Mme SCHMIDT, connue du tout Niamey, voire au plan national et à l’étranger, pour avoir été une des premières Femmes à occuper le devant la scène, s’est faite toute seule. A force de travail, de courage et d’abnégation ! Petite fille de Kaocen*, ce héros célèbre de la résistance face aux colons, son sang princier, elle n’y faisait en vérité jamais cas dans ses rapports avec autrui. Vous le lui concèderez de vous-même de par sa posture, dès le premier contact. Bon sang ne saurait mentir, dit-on.

Mme SCHMIDT est une battante née, qui s’est taillée sa place au soleil, y compris aux premières loges de la République, par son caractère en fer forgé. Dans un passé récent, elle confessait :  ”Je travaille depuis bien longtemps dans le milieu des hommes, que ce soit dans les affaires ou en politique,” fait-elle remarquer, en précisant ”ma collaboration avec les hommes s’est toujours établie sur des bases réalistes et de compétence. Seule Femme député sous la Quatrième République de 1996 à 1999, élue 4ème Vice-Présidente du Bureau de l’Assemblée nationale devenant ainsi première Femme du Niger élue à occuper un tel rang.

Pour mieux cerner la dimension de l’Homme, pardon…de la Dame SCHMIDT, nous vous proposons de revisiter l’interview accordée au talentueux Communicateur, Latif Do-Rego pour le 41ème numéro de sa revue panafricaine plus que trentenaire « Le Journal Parlement » (créée en 1980) du 4ème trimestre 1997.

Sur son combat personnel pour l’émancipation de la Femme nigérienne elle disait : « Je travaille depuis bien longtemps dans le milieu des hommes que ce soit dans les affaires ou en politique …ma collaboration avec les hommes s’est toujours établie sur des bases réalistes et de compétence. »

Par son engagement sans faille, Elle a en partie gagné ce combat entamé des décennies plus tôt.
Repose en paix, Mme Schmidt !

D.B.


* La révolte de Kaocen est un soulèvement touareg qui eut lieu de 1916 à 1917 contre la colonisation française qui eut lieu près du massif de l'Aïr dans le nord du Niger moderne. 

INTERVIEW de Mme SCHMIDT DEGENER, 4ème Vice-Président du Bureau de l’Assemblée nationale (1996-1999) : La Seule FEMME de L’Hémicycle

 

Interviewée par LATIF DO REGO – L.D.R.

Elle est la seule femme au sein de l’hémicycle. Petite fille de Kaocen, ce héros de la résistance contre les colons, Mme Schmidt Degener est la quatrième vice-présidente de l’Assemblée nationale du Niger (ndlr : première femme députée, vice-présidente d’un bureau au Niger). Elle a gagné son investiture, pour être parmi les candidats de son Parti, de très haute lutte. En effet, ils étaient cinq candidats à compétir pour deux places dans la circonscription de la Commune 1 de Niamey. Commencées à quinze heures, ce n’est qu’à cinq heures du matin que ces primaires ont pris fin (en octobre 1996). Désignant les deux militants à même de représenter dignement le RDP aux législatives qui eurent lieu le 23 novembre 1996.

Mme Schmidt Degener est très active à l’Assemblée nationale où son expérience est très souvent sollicitée. « Je travaille depuis bien longtemps dans le milieu des hommes que ce soit dans les affaires ou en politique » fait-elle remarquer, en précisant « ma collaboration avec les hommes s’est toujours établie sur des bases réalistes et de compétence. Et puis, les relations très intelligentes que j’ai nouées avec les uns et les autres ne laissent pas de place à des considérations de misogynie ».

Les électeurs de la commune 1 de Niamey ont avec Mme Schmidt Degener une complicité de longue date. Auparavant membre de la CDS - Rahama, elle comptait parmi les personnalités influentes de la mouvance présidentielle de la troisième République. Séduite par le programme et les idées nova­trices du Général Ibrahim Maïnassara Baré, elle n’hésita pas à démissionner de son ancien parti. Voilà présentée la personnalité avec laquelle je me suis entretenu à Niamey.

Latif Do - Régo : Pourquoi avez-vous joint le camp du Général Baré ?

