En RDC, ce sont les évêques catholiques qui ont pris les devants pour empêcher que leur pays sombre dans le chaos. Au Niger, malgré la tension inquiétante ayant précédé les élections générales 2016, les leaders religieux sont restés de marbre comme s’ils pouvaient être à l’abri de lacatastrophe qui pouvait s’abattre sur le pays. En dehors de l’archevêque de Niamey qui avait pris son courage à deux mains, malgré qu’il soit à la tête d’une minorité religieuse, pour attirer l’attention et mettre en garde contre des étincelles pouvant dégénérées. Les oulémas, invoquant leur caractère apolitique, étaient restés impassibles face aux menaces qui planaient sur la paix, la concorde et la cohésion sociopolitique. Qu’à cela ne tienne, Dieu dans son infinie bonté a sauvé le Niger et son peuple. Aujourd’hui, ce sont 1745 agents des municipalités qui s’acheminent vers une année sans salaire. Où sont tous ces oulémas qui, à longueur de journées prêchent la bonne parole, sur la solidarité et le caractère unitaire de la communauté musulmane qu’ils caricaturent bien souvent comme le corps humain qui, lorsqu’un membre est malade, c’est tout le reste qui le ressent ? Ne savent-ils pas que cette situation poussent des femmes mariés dans l’adultère ; de jeunes filles dans la prostitution ; des hommes dans le vol et la malhonnêteté ; des enfants dans la délinquance ?Toutes choses interdites par l’islam. Bien sûr qu’ils le savent ! Mais pourquoi, Bon Dieu, ils n’attirent pas l’attention du gouvernement sur ce drame ? Pourtant, il n’y a rien de politique à cela. Au contraire l’islam oblige le musulman à venir en aide à son frère musulman. Les oulémas le savent mieux que quiconque. Mais ils restent impassibles, insensibles.Pourquoi ? Le Canard en furie, hélas, n’a pas cette réponse. Peut-être qu’ils pourront nous renseigner. Ce qui est sûr, on ne peut écarter la responsabilité du gouvernement qui refuse de rétrocéder à la Ville de Niamey les impôts conformément à la loi. Surtout quand on sait que la masse salariale des agents des collectivités est seulement de 211 millions FCFA. C’est proprement scandaleux pour un gouvernement dont le Premier ministre touche quelques 48 millions par mois et 576 millions par an, rien qu’en fonds politiques.

Juste à côté des leaders religieux dont le rôle premier est, certes, la propagation des messages divins, il y a ces centrales syndicales sensées défendre les « intérêts matériels et moraux » de leurs militants, comme elles le prétendent. N’y-a-til pas d’intérêt matériel et moral à défendre dans le cas des agents des collectivités territoriales ? Elles font la sourde oreille préférant regarder ailleurs puisque leurs animateurs mangent bien, dorment paisiblement, assurent l’éducation de leurs enfants et roulent dans des voitures climatisées. Le ciel peut tomber s’il le voulait, n’est-ce pas ? Eh bien lorsque le ciel tombera tout le monde en pâtira, il n’y a aucun doute en cela. En vérité, depuis certains ont eu « l’ingénieuse » idée de susciter le regroupement des principales centrales syndicales dans une seule structure, le parti au pouvoir a réussi à les mettre sous coupe réglée pour le bien de son régime. L’ITN, Intersyndicale des travailleurs du Niger, est devenue de sorte de parti politique de la majorité présidentielle tant ses leaders sont conseillers en ceci et en cela, s’ils n’occupent pas des postes politiquescarrément. Pas étonnant donc que cette structure tourne le dos lorsque des travailleurs sont en souffrance sans aucun soutien face à un pouvoir aussi impitoyable. Allez-y agents des collectivités, vous n’avez que vos yeux pour pleurer et vos poignets pour implorer la clémence divine. Mais soyez rassurer, Allah ne dort JAMAIS !

Ibrahim A. YERO

14 février 2017
Source : Le Monde en Furie