Aujourd’hui, ni le pouvoir en place ni son opposition politique ne sont en mesure de gagner ce bras de fer dans un pays qui n’arrive plus à assurer sa sécurité et qui ne dispose pas des moyens nécessaires à un fonctionnement normal de ses institutions. Il y a donc urgence à calmer les ardeurs des uns et des autres pour penser d’abord à l’intérêt du pays.
La classe politique devrait prendre la mesure de la situation réelle du pays et cesser l’actuelle guéguerre qui mine de plus en plus les fondements de celui-ci. Le Niger ne peut plus se permettre le luxe d’une crispation partisane qui pourrait avoir pour conséquence de cristalliser l’attention de l’opinion sur des considérations très secondaires au regard des besoins de la population. Une population qui se sent de plus en plus prise en otage pour des raisons très éloignées de ses intérêts propres. Dans une situation géopolitique et socio-économique similaire, certains pays auraient déjà appelé à la formation d’un gouvernement d’union nationale, seul capable de concentrer son action sur les urgences du moment.
Le Niger s’enfonce dans le désordre et le chaos aussi parce que les perspectives politiques ne rassurent plus. Le président Issoufou Mahamadou est confronté de toute évidence à une situation qui ne devrait pas être… acquise. Après avoir su construire des coalitions de pouvoir pendant ses deux mandats, il lui reviendra de continuer à la consolidation de l’esprit démocratique dans des conditions sécuritaires et socio-économique inédites.
Les actions de la société civile et de l’opposition politique se sont de plus en plus étendues à l’ensemble du pays. Elles risquent de se durcir si les autorités nationales n’adoptent pas une attitude plus mesurée dans la gestion de ce mécontentement. Il y a lieu ainsi d’éviter une escalade qui risque d’atteindre très rapidement un point de non-retour.
Dans ces conditions, il pourrait être de plus en plus difficile de persister à solliciter la solidarité de la communauté internationale sans que cette dernière ne mette davantage son nez dans les affaires du pays et ne soit tentée de limiter les dégâts. Il ne semble donc pas exagéré de penser que la classe politique actuelle brille par une curieuse insouciance. Une insouciance qui tranche terriblement avec l’urgence d’une situation sécuritaire et économique qui se dégrade inexorablement.

Lyon, 18 mars 2018

Abdoulahi ATTAYOUB