En effet, l'euphorie de départ a progressivement fait place à l'insécurité, voire à la tragédie : plus les pépites se font rares, plus les réseaux de racketteurs se développent. Les tueries et les enlèvements de véhicules se multiplient, des bandes armées étrangères essaiment, l'angoisse et l'incertitude se généralisent sur les axes routiers et les sites d'orpaillage : de dizaines de véhicules enlevés, des biens personnels arrachés; les pertes en vies humaines ne se comptent plus. À ce jour, la problématique a pris une ampleur telle que, les attaques crapuleuses perpétrées par des éléments armés Tchadiens sont devenues le souci collectif de tous les instants sur l'axe Siguidine- Dirkou; les exactions quotidiennes commises à l'encontre des orpailleurs du site aurifère de Tchibarkaten, dans la Commune rurale d'Iferoune, par d'autres baroudeurs tchadiens, ont accouché d'une terreur généralisée.
Le plus ahurissant sur ce théâtre est l'indifférence, voire la complicité à peine voilée de l’armée nigérienne qui assiste sans la moindre émotion à l’inadmissible situation. Dans cette partie du Niger devenue un « no man's land », les populations se posent la question que voici : la hiérarchie militaire de ce pays est - elle au courant de ce scandale à l' allure d'une véritable tragédie? Comment comprendre et expliquer la présence aussi dévastatrice d'éléments étrangers dotés d'armements de guerre (mitrailleuses lourdes 12, 7 mm, RPG7 etc.), à bord de dizaines de véhicules 4×4 et qui sévissent impunément sur le territoire national depuis maintenant trois mois?
En tout état de cause, l'exacerbation de la colère des populations locales et des voyageurs risque fort de déboucher sur des affrontements difficiles à maîtriser. Comment alors éviter l'escalade de violence et le basculement dans un chaos généralisé au cœur du Sahara nigérien?
Les pouvoirs publics, au plus haut niveau, doivent répondre à cette lancinante question pendant qu’il est encore temps.
MAF
10 août 2017
Source : La Nation