Pour aller en Australie, au pays de nulle part perdu en plein milieu des océans, vous avez au moins besoin de trois choses : un mobile valable, la ténacité, une monture de la trempe du char d’Ulysse le héros.
Aucun de ces éléments fondamentaux ne faisait défaut lorsque, le 09 octobre 2017, le Président Issoufou Mahamadou et la délégation qui l’accompagne, prenaient les airs depuis l’Aéroport international Diori Hamani de Niamey, pour entreprendre le grand voyage à destination du 5ème continent, l’Océanie, puis encore en Indonésie.
Le mobile, vous le connaissez. Il est à la hauteur des ambitions du Président Issoufou Mahamadou de porter plus loin la voix de la diplomatie nigérienne partout dans ce village plantaire, jusqu’au-delà des océans, à l’autre bout de la Terre. Il s’agit surtout d’ouvrir de nouvelles perspectives de développement pour le Niger par la diversification des partenaires, d’abord d’Etat en Etat, et ensuite entre les opérateurs économiques nigériens et ceux des deux pays visités.
Porter plus loin la voix du Niger
Non, contrairement à ce qu’ont pu faire comprendre certains esprits aux idées saugrenues, le Président Issoufou n’est pas parti dans ces pays amis pour jouer la carte du misérabilisme béat et ‘’quémander’’ quelques subsides en espèces sonnantes et trébuchantes, de type ‘’aide immédiatement décaissable’’. Bien au contraire, il est parti à la rencontre des potentiels investisseurs en mettant en valeur les richesses et les immenses opportunités que leur offre notre pays, sur la base des programmes de développement et autres initiatives ambitieuses pour aller de l’avant.
C’est ainsi qu’en Australie, tout comme en Indonésie, de même à Djibouti et au Soudan, le Président Issoufou a rencontré les Présidents et autres hautes personnalités avec lesquels il a cimenté les bases d’une coopération tantôt redynamisée, tantôt naissante, avec les pays visités.
En Australie par exemple, le Chef de l’Etat a rencontré le Gouverneur Général du Commonwealth australien, Sa Majesté Peter Cosgrove. Ce dernier, pour souligner l’importance de la visite du Chef de l’Etat est allé se ressourcer dans les tréfonds de la tradition africaine en citant le proverbe africain selon lequel « le meilleur moment de planter un arbre est dans vingt ans en arrière, le deuxième meilleur moment est maintenant ». Puis de conclure en ces mots : « aujourd’hui, nous plantons un nouvel arbre, et le respect et les affinités entre nos deux populations n’en seront que plus forts ». Des mots assez forts pour augurer de lendemains meilleurs dans le renforcement des liens d’amitié et de coopération entre nos deux pays et nos deux peuples.
« Ma visite d’aujourd’hui constitue pour le Niger une opportunité de redynamiser cette coopération en la hissant à un niveau plus adéquat, conformément aux ambitions que nous poursuivons dans nos politiques publiques pour promouvoir le développement économique et social de nos pays », a répondu le Président Issoufou.
Dans la droite ligne de cette volonté exprimée par le Gouverneur Général de nouer une coopération fructueuse entre le Niger et l’Australie, le Chef de l’Etat a poursuivi son périple à Sydney pour une rencontre avec le Premier ministre, l’honorable Malcom Tumbull. Après un tête-à-tête entre les deux dirigeants, une séance de travail a réuni les deux délégations pour poser les jalons des premiers axes de la coopération bilatérale entre nos deux pays. A cette occasion le Premier ministre australien a exprimé son engagement et celui du gouvernement qu’il dirige d’œuvrer au développement et à la consolidation des liens bilatéraux entre le Niger et l’Australie, cela dans différents domaines, notamment ceux des infrastructures et de la sécurité.
A la rencontre des dirigeants des pays amis et des investisseurs
En Indonésie, le Président Joko Widodo, était tellement enthousiaste pour qualifier cette visite d’Etat du Président Issoufou Mahamadou à Jakarta de ‘’visite historique’’. Aussi, à l’issue d’une séance de travail entre les deux délégations, il est ressorti que les orientations ont été données pour accentuer la coopération entre le Niger et l’Indonésie dans tous les domaines où existent des potentialités exploitables, de même dans les rapports de partenariat entre les opérateurs économiques privés indonésiens et nigériens.
