Au nom de quoi ? Au nom de l’appartenance à une coalition au pouvoir mais surtout de la mission, peu honorable, qu’Omar Hamidou Tchana a accepté de conduire contre son ancien parti. Bref, Ladan, comme l’appellent ses proches, vit aujourd’hui le retour douloureux d’une manivelle qu’il a manipulée à volonté contre le Moden Fa Lumana Africa et son président. Mieux que quiconque, il sait, pour l’avoir pratiqué, que le rouleau compresseur est en marche et que son avenir politique est derrière lui. Il est coincé et tel un rapace pris au piège, il sait qu’il n’a plus qu’un choix à faire : faire profil bas et réaffirmer son allégeance totale à Mahamadou Issoufou, l’arbitre ultime qui peut l’épargner d’un naufrage politique inévitable, immédiat et foudroyant. En termes clairs, il est condamné à faire le choix de la «mort lente» mais sûre, en lieu et place de la «mort subite» et sans parade. De toute façon, Omar Hamidou Tchana est politiquement condamné. Il est, comme on dirait chez nous, une hyène aveugle. Elle ne peut ni continuer à vivre en brousse ni venir chercher secours et soutien au village où elle n’a laissé que des souvenirs amers, tristes et désastreux.
L’homme se sait certainement sans autre moyen de lutte contre les militants qui le contestent que de réaffirmer son statut de talibé fidèle pour Mahamadou Issoufou. Il sait que cette posture lui ôte toute cette fierté dont on l’affuble, à tort ou à raison. Mais en homme intelligent, il est probablement sûr d’une chose : ce n’est qu’ainsi qu’il pourra échapper à la «mort subite». L’échec qu’il a avalé face aux membres du Bureau politique de son parti doit être compris comme l’acceptation d’une posture d’homme défait, vaincu avant de commencer le combat qu’il a délibérément provoqué sans s’assurer qu’il dispose des moyens et des ressources pour le gagner. En acceptant de surseoir à la sanction des 14 militants qu’il a ciblés dans sa lettre du 1er décembre 2017, Omar Hamidou Tchana exprime ainsi sa défaite, sans conditions. C’est douloureux mais il va devoir faire avec l’amertume d’avoir cru en son leadership. Avec ce niet de son bureau politique, Ladan a pris brutalement pris conscience de sa fragilité extrême, mais aussi de ses grandes désillusions politiques. En échouant à faire sanctionner Assane Saïdou, Gérard Delanne et 12 autres militants pour « atteinte à l’unité du parti, tentative de déstabilisation du parti et comportement déloyal ou infamant », Ladan sait parfaitement que c’est le parti qui lui échappe ainsi au profit de l’aile politique qu’il cherchait à amputer. Car, s’il doit désormais composer, la mort dans l’âme, avec des militants qu’il a accusés de faits aussi graves et qui contestent l’exclusion d’un autre militant, Mohamed Imbareck, qu’il a ouvertement accusé d’espionnage — pour le compte de qui ?
— Ladan n’est plus qu’un faire-valoir qui va devoir boire le calice jusqu’à la lie.
Omar Hamidou Tchana est donc en fin de course politique. Mahamadou Issoufou, Mohamed Bazoum, Hassoumi Massoudou et les autres ne peuvent plus faire confiance en cet homme qui a fait ce qu’il a fait au Moden Fa Lumana Africa et à son président et qui, aujourd’hui, dans un contexte de difficultés extrêmes, est incapable de faire un choix clair. Si les Nigériens lui ont concédé le fait d’avoir démissionné de son poste — là encore ! — ils n’ont jamais, par contre, été convaincus par les motifs avancés par Ladan.
Pourquoi n’avait-t-il pas claqué la porte lorsqu’il avait découvert que, tout ministre d’État chargé des Mines qu’il était, on l’avait envoyé se promener tandis que Massoudou Hassoumi signait les minutes de discussion avec Areva ?
Pourquoi n’avait-il pas démissionné lorsqu’il avait pris connaissance de l’uraniumgate ?
De quelles valeurs et principes parle-t-il lorsqu’on peut, malgré la gravité de ces faits, accepter quand-même de rester dans un gouvernement ?
Mettons un trait sur cette histoire pour dire que « qui a vécu par l’épée, périra par l’épée.
BONKANO
12 décembre 2017
Source : Le Canard en Furie