La dimanche 13 mars 2022, au cimetière musulman de Yantala, ils étaient des milliers des personnes dont de parents, collègues, amis et connaissances à avoir fait, dans la douleur et le recueillement, leur Adieu et rendu un dernier hommage à M Grémah Boukar Koura, décédé à Tunis en Tunisie alors qu’il y séjournait pour un contrôle de santé. Il a été inhumé dans le cimetière musulman de Yantala à Niamey. De son vivant, Grémah Boukar Koura était un journaliste chevronné et Président Directeur Général du Groupe de Presse Anfani, le premier groupe de presse privé au Niger créé en début de l’ère démocratique du Niger dans les années 1990. Né en février 1959, l’homme a intégré la radio nationale du Niger : La Voix du Sahel en 1981, à l’âge de 22 ans. Grémah Boukar Koura a donc servi à l’ORTN en qualité de journaliste. Il y travailla d’abord au siège à Niamey avant d’être affecté en région où il a occupé les fonctions de chef de station régionale à Zinder et à Dosso. A la faveur de la libéralisation de l’espace médiatique suite à l’ouverture démocratique du Niger, l’homme n’hésita pas à prendre sa liberté en quittant volontairement la fonction publique pour créer sa propre agence de communication, puis un journal en 1992. Deux ans plus tard, la radio privée Anfani vit le jour. L’entreprise grandit progressivement en élargissant sa sphère pour devenir un groupe de presse radiotélévision et presse écrite. Homme engagé dans la défense des droits de l’Homme et de la liberté d’expression, Grémah Boukar s’est taillé un nom, une réputation dans le domaine des média nigérien. Avec la radio Anfani, Grémah fut parmi les pionniers du secteur au Niger. N’hésitant pas à dénoncer les travers des régimes en place, le promoteur a dû faire face à de nombreux défis, à des pressions de toutes sortes. Son organe de presse Anfani fut attaqué et détruit à plusieurs reprises. Lui-même a fait l’objet de nombreuses intimidations pour le faire taire et taire la voix de liberté qu’incarnait sa radio, largement suivie et écoutée à travers le pays. L’homme a même été plusieurs fois arrêté. Mais sa détermination et son audace ont raison des intimidations, menaces et autres pressions. La radio Anfani qu’il a créée s’est plutôt développée, gagné de la notorieté au point de disposer aujourd’hui d’antennes dans plusieurs régions ou localités du pays. Avant sa mort, Grémah Boukar était le Président du Réseau des Radio et Télévisions Privées du Niger. Au plan politique, l’homme disposait aussi d’une grande expérience. Grémah Boukar a été un grand militant dans des partis politiques. Ce qui lui a permis élu conseiller et de siéger au communal de la commune de Mainé Soroa et à l’assemblée nationale en qualité de député national de 2004 à 2009. Au plan social, l’homme avait la réputation d’être un homme très proche du peuple, très sociable et courtois. Et il incarnait toutes les valeurs humaines. Ses collègues de services, les agents de son groupe de presse, les acteurs politiques et ceux des organisations socioprofessionnelles saluent en lui des qualités d’homme de bien imbu du sens des valeurs. Il est considéré par beaucoup d’observateurs comme le principal pionnier de la presse. Sa mort laisse un vide dans le cœur de nombre de ses concitoyens et un fossé dans sa famille biologique. Feu Grémah Boukar a laissé derrière lui deux veuves et six enfants.
Dan Manga