La Renaissance, aura été la pire des gestions que le pays ait connues depuis les indépendances. Elle a produit au sein de l’élite hier arrogante et sincèrement pauvre qui se réclamait d’un socialisme aujourd’hui débridée, placée à l’épreuve du pouvoir, à distance de ses discours et des principes qu’elle avait ressassés, une nouvelle bourgeoisie comprador, complètement en rupture avec le peuple dont elle a placé au second plan les attentes. Il n’est donc plus possible de compter sur les socialistes pour transformer notre société et revitaliser notre démocratie qu’ils ont mise sur coupe réglée. Ils ont montré leurs limites, et plus personne ne peut croire en eux ; ils se sont gravement discrédités. Sur des lèvres hypocrites, à l’occasion de la fête, l’on devrait entendre que les Nigériens devraient restés soudés, que la paix devrait se consolider dans le pays, jouant aux petits sages qu’une simple déclaration qui fâche peut ramener à leur état, à leur vraie nature. Est-il possible d’entendre un tel discours faux, quand on continue toujours à harceler, à arrêter, à emprisonner des hommes qui n’ont d’autres armes dans la démocratie que leur parole qui n’a jamais tué personne – qui ne peut d’ailleurs tuer ? Insidieusement, l’on avait entendu le premier ministre se réjouir que finalement, le peuple se soit soudé derrière les autorités religieuses et politiques parce que les Nigériens ont fêté dans la communion la Tabsaki. On sait l’exploitation politicienne qu’il faisait, tirant la couverture de son côté mais les Nigériens ne sont plus dupes à ne pas comprendre de telles insinuations. Leur date du samedi avait divisé, ouvrant de nouveaux fronts de contestations. Et il sait que ce n’est ni les premiers marabouts qui ont les premiers annoncé la date controversée, ni même les autorités politiques du pays que les croyants nigériens ont écoutées pour s’accommoder d’une date qui déchirait et divisait le peuple, mais ceux qui, à l’initiative du premier ministre, avaient appelé, les Nigériens, à accepter de fêter dans la cohésion, pour fêter le samedi et éviter un éparpillement de la Ouma islamique. Après donc les scandales aux plans social, économique, politique, voilà qu’avec les marxistes-léninistes, le Niger devrait faire face à des scandales religieux. Alors que le cauchemar Charlie n’est pas oublié avec son fantôme qui continue à hanter le pays et à planer sur notre société, voilà que, loin du pays, par les médias privés de la place, les Nigériens, disons les socialistes et leur système, font parler d’eux, alors même que l’émotion suscitée par la plainte de l’avocate de Saadi Kadhafi déposée auprès du procureur de Tripoli ne s’est pas encore dissipée. Encore une fois, pas en bien. Malheureusement. Seini Oumarou, pouvait- il avoir tort de parler de « gouvernance satanique » ? Chiche.
C’est pendant que les pèlerins nigériens sont sur la terre sainte que l’on apprend par les concernés mêmes, qu’ils sont parqués quelque part, comme des pèlerins marginaux, sans eau, sans couchette, sans manger, dans des conditions précaires, déshumanisantes ; abandonnés à eux-mêmes alors que dans le principe, le COHO qui leur avait pris de l’argent, pour assurer ces services, n’aura rien fait. C’est des hommes en colère que l’on avait vus et qui n’ont pas pu taire leur rancoeur alors même qu’ils étaient encore sur cette terre sainte où ils sont allés quérir la bénédiction du Miséricordieux. Mais l’on peut comprendre leur indignation, lorsqu’ils se rendent compte que des hommes qui ‘’travaillent pour Dieu’’ peuvent se permettre d’abuser de leur confiance en leur extorquant de l’argent sans faire ce pourquoi, ils l’ont exigé. Est-il moral de se servir de la religion pour escroquer un autre ? Nos hommes n’ont plus peur de Dieu. Sur les ‘’routes de Dieu’’, ils peuvent encore arnaquer. Ces ‘’clandestins du paradis’’ qui empruntent des chemins détournées, ne peuvent que s’égarer dans les déserts de leur foi trahie…
Les pèlerins ont su bien situer les responsabilités. En disculpant les agences, dont ils ont reconnu le sérieux et leur accompagnement sur toutes étapes, ils pointent du doigt un COHO défaillant qui voulait se servir de l’organisation du Hadj pour détourner leur argent destiné à faciliter leur séjour, sans qu’ils n’aient à se dépenser pour assurer certaines commodités. Il ne peut en être autrement. Dans un pays où le pouvoir est incapable de sanctionner, les tares ne peuvent que s’enraciner ; tares qui trouvent leurs justifications dans nos complicités et nos silences irresponsables. Tous ceux qui servent le régime et qui savent que pour ce, ils peuvent bénéficier de l’indulgence du système, de son impunité-récompense, ont l’audace de se permettre tous les abus, rassurés d’être dans l’État de droit, des intouchables, quand au même moment, des hommes qui ne sont pas du même bord, par des accusations fallacieuses devraient rester impuissants et dans l’injustice en prison pendant plus d’un an. Il n’y qu’au Niger où, pour rien, juste parce qu’une parole dérange, ou parce qu’on est un opposant irréductible, on peut aussi facilement aller en prison. Jusqu’où pourra nous conduire cette nation du manichéisme où deux Niger se côtoient, différents, l’un fait de privilèges, l’autre de devoirs et de privations multiples. C’est pourquoi, pendant que les pèlerins arnaqués demandent juste auprès du magistrat suprême, l’on s’était bien demandé si leur cri de coeur sera entendu. Après que le linge sale ait été exposé à la Mecque, c’est sans doute au Niger, en famille qu’il devra être lavé. Mais puisque les camarades ont toujours « manqué de savon » pour faire leur « lessive » – disons de courage –, l’on ne peut qu’être encore sceptique à croire que cette autre faute ne restera pas impunie car on connait la manière : comme pour le cas de Bagalé, on fait semblant de s’en offusquer, puis jouant sur l’usure du temps, on endort les Nigériens, pour se refuser à châtier. Qui pouvait croire que ce Zaki que des partisans et autres laudateurs de service avaient célébré à l’opposition, pouvait être aussi faible face à des fautes lourdes quand celles-ci sont commises par les siens pour salir sa gouvernance ? Ceux qui sont partiss sur « la terre de Dieu » à leur retour, attendront la réaction du magistrat suprême. Car il est proprement inacceptable, de faire manger aux nôtres, alors qu’ils ont payé pour être logés et nourris, quelques kits destinés à l’aumône fait aux nécessiteux errants.
Pauvres de nous ! Méritons-vous une aussi terrible déchéance ? Où est tout le sens de la dignité que Kountché et tous les autres ont transmis aux Nigériens ? Cette image négative que la Renaissance construit de nous à l’extérieur pour nous humilier doit être refusée car, à la vérité, nous méritons mieux.
Forcément pour nous, le Nigérien est grandeur et dignité
07 septembre 2017
Source : Le Canard en Furie