S’agissant des signes spécifiques, les spécialistes distinguent deux catégories de symptômes hystériques : les symptômes de conversion face auxquels les hystériques ont une attitude de « belle indifférence » et les symptômes d’expression psychique. Les symptômes de conversion, qui peuvent être aigus ou durables, correspondent à des signes d’apparence neurologique qui ébranlent, le plus souvent, la dimension relationnelle de la vie, mais pour lesquels aucune origine organique n’est décelable.
Les manifestations « aiguës » s’observent chez plus de la moitié des hystériques, isolées ou associées aux manifestations durables. Il s’agit de crises, en général brèves, liées, en principe, à une situation conflictuelle. On y trouve, notamment, des « crises d’agitation psychomotrice » ou « crise de nerfs », des convulsions, des évanouissements, des hoquets, des bâillements, des « crises de rire » ou des « pleurs incoercibles », pour ne citer que quelques signes. Les crises « aigües » sont, généralement, déroutantes voire inquiétantes et se déroulent, d’ailleurs, dans un état quasi inconscient, permettant des décharges agressives ou érotiques.
Les manifestations « durables » regroupent, essentiellement, les « troubles de la motricité », parmi lesquels les paralysies sont fréquentes et les « troubles de la sensibilité » (soit, environ, 70 % des hystériques) ; les « troubles sensoriels » affectant n’importe quel organe des sens. Ces manifestations « durables » peuvent s’exprimer, également, sous la forme de « troubles neurovégétatifs » avec des vomissements, de la toux nerveuse, du vaginisme, etc.
Quant aux symptômes d’expression psychique, ils comprennent les « troubles de la mémoire » se traduisant par des « amnésies lacunaires » ou « sélectives », par une espèce d’« inhibition intellectuelle » qui peut conduire à une « pseudo-débilité », par des « troubles de la vigilance » comme la « distractivité », par des « troubles de la sexualité » caractérisés par une crainte ou par un dégoût, derrière lesquels se trouvent la frigidité, chez la femme, l’éjaculation précoce, chez l’homme. La « tendance dépressive » s’exprime, de manière larvée ou franche, à travers un sentiment de fatigue, une souffrance voire un risque suicidaire.
Il convient de noter, néanmoins, que la personnalité hystérique peut aussi exister en dehors des manifestations caractéristiques précédemment énoncées. Elle est séductrice et théâtrale tentant, constamment, d’accaparer l’attention en dramatisant les situations ; il s’agit d’une personnalité qui a tendance à modifier la réalité, à l’enjoliver ou la péjorer. Elle est influençable, « suggestible », et sa dépendance affective, ainsi que son immaturité, le conduisent à rechercher une valorisation par l’entourage. A ce titre, l’hystérique est un individu affectivement avide qui recherche, narcissiquement, en permanence, par une voie déguisée, la satisfaction de désirs inavouables car associés à la culpabilité non intégralement résolue et à l’angoisse de castration qui lui est, en tout état de cause, concomitante, compte tenu du refoulement.
Au titre des conduites à tenir, en face des crises hystériques, il est primordial, bien sûr, de ne pas faire l’impasse sur une éventuelle affection organique. L’hospitalisation permet, dans certains cas, de séparer le malade de sa famille et de réduire les « bénéfices secondaires » qui induisent les symptômes.
Le terme d’« hystérie » ainsi le qualificatif d’« hystérique » souvent employés, dans le langage courant, dans un sens plutôt négatif ou, au moins, péjoratif, recouvrent, en réalité, une conduite marginale qui désigne, outre une personnalité repérable et désormais mieux connue, une souffrance authentique dont les politiques et actions de santé publique doivent, nécessairement, se préoccuper.
Docteur Amadou Soumana Psychologue Clinicien Enseignant-Chercheur à l’UAM
26 juillet 2018
Source : La Nation