‘’Monsieur le Président’’
La commémoration des 13 années de règne de Seyni Kountché a été un bel stimulant pour moi. A la lumière de ce que vous avez fait de ce bel héritage que vous avez trouvé à votre arrivée à la tête de l’Etat, je me suis posé un tas de questions :
Comment avez-vous opéré pour convaincre un Seïni Oumarou de vous rejoindre dans cette galère qui tue le Niger à petit feu ?
Comment avez-vous fait pour dompter un Mnsd Nassara si fier de son passé ?
Je dois, à ce propos, vous tirer une fière chandelle. Je le dois d’autant plus que vous avez réussi à dompter l’adversaire politique le plus virulent contre vous. Si je vous pose tant de questions et non pas aux intéressés, c’est parce que vous pouvez en rigoler alors qu’un Seyni Oumarou ne peut que pleurer de dépit.
Si je vous pose ces questions, c’est parce que les Nigériens s’interrogent sur ce qu’ils gagnent à compromettre ainsi le présent et l’avenir du Niger. Que leur donnez-vous qui puisse être plus important que le bien-être des Nigériens ? Si je vous pose ces questions, c’est que la plupart de nos compatriotes se demandent pourquoi, alors que votre gouvernance ne fait qu’enfoncer le pays dans une spirale de crises multidimensionnelles qui compromettent gravement, à la fois la cohésion sociale et la sécurité des Nigériens (sécurité alimentaire ; sécurité financière ; sécurité sociale, sécurité tout court, etc.), Seïni Oumarou, Hamid Algabit, Cheffou Amadou, Moussa Moumouni Djermakoye continuent de vous accorder une licence à tout faire et à tout entreprendre. En négatif !
‘’Monsieur le Président’’
J’ai vu la composition de la Commission électorale que vous avez mise en place et je dois vous enlever, là aussi, le chapeau d’avoir réussi à en imposer à ceux qui vous soutiennent. Au regard des membres que vous avez soigneusement choisis et qui sont, dans leur écrasante majorité des militants notoires du Pnds Tarayya, vous ne direz, je l’espère, qu’il s’agit d’une commission électorale indépendante et vous êtes prêt à accepter le verdict des urnes. Vous l’avez déjà dit pompeusement et tout le monde a vu ce que vous avez fait en février et mars 2016 pour rester au pouvoir. Les gens se sont inclinés devant le hold-up électoral mais ils n’ont jamais cautionné. Renseignez-vous à l’Union européenne ce qu’on pense de votre mandat actuel. Ne gaspillez, donc, pas votre salive à faire les déclarations tapageuses que vous avez faites en 2016. Personne, ni au Niger ni à l’extérieur, ne vous croira. Aucun discours, aucune propagande, ne vous permettra de convaincre de votre bonne foi. L’opposition politique nigérienne n’est, certes, pas aussi impressionnante en termes de nombre de partis politiques. Cependant, elle est forte, très forte de son droit et de la justesse de son combat. Vous avez pu vous rendre compte, depuis un an, que le pouvoir démocratique ne se gagne pas comme vous l’avez fait. Il s’obtient grâce au libre choix des citoyens, pas en fabriquant, quelque part, loin des bureaux de vote, des scores et des procès-verbaux sans aucun lien avec la réalité des urnes.
‘’Monsieur le Président’’
Vous n’avez aucune chance de réussir car vos chances, vous les aviez bousillées dans une gestion calamiteuse des ressources publiques. Et en parcourant la loi de finances 2018, j’ai bien l’impression que vous évoluez de mal en pis. Ce projet est une négation totale des intérêts du Niger. Or, j’ai appris que vous y tenez fermement, sans une virgule de déplacée. Les cadeaux fiscaux offerts aux multinationales et aux marketeurs ne vous gênent nullement. Pas plus que les difficultés extrêmes auxquelles vous allez confronter vos compatriotes avec cette loi de finances et sa kyrielle de taxes et impôts. J’ai bien suivi le représentant du Fmi et je crois que ce monsieur n’a rien à faire chez nous. Ses propos n’ont convaincu personne et on sent tout de suite la commande. Qu’elle soit désintéressée ou intéressée, c’est son problème. Mais, ce n’est pas parce qu’un petit commis du Fmi a dit ce qu’on a dû lui demander de déclarer publiquement que ça va changer quelque chose à l’affaire. Votre loi de finances, ont déclaré les centrales syndicales, est antisociale, inéquitable et inopportune. La TVA, a écrit notre confrère, Le Canard en furie, est partout : sur le mil, le haricot, le sorgho, la pomme de terre, le riz, le sucre, l’huile alimentaire, les aliments destinés aux animaux d’élevage, le lait manufacturé, les pâtes alimentaires, la farine de maïs, de mil, de millet, de sorgho, de riz, de blé et de fonio achetés auprès des producteurs ruraux, la crème de lait, la farine de froment, les provitamines et vitamines naturelles ou reproduites, les insecticides, le papierjournal, les pompes à bras ou avec moteurs incorporés, les élévateurs de liquides, les appareils à projeter les produits insecticides, les appareils pour arrosage, les charrues et parties de charrues, le matériel informatique, même s’il est destiné à l’enseignement, les ardoises et tableaux des élèves, les produits, matières et substances, les emballages destinés à la fabrication de tous les produits, y compris ceux qui sont exonérés et même les billets de transport routiers de marchandises et de voyageurs, etc.
‘’Monsieur le Président’’
Comment pouvez-vous mettre autant de taxes et impôts sur les produits de première nécessité et prétendre que l’objectif vise à offrir à vos compatriotes de meilleures conditions de vie ?
Ne trouvez pas que c’est exagéré, voire ubuesque de demander à vos compatriotes de payer la TVA pour les engrais d’origine animale ou végétale (birdji en zarma et taaki en haousa) ?
Par delà tout, qu’est-ce que vous n’avez pas trouvé en 2011 ? Qu’en avez-vous fait ? Rien qu’à propos des prêts que vous avez contractés, on peut dénombrer des milliers de milliards. Pour quels résultats ? La réponse est aux Nigériens, pas à ce commis du Fmi. Ka yi – Mun gani. Arrêtez le massacre !
Mallami Boucar
11 novembre 2017
Source : Le Monde d'Aujourd'hui