Lettre ouverte au Président de la République : par M. Mahoumoudane AGHALI Habitant en France, j’ai été très heureux de revoir la terre natale et tant de choses qui ont forgé mon existence. J’éprouve à chaque fois le désir de ne pas en repartir…

   J’ai circulé à travers Niamey (de Goudel à l’aéroport, de Gamkalé à Talladjé, de Lazaré à Bobiel..bref partout !) et je n’ai pas constaté de grands changements dans la vie de tous les jours.

     J’ai retrouvé le même air, la même ambiance :

     Une population rodée à la ‘’débrouillardise’’ et ne comptant que sur Dieu. Comme disait Kountché, au Niger tout le monde est commerçant…sans statistique consultée, il me semblait que 95% de la population s’adonnait au commerce. Loin des périodes des vaches grasses des élections, chacun doit prendre ses responsabilités et ‘’travailler’’…

       Les embouteillages autour des marchés où se croisent taxis, véhicules particuliers, pousse pousses, piétons et chameaux chargés de fardeaux, sur des routes pas toujours carrossables.

       Les forces de police sont stationnées aux alentours des points stratégiques, sans, notons-le, aucune animosité.

       Les nombreux immeubles souvent inachevés qui poussent un peu partout et, loin du centre, des châteaux et des villas narguent le commun des Nigériens confronté à la dureté de la vie de ces dernières années.

         Quels sont ces gens qui investissent dans la terre et le béton, ne pensant pas un seul instant qu’ils pouvaient investir dans quelque chose qui pouvait aider leurs frères à mieux vivre ?Le développement est il conditionné par l’importation de l’architecture étrangère ?

           Pendant mon séjour il y a eu des manifestations contre la loi des finances (officiellement) et aucun débordement n’a été observé. L’opposition et la société civile ont développé leurs thèmes à volonté.

           Les médias « attitrés » ont couvert l’évènement.

             Il se dégage de mon constat sur la politique du Niger une lacune à combler pour devenir une démocratie véritable.

             A part la mouvance au pouvoir, cousue d’un fil qui s’effiloche chaque jour, l’opposition et la société civile sont bipolaires, autrement dit divisées. La raison n’est pas le bien être du peuple, mais leurs projets d’avenir et leurs intérêts individuels.

             Que le peuple ne s’y trompe pas : par des mots qui reflètent la sincérité et le patriotisme sans faille, ils mènent tout le monde en bateau. Certes ils se servent des erreurs du pouvoir (la loi des finances en est une, l’ouverture du pays à des Armées étrangères au risque de froisser l’Armée nationale en est une autre..) devenues des outils pour concrétiser leurs desseins en s’armant du soutien populaire.

                 Au Niger beaucoup reste à faire…la classe politique doit changer de politique.

           On ne peut parler du manque de liberté au Niger, mais gare à qui s’approche de l’équipe dirigeante. L’impunité, le passe droit et les enrichissements illicites y ont élu domicile…pour le moment.