omar CISSE