Comme pour joindre l’acte à la parole, un mémorandum d’entente entre les deux pays a été signé, séance tenante, par le ministre indonésien en charge des Affaires Etrangères, et son homologue du Niger, M. Ibrahim Yacoubou. Ce mémorandum d’entente porte précisément sur la suppression du visa pour les passeports diplomatiques et les passeports de service, ce qui permettra à coup sûr de donner un coup de fouet à la coopération entre l’Indonésie et le Niger. S’y ajoutent la décision relative à la relance de la coopération dans plusieurs domaines, mais également celle portant sur la mise en place de la commission mixte de coopération entre nos deux pays.
Idem à Djibouti et au Soudan où les échanges entre les deux délégations ont porté sur le renforcement des liens de coopération entre les deux pays. Egalement, le Président Issoufou Mahamadou, en tant que Champion de l’UA pour la ZLEC, a obtenu l’accord des dirigeants des deux pays pour lever les réserves portées sur le schéma présenté, permettant ainsi d’aller de l’avant vers la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale en Afrique.
Avec les investisseurs, la délégation présidentielle est allée à la rencontre des partenaires, à Perth avec les sociétés minières, avec en sus une visite sur le site d’exploitation de bauxite.
Voilà pour le contenu du mobile. Il est clair et le résultat se passe de tout commentaire. Les mois et les années à venir nous en diront plus sur les retombées de cette action diplomatique de très haute portée.
Pour la tenacité, elle se resume à la volonté et à la détermination du Chef de l’Etat à affronter les défis de la distance et de la fatigue dans ce long périple, elle découle simplement, pensons-nous, de sa volonté indéfectible d’ouvrir, contre vents et marées, de nouvelles perspectives de développement pour notre pays. Et cela s’appelle preuve de don de soi, voire d’endurance à toutes épreuves, pour le bien de son pays.
Pour la monture, nous avons le ‘’Mont Greboun’’, un aéronef performant et assez bien en point pour affronter les longues distances au-dessus des vastes terres alternées de plaines, de déserts, et de monts et montagnes, du Niger à l’Ethiopie en passant par le Tchad et le Soudan, mais aussi les immenses étendues d’eau de l’Océan indien, de Djibouti à Perth en Australie, en passant par Colombo au Sri Lanka. C’est ainsi qu’après avoir survolé une bonne partie du Niger en longeant la frontière, le Tchad et le Soudan, l’Ethiopie, avant de se poser sur la côte djiboutienne, au bout d’environ 4.500 km de vol. Une pause pour reprendre de l’élan pour le long voyage au-dessus de la grande bleue.
La longue traversée au-dessus de l’Océan indien
De Djibouti à Sydney, l’avion présidentiel a enjambé en pas de géant, les sublimes eaux de l’Océan indien, de Djibouti à Colombo, au Sri Lanka (environ 4.100 km) ; puis de Colombo à Perth, avec sa réputation de ville la plus éloignée du monde (environ 5.800 km). Et pour joindre Sydney, à partir de Perth, via Canberra, il faut déployer ses ailes pour affronter les airs sur près de 3.300 km, soit environ 4 heures de vol, en logeant la côte. Au total, le temps de vol de Niamey à Sydney frôle les 24 heures de vol en plein régime. Quelle performance !...
Et ce n’est que partie remise pour qui doit continuer son voyage à destination de Jakarta, en Indonésie. L’odyssée sur les eaux profondes de l’Océan n’était pas à sa fin. Il faut encore avaler les quelques 5.500 km qui séparent les deux villes. Pour le retour à Niamey depuis Jakarta, il faudrait évaluer la distance, à peu près, à l’équivalent de Niamey-Sydney, Jakarta étant sensiblement à la hauteur de cette localité.
Cette odyssée fantastique, nous l’avons faite !... Avec la fierté de voir les couleurs nationales pavoisant les rues de chacune de ces villes visitées, et surtout de voir que le Niger a largement étendu le cercle de ses amis et partenaires.
Comme quoi, heureux qui, comme Ulysse a fait un long et beau voyage.
