Juste en face, Haro, un autre citadin, lui spécialisé dans le commerce des jus, lait frais et les recharges de crédits pour téléphones cellulaires, témoigne : ‘’Avant quand les migrants venaient en grand nombre à Agadez, mes affaires marchaient bien. J’avais même augmenté un hangar. C’est, ici, leur fada. Ils se retrouvent ici pour mettre du crédit et appeler leurs familles et en même temps ils prennent les jus et le lait. J’ai tissé une grande amitié avec eux. Le jour où ils quittent pour continuer vers la Libye, je suis aux anges. C’est mon jour de grande recette. Grâce aux migrants qui traversaient Agadez, mon commerce s’est agrandi. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Je ne sais pas pourquoi, le Niger mon pays a accepté d’appliquer cette loi qui interdit la migration. Peut-être que les autorités ont des intérêts avec les blancs, mais nous, ici à Agadez on ne se retrouve pas.

Elhaj Almoustapha est commerçant au Marché TOLE. Il vend des couvertures et des nattes en plastiques. Il confie : ‘’ Les migrants sont les meilleurs clients de l’économie d’Agadez après les touristes dans le temps. Avec eux, je vous assure j’arrive à faire plus de 400.000 FCFA, chaque lundi qui est le jour où leur convoi quitte Agadez pour la Libye et avec d’autres qui vont vers l’Algérie. Avant d’affronter le désert, ils viennent ici payer des bonnes couvertures, parmi eux certains qui sont du Ghana et qui parlent Haoussa m’ont surnommé « Haji mai Bargo  Bon ! Vous savez si notre pays a décidé d’appliquer cette loi ce n’est pas pour rien, peut-être c’est pour le bien des citoyens, mais en toute sincérité, à Agadez sur le plan économique, on sent les conséquences de la loi qui lutte contre la migration’’.

Son ami d’en face fait la monnaie. Selon ce dernier, ‘’ avec les migrants l’argent circule. Ils viennent ici pour faire la monnaie. Il y’a parmi ces migrants ceux qui ont des dollars. C’est une bonne affaire pour nous. Des fois, je me demande même de quoi manquent ces gens pour quitter chez eux. Les migrants que j’ai connus sont solidaires. Parfois, leurs amis qui sont en Libye ou en Europe leurs envoient de l’argent via un réseau que nous avons en Libye. Avec cette loi anti migration, l’argent est devenu rare’’.

Ils sont nombreux les citoyens d’Agadez qui partagent cette peine des revendeurs et commerçant d’Agadez. Il est urgent que les autorités songent à des voies et moyens qui vont améliorer l’économie de la région mise à rude épreuves par la loi et les dispositions anti-migratoires.

Issouf Hadan (Agadez)

29 septembre 2017
Source : La Nation