Ville carrefour par excellence, Balleyara constitue une plaque tournante en matière d’échanges commerciaux. A quelques jours de la fête de l’aïd el fitr ou fête de Ramadan, le marché de la volaille de Balleyara grouille de monde. Il est difficile de se frayer un chemin ce jour 24 avril 2022 tant les voies d’accès sont littéralement envahies par les véhicules mini-bus et les charretiers dont il faut absolument craindre au regard de la rapidité avec laquelle ils accélèrent sur les voies obstruées par la concentration humaine. Quant aux piétons, ils déferlent au marché à travers les quatre coins. Pendant ce temps, un attroupement se forme autour des vendeurs de la volaille.
La chaleur torride propre aux pays sahéliens oblige les populations à adopter des méthodes de protection ou d’atténuation contre le climat chaud et sec surtout en cette période de jeûne. Le chapeau traditionnel et le port de turban sont les méthodes les plus utilisées pour se protéger contre des rayons solaires impardonnables. Les vendeurs de la « précieuse volaille » ne manquent point de stratégie pour la survie des pintades et poulets avant de les vendre sur place ou de les transporter à Niamey, la capitale où la demande est très forte. Cette stratégie consiste à verser de l’eau sur la volaille afin que celle-ci puisse résister aux températures dépassant les 40 degrés. Il faut minimiser les pertes liées à la chaleur, susurre un vendeur de la volaille assis devant un tas de pintades. En effet, les clients ont envahi le marché de la volaille.Chacun veut visiblement se procurer de la pintade ou du poulet. Les basses-cours affichent le plein. Le cri strident de la pintade complique souvent la conversation entre les clients et les vendeurs. Cette conversation débouche pour certains sur un terrain d’entente sans coup férir, tandis que pour d’autres, les négociations peinent avant de conclure le marché.
Selon un vendeur de la volaille surnommé Commando, le marché de Balleyara est un centre commercial qui accueille abondamment chaque dimanche de la volaille. Avec l’approche de la fête de l’Aïd el fitr, la spéculation sur les prix a déjà déposé ses valises au quartier général (QG) de la vente de la volaille. ‘’Nous avons aujourd’hui plus de volaille dans le marché que les semaines antérieures. Nous nous rendons à la sortie de la ville pour accoster les fournisseurs venant des différents villages environnants de la commune rurale de Tagazar. Les prix varient en fonction des sujets. Lorsqu’une pintade est grosse, il est clair que le prix connaisse une hausse, soit 4500 à 5000 F’’, a expliqué commando qui totalise à son actif une trentaine d’années d’expérience dans la vente de la volaille. Mieux, il distingue trois types de pintades. Celles qui ont plus un an sont les grosses pintades ; puis viennent celles ayant atteint un an dont le prix varie entre 4250 à 4500 F et enfin les pintades ne dépassant guère six (6) à sept (7) mois avec un prix qui tourne autour de 3500 à 3750 F.
Les fournisseurs ne sont autres que les populations environnantes de la commune. Ils amènent les poulets et les pintades au marché pour vendre afin de retourner à la maison avec de quoi nourrir la famille. ‘’ Les temps sont durs maintenant parce que la campagne précédente n’a pas répondu à nos atteintes. Il nous faut impérativement vendre soit des animaux ou la volaille pour subvenir aux besoins de la famille’’, relate un des fournisseurs de pintades et des poulets de commando, avec un air épuisé tout en gardant l’anonymat. Quant aux poulets, les prix sont relativement stables par rapport à la pintade. Ils varient entre 1750 à 3250 F. A ce niveau, la différence de prix est indéniablement liée au gabarit du poulet. Le gros coq se vend à 3000 voire 3250 F. Si les prix des pintades et poulets étaient abordables dans la matinée, soit 3500 à 4000 F la pintade et 2000 à 2250 F le gros poulet, force est de constater qu’ils ont connu une hausse exponentielle dans la soirée, soit respectivement 5000 F et 3250 F. M. Tahirou, un revendeur de poulets et de pintades au marché de Balleyara prévoit une légère hausse des prix dans les cinq jours à venir. Pour étayer son argument, M. Tahirou explique qu’il y a certes la disponibilité de la volaille, mais la demande ne fait qu’accroitre du jour au lendemain. En plus, le marché est saturé par des nouveaux revendeurs de circonstance qui ne maitrisent pas le métier de la vente de volaille. Leur singularité réside au fait qu’ils achètent moins chers pour revendre aux professionnels du métier à un prix qui ne leur facilite pas la tâche. Conséquence, lorsque le prix d’achat d’un produit ou d’un article est élevé, c’est le consommateur final qui en pâtit.
