Du côté de la jeunesse à Arlit, on s’attendait également à ce licenciement. Abdoulkarim AMANDJI est très actif dans les structures de la jeunesse à Arlit. Il dit ceci : ‘’ Avec AREVA, il faut s’attendre à tout. Du moment où cette société a fermé IMOURAREN et mis au chômage des milliers des jeunes, nous sommes conscient que ces sociétés vont fermer un jour. Cela fait longtemps qu’on parle de ce licenciement, et je pense que ce n’est pas tout. Après SOMAÏR, il faut s’attendre aussi à ce que COMINAK renvoie des centaines de ses agents. AREVA, je pense, joue à une mauvaise politique. En dehors de ces licenciements, ils ont refusé, ces dernières années, de payer les redevances minières aux communes de la Région d’Agadez. Ce qui nous attend, c’est une mobilisation de la jeunesse, de la population d’Arlit et de toute la Région pour remettre AREVA a sa place’’
Les élus locaux ne sont pas également en reste dans les critiques contre AREVA. Un élu local à Arlit s’est prêté au micro de « La Nation » : ‘’ Nous tenons des réunions ces derniers jours au conseil municipal, et AREVA est au centre de nos discussions. Au moment où nous parlons du refus de manière inexplicable d’AREVA de payer les impôts rétrocédés par l’Etat aux collectivités territoriales, on nous annonce qu’en 2018 SOMAÏR qui est filiale de cette soi-disant puissance mondiale du nucléaire va licencier jusqu'à 200 agents. Le mal ici, ces agents sont des chefs de familles et qui aident d’autres parents et amis comme le veut la solidarité africaine. D’ici peu, ils vont se retrouver au chômage. Imaginez ce que vont devenir tous ceux qui sont sous leur charge. Comment vont-ils gérer leurs familles, surtout quand on sait que les frais qu’ils auront vont partir dans les soins ? La plupart quittent ces sociétés malades. AREVA a fait et continue de nous faire trop de mal.
Une population frustrée
A Agadez comme à Arlit, la population est frustrée par la nouvelle de ce licenciement. Wadel BOUBAKAR, président du conseil communal de la jeunesse d’Agadez déclare : ‘’ Cette information de licenciement des agents de la SOMAÏR en 2018 a découragé des nombreux jeunes qui ont des diplômes et ceux qui sont sur le point de finir leurs études. Certains pensaient que même IMOURAREN sera relancée et du coup en apprenant la nouvelle de ces licenciements, ils ont perdus tout espoir. On ne comprend rien. AREVA ne fait que plonger la région d’Agadez dans la misère. Le rang des chômeurs s’agrandit. Même les sous-traitants ne sont pas épargnés. C’est inadmissible, car c’est là que travaillent beaucoup de jeunes. Nos autorités doivent réagir. Et si AREVA a fini d’exploiter notre uranium alors qu’elle dégage et que le Niger cherche d’autres partenaires responsables qui ne sont pas contre le développement de la population’’.
Mouhamad Tabane est un acteur de la société civile à Agadez. Il confie au journal « La Nation » : ‘’ Vous savez, je n’aime pas trop parler. C’est ce qui fait que nous subissons trop d’injustice. On parle, mais on ne réagit pas. Avec AREVA, les communiqués et réunions ne marchent pas. La lutte de AGHIRIN’MAN par exemple a amélioré beaucoup des choses. A l’époque, la société civile d’Arlit a mobilisé la population et a organisé des marches. Je pense que cette fois-ci, il faut une synergie de la société civile et des communes de la région pour montrer à AREVA que trop c’est trop. Soit cette société contribue au bien-être de nos populations ou qu’elle plie bagages. Nos autorités au plus haut niveau doivent suivre de près le licenciement des agents pour les mettre dans leurs droits. Il faut préparer les populations pour qu’ils sachent qu’on peut bien vivre sans les mines. D’ailleurs, c’est AREVA qui s’est enrichie et la population s’est appauvrie.
En attendant 2018, donc dans trois mois, les autorités de la Région d’Agadez doivent encore chercher d’autres moyens pour mieux gérer le monde des chômeurs qui va s’agrandir avec ce licenciement à la SOMAÏR. Ils sont déjà nombreux, les sans-emplois depuis la fermeture d’IMOURAREN, AZELIK, DJADO et l’application de la loi qui interdit la migration. Où va Agadez ?
Issouf Hadan (Agadez)
16 octobre 2017
Source : La Nation