Si ces inquiétudes étaient largement partagées, s’il s’agissait d’un réel parti pris de la part des organisateurs, il serait nécessaire qu’une mise au point de la part du gouvernement soit entreprise afin que la naissance d’un profond malentendu préjudiciable à l’esprit républicain soit évitée, puisqu’il s’agit dans les objectifs déclarés de cette fête d’accentuer les conditions les plus favorables à l’unité.
La responsabilité de cette situation reviendrait en premier lieu au gouvernement, qui aurait créé et installé un comité d'organisation de « Tahoua Sakola » dont la composition n'aurait pas suffisamment reflété les réalités de la région. Le gouvernement a manqué de discernement en négligeant les détails de l’organisation d'un événement qui aurait pu être une belle occasion de consolider l'unité nationale autour des impératifs patriotiques et de cohésion nationale. Or l’impression qui se dégage reflète un parfait mépris pour les populations de l'Azawagh, réduites à décorer la fête par une touche exotique qui n'a rien à envier aux pratiques coloniales d'antan.
Les élites politiques de l'Azawagh portent également une lourde responsabilité dans ce raté, en acceptant de demeurer à l’écart et en laissant se dérouler la fête sans exprimer leurs réserves. Les élus et les chefs traditionnels, auraient failli à leur obligation qui est d’attirer l'attention des autorités sur le caractère sensible de cette situation dans une région qui a tant besoin de cohésion et de stabilité dans un environnement de plus en plus chaotique.
La participation de l'Azawagh à cette fête a été ridicule et n'honore pas ceux qui représentent les populations de cette région.
Tout cela ne va pas dans le sens de la consolidation des acquis démocratiques et démontre la faiblesse des institutions de la République à jouer pleinement leur rôle.
Lyon, 20 décembre 2017
Abdoulahi ATTAYOUB