Assane Soumana, envoyé spécial(onep)
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Australie, d’une ville à une autre
Pour le visiteur qui va en Australie en venant de vers l’Afrique la ville de Perth, capitale de l'État d'Australie-Occidentale, est assurément un passage obligé. En effet, l’arrêt dans cette cité située à l’extrême au sud-ouest de la côte occidentale de l'Australie s’impose au voyageur après la longue traversée de l’océan indien. Avec une population de 2 021 200 habitants en 2014, Perth s’impose comme la quatrième ville du pays des kangourous. Ville active et moderne, Perth est présentée comme la ville australienne la plus développée après Sydney. Cela, en dépit du handicap de l’enclavement. E effet, cette ville côtière adossée à l’Océan Indien porte la triste réputation de la ville la plus isolée au monde, la ville australienne la plus proche Adélaïde, est à 2 104 k. Ce qui fait dire aux habitants de la ville que ‘’Perth est très loin de tout’’.
Mais les atouts de Perth sont de loin plus forts que le handicap de l’isolement. En effet, cette cité minière jouit des énormes retombées que lui confère l'exploitation de ses ressources minières (or, nickel et diamants). Mieux, Perth a aussi la chance d'être dans le même fuseau horaire que certaines grandes puissances asiatiques. Cette proximité géographique et temporelle assure un développement économique dynamique et certain.
Autre ville australienne que nous avons visitée, Canberra, la cité sereine. Capitale de l'Australie et du Territoire de la capitale australienne, Canberra est située à l'extrémité nord du territoire, à 280 kilomètres au sud-ouest de Sydney et à 680 km au nord-est de Melbourne. Pour la petite histoire, la ville de Canberra a été choisie comme capitale australienne en 1908 ; suite à un compromis entre les deux plus grandes villes du pays-continent, à savoir Sydney et Melbourne, rongées par les rivalités qui les opposaient. Ceci pourrait d’ailleurs expliquer pourquoi « canberra » désigne un « lieu de rassemblement » en ngunawal, la langue aborigène locale.
Capitale politique et administrative de l’Australie, Canberra abrite le gouvernement australien, le Parlement et la Haute Cour ainsi que de nombreux ministères et directions nationales mais c'est également le siège de nombreuses institutions sociales et culturelles comme la Galerie nationale, le National Museum, le Mémorial de la guerre, l'Université nationale australienne. D’où sa vocation de ville des fonctionnaires.
La conception de la ville fut fortement influencée par l'idée de ville verte ; ainsi Canberra dispose de vastes zones de végétation naturelle qui lui ont valu le nom de « capitale du bush ». Avec seulement moins de 400.000 habitants, la ville est tranquille avec un trafic routier limpide.
Tout le contraire de Sydney, cette ville qui bourdonne et qui bouge. Avec ses 4 840 600 habitants, Sydney est la ville la plus peuplée d'Australie, devant Melbourne et Brisbane, ainsi que du continent océanien. Ses habitants, les Sydneyites ou Sydneysiders en anglais, et les Sydnéens en français, sont des grands fêtards.
Le week-end, la ville brille de mille feux merveilleux, avec une valse interminable d’autos, de motos et de piétons prenant d’assaut les différents coins chauds. Et pour encadrer les extravagances des joyeux noctambules, la police se déploie dans presque toutes les rues animées.
Quoi de plus normal, quand on sait que Sydney est la capitale économique de l’Australie. Jouissant de la renommée de plus grand centre commercial et financier d’Australie, elle est incontestablement un des centres financiers les plus importants sur la zone Asie-Pacifique, sachant qu’elle abrite l’Australian Stock Exchange et la banque centrale d'Australie, de même que les sièges sociaux de quatre-vingt-dix banques et de plus de la moitié des principales entreprises australiennes.
Sydney, c’est aussi et surtout la plus grande destination touristique internationale du pays. Ce sont en effet des millions de touristes qui affluent chaque année pour visiter cette ville
Une renommée qui vient de nos jours démentir à tous point de vue la triste réputation historique de cette cité qui, autrefois, abritait les bagnards déportés de la Grande-Bretagne.
Assane Soumana, envoyé spécial(onep)
20 octobre 2017
Source : http://lesahel.org/