La loi de finances 2018, c’est simplement l’étalage de ces amères vérités : un peuple dont le bien-être importe peu aux gouvernants ; des gouvernants qui connaissent parfaitement les leviers de leur pouvoir (forces militaires, paramilitaires et justice) et une société civile, corrompue selon certains ; partisane selon d’autres. La loi de finances 2018, c’est le stade suprême de la pourriture d’une gouvernance sans d’autre idéal que la perpétuation du pouvoir actuel, avec tout ce que cela représente de perversions politiques, financières et sociales.
La plupart des Nigériens qui protestent et qui promettent de combattre la loi de finances 2018 ne se rendent pas compte que si Issoufou Mahamadou a osé plein de vilaines choses et entrepris le suicidaire projet financier de 2018, c’est parce qu’il est rassuré du silence, que dis-je, de la complicité active d’autres leaders politiques. « Issoufou Mahamadou n’est pas seul ». Il y a Hamid Algabid, Cheffou Amadou, Moussa Moumouni Djermakoye, Ibrahim Yacoubou et bien sûr le tout dernier convive, Seïni Oumarou. « Issoufou Mahamadou n’est pas seul ».
Le combat qui se profile met, donc, aux prises les citoyens nigériens qui refuseraient de se soumettre aux diktats de gouvernants qui n’ont aucune raison de revendiquer le moindre sacrifice de la part au peuple nigérien, et un régime dont les principaux tenants peuvent entreprendre des folies pour défendre les intérêts de leurs partis politiques, mais qui sont incapables de lever le petit doigt lorsqu’il s’agit du Niger et de son peuple. Ainsi a-t-on vu Ousseïni Salatou — et on sait à l’instigation de qui il l’a fait — aller à la télé pour dire leur désaccord et leur rejet de tout autre choix que celui du constitutionnaliste Amadou Boubacar Hassane à la vice-présidence de la Ceni [ndlr : Commission électorale]. Aujourd’hui, face à un enjeu de taille pour les conditions de vie des Nigériens, ils gardent le silence. C’est proprement honteux et décevant pour tous ces leaders. Ils ne méritent pas simplement de jouir des privilèges et traitements de l’État.
BONKANO
20 octobre 2017
Source : Le Canard en Furie