Saisie de 2,5 tonnes de résine de cannabis d’une valeur de plus de 3 milliards de FCFA à Niamey « Lorsque la loi ne vous protège plus contre les corrompus, mais protège les corrompus contre vous, vous savez que votre nation est condamnée ».Le Niger serait-il devenu, sous Mahamadou Issoufou, l’Eldorado des grands bandits ? L’empire sous lequel ils bénéficient d’une extraordinaire couverture pour opérer en toute tranquillité et d’une protection osée lorsqu’ils sont pris dans les mailles des filets de la police nigérienne ? Le Niger serait-il sous l’emprise de grands réseaux criminels ? L’hypothèse fait peur, n’est-ce pas ? Et pourtant, il y a de quoi l’envisager, des indices concordants qui font redouter le pire. Un député impliqué dans le trafic de drogue dure (cocaïne) dont Mahamadou Issoufou, malgré ses refrains sur le fléau, n’a jamais réclamé la levée de l’immunité parlementaire ; un trafiquant d’armes épinglé avec une cache d’armes de guerre de gros calibre et des milliers de munitions dont on ne connaît encore rien du sort ; des trafiquants, grossistes, de cannabis, accrochés nuitamment par la police après un échange de coups de feu mais jamais présentés au public…le Niger est sans aucun doute le pays dont les gouvernants n’ont rien aux bouts des lèvres que le mot SÉCURITÉ mais qui sont curieusement très tolérants, voire pleins de compréhension vis-à-vis des grands bandits d’État qui mettent la sûreté du Niger et de son peuple en danger.

Dans tous ces cas et bien d’autres, le gouvernement est resté bouche bée, sans aucun commentaire, ne serait-ce que pour se vanter d’avoir mis hors d’état de nuire des malfaiteurs dangereux pour la sécurité des Nigériens. Non, rien. Or, il est de notoriété, chez les flics notamment, que lorsqu’un espion quelconque ou malfaiteur est démasqué, connu du public, il est définitivement grillé, c’est-à-dire qu’il n’est plus opérationnel. Pourquoi alors tous ces malfaiteurs dangereux pour le Niger sont maintenus dans l’ombre, jamais en prison ? Même la tradition policière qui consiste à les présenter au public et à expliquer leur mode opératoire n’est pas respectée. Allez-y savoir !

Sur le plan de la corruption, autre cheval de bataille, paraîtil, de Mahamadou Issoufou, le mal a gangrené tous les pans de la société, devenant pour des sociétés comme la Satom, le mode opératoire infaillible pour s’accaparer, sans jamais être confrontée à une concurrence quelconque, tous les marchés convoités d’infrastructures routières. Au vu et au su de tout le monde, cette société en particulier surfacture les marchés à un niveau incroyable, prospérant ainsi de façon scandaleuse sur le dos de l’État nigérien dont l’état de santé financière dégringole au fil des ans. Le cas le plus connu, et qui a choqué tout le Niger, est la réalisation de la voie express qui doit relier l’aéroport international Diori Hamani au centreville de Niamey : neuf misérables petits kilomètres facturés à près de 22 milliards alors que la même Satom a réalisé, en 2004, les 139 kilomètres de route qui séparent Niamey de Dosso à 11 milliards de francs CFA. Il faut se dire la vérité et la toute première, c’est qu’aucun renchérissement de prix des matières premières et des matériaux ne peut expliquer une telle différence. La HALCIA ? Uns structure budgétivore inutile dont les membres parlent de principes et évitent soigneusement de mettre leurs nez là où la corruption s’étale, grandeur nature. Ils sont payés à ne servir que d’ornement pour des gouvernants qui ne demandent que ça.

La deuxième, c’est que la SATOM fait ce qu’elle n’a pas pu se permettre sous la 5e République et ce qu’elle ne saurait se permettre avec les fonds de l’Union européenne. C’est ce qui explique qu’elle ne l’ait pas fait en 2004 à propos de la route Niamey-Dosso. Sous Mahamadou Issoufou, ça marche à pleins gaz et la SATOM en profite pour gonfler son chiffre d’affaires. Il n’y a pas que la voie express dont les montants font frissonner. À Dosso, à Tahoua et ailleurs à l’occasion des fêtes de la République, c’est devenu systématique que cette entreprise, qui semble détenir une licence à tout faire, surfacture. Les chiffres, que le Canard en furie a pu examiner, est une HONTE pour le Niger et ceux qui le gouvernent. Car, si la SATOM s’avise de s’adonner à cette pratique, c’est d’abord au détriment du Niger et incontestablement par l’absence de tout sentiment patriotique inchez certains Nigériens qui ont visiblement décidé de se faire de l’argent à tout prix, y compris en faisant gagner de l’argent à des entreprises étrangères sur le dos de l’Etat nigérien. Comment appelle-t-on un tel acte ? Je vous laisse le soin de juger.

C’est ce Niger-là qui est félicité et encouragé par Emmanuel Macron, le Président français. Est-il sincère ? Non, bien entendu. C’est comme si vous dites à une tortue qu’elle court plus vite que tous les autres ou que vous déclarez à un tricheur dans une classe qu’il est le meilleur, un modèle pour les autres. Tout le monde saura que c’est faux, que vous êtes hypocrite et que votre seul but, c’est de l’encourager à tricher davantage. Dans le cas des rapports entre la France et le Niger, à moins que l’on soit de mauvaise foi ou des réseaux mafieux dont les membres sont régulièrement pris par la police, chacun sait que l’insécurité au Niger est d’abord le fait de ce double trafic d’armes et de drogue. Là où vous avez des trafiquants de drogue et d’armes qui opèrent en toute tranquillité, protégés et soutenus, il n’y a pas de sécurité possible. Le jour où ces réseaux mafieux de la drogue et des armes auront été démantelés et leurs membres mis hors d’état de nuire, alors le Niger aura déjà résolu 80% de ses problèmes d’insécurité. La politique sécuritaire nigérienne surprend à plus d’un titre. Les autorités nigériennes sont assurément coupables de cette montée de l’insécurité dans certaines zones du Niger. Leurs discours tranchent carrément d’avec leurs actes et les Nigériens, tout autant que les partenaires du Niger, en l’occurrence la France et les États Unis, le savent. Car, le trafic de drogue et d’armes, n’a pas été révélé avec le réseau du quartier Niamey 2000. Cependant, le tonnage de résine de cannabis découvert (2 tonnes et demi), soit 1355 casiers contenant 12 180 plaquettes de résine, l’étendue di domaine utilisé (plus de 3000 M2), la valeur marchande (plus de 3 milliards)… sont autant d’indices graves qui tendent à montrer que ces trafiquants bénéficient de grandes complicités. La police, elle, le sait. Elle sait surtout, pour parler comme Hassoumi Massoudou, que ceux qui nous gouvernent ne peuvent pas mettre un terme au trafic de drogue et d’armes. Or, il est bon de savoir que « Lorsque la loi ne vous protège plus contre les corrompus, mais protège les corrompus contre vous, vous savez que votre nation est condamnée ». À chaque Nigérien de tirer les enseignements qui s’imposent.

BONKANO 

26 juin 2018
Source : Le Canard en Furie