Sans avoir le courage, lorsqu’elle porte des accusations graves contre des hommes, la Renaissance, ne put jamais, même quand elle dit détenir les preuves irréfutables de ses allégations, laisser les hommes qu’elle accable, aller devant un juge pour répondre de ce qui leur est reproché, comme si au Niger, avec le socialisme l’on n’est plus dans un Etat de droit, et que par ses seuls affects, ou par ses haines qu’elle porte contre certains hommes, abusant du pouvoir, elle pouvait, selon ses volontés, les garder aussi longtemps que possible dans l’isolement et le goulag. On sait par exemple que dans le cadre du coup d’Etat pour lequel, des sms auraient été interceptés et que selon le ministre de la défense de l’époque, M. Karidjo Mamadou, certains de ceux qui avaient été mis aux arrêts, « auraient plongé », tous les hommes accusés, presque en catimini, avaient fini par être libérés, leurs dossiers étant vides, ainsi que beaucoup d’observateurs l’avaient déjà pressenti quand l’affaire avait été révélée aux Nigériens restés dubitatifs. Il n’y avait plus que ce jeune lieutenant Hambaly, qui resta dans les geôles du régime, transférés après à la prison de Téra, où les conditions de sa détention, sous instruction, avaient été drastiquement restreintes. Isolé, presque sans droit de visite, pas même quelque dérogation pour sa famille et notamment pour sa femme, l’homme resta là, dans le trou, pendant de longs mois, sans que personne ne crie gare dans le pays, pas même les associations de défense des droits de l’homme. Pire, devait-on apprendre, pour tout luxe et tout confort, l’officier encombrant pour la Renaissance dont on ne peut savoir pour quelle raison, le déteste-t-on tant au Guriland, pour l’avoir impliqué par deux fois dans des histoire aussi saugrenues de coups d’Etat, qu’on n’a jamais pu justifier, ne devait avoir qu’une natte pour le dé- moraliser, et peut-être même, en déshumanisant tant sa détention, le pousser à craquer pour aller presque au suicide. C’est méchant et avec les Renaissants, on ne reconnait plus le Nigérien si tolérant et si humain. Nous ne méritons pas cette image d’hommes sans cœur que les camarades donnent de nous.

Comment, face à ce traitement déshumanisant et dégradant, ne pas s’indigner d’entendre qu’en plus l’on aurait cherché, ainsi que l’a rapporté la famille du détenu, à l’éliminer après l’attaque de la prison de Téra où des tirs auraient ciblé sa cellule infecte. Quand on a foi en Dieu et qu’on se croit tout politique puissant, et qu’on sait qu’un jour on répondra devant son Seigneur, peut-on avoir autant de méchanceté pour son frère ? Si tant est que le ré- gime croit encore à ses allégations et qu’il a ses preuves ne serait-ce que pour ce jeune soldat à qui il semble en vouloir tant pour lui faire regretter d’avoir choisi le métier des armes, que peuvent perdre les socialistes, à le conduire devant un juge devant lequel, il répondra de ce qui lui est reproché et lui régler définitivement et légalement ses comptes ? Personne, croit-on savoir, ne demande une faveur pour lui, si ce n’est à faire justice si tant est que nous sommes encore dans un Etat de droit. On ne peut pas continuer à le garder ad vitam aeternam en prison, sans que le pouvoir qui l’accuse ne se détermine à le faire juger, afin que dans l’impartialité, l’on sache la vérité sur une affaire qui n’a que trop duré et pour laquelle, il y a plus d’un an aujourd’hui, le gouvernement de Brigi n’aura été capable, d’apporter les preuves irréfutables qu’il disait détenir et qui pourraient compromettre un père de familles qui gêne et qu’il veut garder dans l’isolement. On se demande d’ailleurs, si ce n’est pas pour d’autres raisons inavouées, car même si ce dont on l’accable est vrai, pourquoi, l’on voudrait le maintenir dans une situation de torture permanente, comme si nous vivons sous la 7ème République une exception où la parole du Prince fait autorité, même contre la loi. C’est pour dire que même lorsqu’il est coupable de ce dont on l’accuse, le pauvre, ne pouvait être privé que de sa liberté, la loi ne prévoyant ni d’attenter à sa vie, ni de le conduire aux travaux forcés. Pourquoi donc cet acharnement à vouloir – et cela fait deux fois – coûte que coûte en finir avec un homme qui, on l’imagine paie pour avoir refusé de s’inféoder à des hommes pour rester digne d’un métier qui le défend de toute collusion avec un pouvoir politique, si ce n’est de servir sa patrie, partout où le drapeau l’appelle.