Par Hassane Daouda(onep), Envoyé Spécial
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Comme à l’accoutumée à l’orée de la fête de ramadan à Niamey, il est constaté une hausse subite des prix des produits de première nécessité. Le pouvoir d’achat déjà mal en point des nigériens va de mal en pis dans cette dernière décade du mois béni. Outre les dépenses faramineuses faites pour l’achat des articles vestimentaires, les nigériens doivent également mettre la main à la poche afin de s’offrir un repas digne de la fête. En effet, dans cette dernière partie où il est recommandé de multiplier les bonnes actions, certains véreux profitent de l’occasion pour ‘’gonfler ‘’ les prix des produits. A cette heure de veille de fête, même le sel n’est pas épargné ; la tendance est à la hausse des prix.
Les mesures de condiments qui se vendaient il y a une semaine à vil reviennent aujourd’hui à des prix ‘’incroyables et aigres’’. Cette situation enivrante épuise moralement le pauvre nigérien qui aspire à offrir un mets copieux à sa famille à cette ‘’grande occasion’’ où les plats de fête sont en compétition.
Dans beaucoup de marchés de la ville de Niamey, le constat est juste amer. La hausse des prix de condiments et surtout de l’huile est juste écœurant.Cette situation a engendré une certaine morosité dans les marchés.A la question de savoir pourquoi le même scénario chaque année et à la même période, le jeune Saidou, vendeur de condiments au petit marché affirme que cela ne dépend pas en réalité d’eux. « Tous ces produits que vous voyez sur nos étalages sont pour la plupart des produits qui proviennent des pays voisins», a précisé Saidou. D’après lui, c’est d’abord chez le fournisseur que le prix augmente et eux en tant que revendeurs sont dans l’obligation d’augmenter pour pouvoir en tirer bénéfice.
Prenant comme exemple le carton de la tomate fraiche, le jeune vendeur a confié qu’il y a une semaine de cela, il se vendait à 4000 F voire 5000 F. Mais aujourd’hui, a dit Saidou avec un air mélancolique, le prix du même carton vacille entre 12500 F et 15000F. Quant à la petite mesure, il a fait savoir que la tasse se vend à 2000 F et le seau à 4000 F.
Poursuivant comme pour se décharger d’un fardeau, il a ajouté que le prix du sac de piment frais, cet ingrédient qui donne du piquant aux sauces a aussi augmenté. En effet, de 18000F, le sac est maintenant vendu à 40000F. Selon Saidou, les prix du chou, de la carotte, des concombres ainsi que de l’aubergine ont également été revus à la hausse. Seuls, a-t-il dit, les prix de l’oignon, du gombo et du poivron sont restés pour le moment stables.
Un autre vendeur répondant au nom de Aliou abondant dans le même sens que Saidou, a déclaré que « eux même n’arrivent pas à expliquer la situation ». Pour sa part, il a, ajouté que le prix de l’ail, contrairement aux semaines passées, a beaucoup baissé (la tasse vendue à 6000F est vendue à présent à 3000F).
Cependant, si les vendeurs cherchent à ‘laver leur nom’’ dans cette affaire de hausse de prix, certains clients ne sont pas convaincus par leurs arguments. A voir les têtes des clients devant les étalages brillant de mille couleurs chatoyantes de tomates fraiches, concombres, haricots verts et autres, on peut lire le sentiment de désolation et d’indignation face à cette situation.
Nombreux sont les clients comme Mme Fati qui expriment leur frustration quant à la hausse subite des condiments. D’autres, dépassés par la situation, fatiguent leur bouche en poussant un grand juron avant de poursuivre leur chemin. Toutefois, malgré cette hausse subite, l’ambiance est plus ou moins à la fête dans les marchés même si cette année on remarque un engouement faible des clients.
Par Rahila Tagou(onep)