Mme Schmidt : Parce que le Général Ibrahim Maïnassara Baré est un homme que je connais depuis bien longtemps. Je le sais honnête, dynamique, travailleur et juste. Autant d’atouts nécessaires à toute personne aspirant à remettre le Niger sur les rails. Connaissant donc sa capacité au travail et au rassemblement, je n’ai pas hésité à m’engager pour vulgariser ses idées d’un Niger en paix avec lui-même en vue d’un meilleur bien-être des popula­tions.

LDR : Ne serait-ce pas parce que vous êtes la seule femme de l’hémicycle que les hommes vous ont accordé la quatrième vice- présidence ?

Mme Schmidt : C’est le Bureau qui représente l’Assemblée natio­nale à toutes les cérémonies. C’est lui qui détermine l’organi­sation et le fonctionnement des services. De ce point de vue il est rehaussant d’être membre du bureau. Et chacun aimerait être honoré de cette présence dans ce saint des saints.

D’autre part, plusieurs partis siè­gent à l’Assemblée nationale dont le règlement intérieur indique que le bureau doit refléter la configu­ration. Ainsi, chaque groupe par­lementaire aspirant à être présent dans le bureau, aucun cadeau ne se fait. Dès lors, c’est le vote, qui départage les prétendants.

C’est cette dynamique qui a fonc­tionné. Je m’y suis engagée avec bien évidemment à l’esprit le fait qu’étant la seule femme de l’hémicycle il était indispensable que je mette tous les atouts de mon côté en vue de mon élection. Il était en effet nécessaire que la femme soit représentée dans le bureau de la deuxième Institution de la République.

J’ai la satisfaction de pouvoir dire que mes collègues, les hommes, ont compris cette nécessité.

 LDR : Ce qui voudrait dire qu’au sein de l’hémicycle vous participez aux travaux dans une ambiance sereine ?

Mme Schmidt : L’entente est parfaite. Je peux même dire qu’il existe une symbiose avec les autres députés. Jusqu’à présent je n’ai jamais rencontré des difficul­tés de leur fait. Bien évidement quelques fois apparaissent des divergences de vue.

 LDR : L’Assemblée nationale étant en majorité constituée de la mouvance présidentielle, d’aucuns y voient une boîte à lettres. Qu’en pensez-vous ?

Mme Schmidt : C’est injuste.

Mais c’est de bonne guerre. En effet, nous avons été traités de ’’Boîte à lettres” ; Et encore de ”Députés Balsa”. Mais dès la pre­mière session, nos détracteurs se sont aperçus du contraire parce que les députés se sont affirmés et démontrent qu’ils défendent les intérêts des populations dont ils sont les mandants.

LDR : Pensez-vous à la promotion et à la défense des intérêts particuliers de la population féminine ?

Mme Schmidt : Je m’investis déjà à susciter l’intérêt des femmes Nigériennes pour le domaine de la politique. D’une manière générale les nouvelles autorités du Niger ont pris conscience de la nécessité d’asso­cier les femmes à la construction du pays. Vous avez pu constater la présence des femmes tant au gouvernement (Ndlr : 3 femmes dans le gouvernement de 27 membres, dont une Ministre d’Etat, une première), qu’à la tête de quelques missions diplomatiques à l’étranger (2 femmes Ambassadeurs en France et au Canada).

 LDR : L’incompréhension entre le pouvoir et l’opposition réunie au sein du FRDD (Front pour la Restauration et la Défense de la Démocratie regroupant l’opposition politique, créé en 1996) s’accentue depuis les présidentielles de Juillet 1996. Que pensez-vous de cette situation ?

Mme Schmidt : Par principe, je déplore qu’un citoyen dénigre son pays à l’étranger et incite les bailleurs de fonds à ne pas appor­ter des aides à son propre pays.

Je regrette que cette opposition refuse toute collaboration pour l’édification du pays, alors que le Président de la République, S.E M. Ibrahim Maïnassara Baré n’a cessé d’appeler au dialogue et à la collaboration de tous les fils du Niger.

Mais il est satisfaisant de consta­ter qu’une très grande majorité des nigériens ait compris le com­bat du Président Baré et se soit laissé gagner à sa foi et à son action.

Cette majorité s’est désormais fortifiée à la compréhension qu’il vaut mieux souffrir aujourd’hui pour la refondation afin que la prospérité s’installe demain. C’est à cette compréhension salutaire que j’invite les partis réunis dans le FRDD.

Interviewée par Latif Do Régo – L.D.R en 1997