Face à ce cas gravissime qui n’honore ni notre justice, ni notre démocratie, ni les hommes qui président aux destinées du peuple nigérien, il y a urgence pour que les associations de défense des droits de l’homme s’en saisissent afin que ce cas soit traité avec diligence et surtout dans le respect du droit.

Les socialistes ont déçu. On aura compris que tout le discours qu’ils avaient tenu en d’autres temps relativement à la démocratie et à l’Etat de droit, n’est que mensonge et l’on sait maintenant que s’ils avaient été de ceux qui, sous l’exception, parvenaient au pouvoir par les armes, ils allaient sans doute faire subir les pires exactions aux Nigériens. Mais déjà, depuis des années certains l’avaient compris car ayant tôt su que ces pseudo-socialistes confondent rigueur et méchanceté. Au-delà de l’UA, de la CEDEAO et autres organisation de défense des droits de l’homme auxquels ont fait appel les familles, c’est tous les démocrates, tous les hommes épris de paix et de justice sociale qui sont aujourd’hui interpellés car il est absolument inadmissible que la Renaissance, arrête, emprisonne et libère quand elle le veut ainsi qu’elle l’a fait à plusieurs Nigériens. Si des hommes sont accusés, il faut qu’on les juge et qu’on sache toute la vérité sur leur cas. Combien sont-ils ces hommes qui ont passé par la case prison pour une durée qui convenait aux princes, pour se voir ensuite libérés, sans qu’il n’y ait pour leur cas un procès même bancal ? Faut-il admettre que parce qu’on a le pouvoir, et quel pouvoir, l’on peut se permettre de tels abus ? Il est inadmissible que dans un Eta de droit, des familles n’aient qu’à se plaindre, se remettant presque à Dieu, quand par nos démissions et nos hypocrisies collectives nous laissons des hommes nous écraser alors que la loi, face à l’injustice nous donne le droit, sinon le devoir de résister à l’oppression.

Cela fait longtemps qu’on le dit aux Nigériens qui ne veulent défendre que ce qui les concerne personnellement oubliant que défendre des principes dans une vie, c’est aussi créer les conditions, pour que demain, lorsque par les méchancetés d’un autre, nous devenons sa victime innocente ; d’autres, défendront notre cause, guidés par les seuls principes éthiques impersonnels.

Peut-être qu’Hambali n’est pas un frère consanguin, mais pour être un homme, et un Nigérien, son cas nous concerne tous. Se taire encore face à un tel cas qui relève des régimes d’exception, c’est cautionner l’arbitraire, et donc, être comptable d’une injustice intolérable dans un pays de droit.

Il y a un fait dont on l’accuse et si cela pouvait être vrai et défendable, la Justice peut délibérer sur le dossier dans le respect du droit. Si on ne veut pas aller à un procès équitable et qu’on continue à le garder en prison dans les conditions iniques que l’on sait c’est que le régime qui l’accuse ne croit pas à la solidité de ses allégations et sait pertinemment qu’il n’est victime que d’une machination et d’accusations mensongères. Et cela est inadmissible ! Que justice soit faite ! Et les Nigériens comme la famille ne demandent pas plus. 

La renaissance peut-elle supporter de faire un autre martyr ? Trop c’est trop. Et comment comprendre qu’un peuple puisse continuer à regarder passif de tels abus ?

ISAK.

14 octobre 2017 
Source : Le Nouveau Républicain