Les jeunes bouchers rivalisent d’ardeur pour réaliser le meilleur chrono suspendu entre les cornes du furieux taureau. Ils sont aidés en cela par les encouragements du public et surtout des griots qui maîtrisent le secret des airs de musique envoûtants, propres à réveiller les pouvoirs mystiques des jeunes bouchés. Car la veille de la cérémonie, un notable de la cour du nom de « Yari » le régisseur et le chef de la caste des bouchés ont fait la préparation mystique nécessaire, sous la bénédiction du Sultan. Cette préparation mystique explique pourquoi personne ne se blesse que rarement pendant la cérémonie, et ce malgré l’irritabilité de l’animal et la violence de ses coups de cornes. En temps normal, un tel animal peut facilement blesser ou même tuer. Mais des heures durant, la bête va se débattre en vain, devant un public totalement conquis. Ainsi, au-delà de son aspect sportif, le « Hawon Kaho » est devenu une identité culturelle du Katsina. Cette tradition a pu fort heureusement résister à la vague de modernisation qui sape lentement les fondements culturels de nos sociétés.

Sani Habou Magagi, historien de la cour du Katsina pense que pour conserver encore longtemps cette tradition, il faudra nécessairement explorer de nouveaux mécanismes permettant de lui donner une dimension nationale, voire internationale. Ainsi, on peut la revaloriser en créant des rencontres, des festivals internationaux de tauromachie. Si de nombreux pays vivent du tourisme par exemple, pourquoi ne pas créer l’engouement nécessaire à l’internationalisation de cette fête des bouchers du Katsina ?

Au moment où la vague de modernisation emporte petit à petit les cultures traditionnelles africaines, il est heureux de constater que les bouchers du Katsina ont su perpétuer cette tradition qui fait la fierté des Maradaoua. Aux pouvoirs publics de lui donner une dimension susceptible d’en faire « Hawon Kaho » une des plus grandes rencontres culturelles du continent.

Garba Boureyma (Maradi)

05 septembre 2017
Source : La Nation