L'air du temps/Tabaski : le branle-bas ! (Archive)La communauté musulmane nigérienne se prépare pour la célébration de l’Aïd El Adha, communément appelée ‘’fête du mouton’’, sans doute par allusion aux innombrables moutons qui seront immolés à  cette occasion pour le rituel du sacrifice d’Abraham.
A deux jours de la fête, l’ambiance est déjà bruyante à Niamey où les rues sont bondées d’une foule grouillante. Vendeurs et acheteurs de mouton, de volaille pour le traditionnel repas, d’habits de fête, de bois de chauffe et de broches pour la grillade du mouton, de couteaux et de divers ustensiles, de piment rouge et autres condiments intervenant dans la préparation de la viande, etc.

Tout ce beau monde est déjà  sur pied pour être fin prêt pour le jour ‘’J’’. La ville bouge au rythme des mouvements du marché du bétail. Tandis que presque tous les espaces vides sont érigés en points de vente de moutons, les vendeurs ambulants eux, arpentent jour et nuit les artères de la capitale avec des troupeaux entiers pour aller à la rencontre des potentiels clients.


Autant il est vrai que, pour la clientèle, l’enjeu principal reste de se procurer le précieux mouton du sacrifice d’Abraham, autant pour les vendeurs, le défi reste de pouvoir écouler l’ensemble du troupeau avant la date buttoir  du jour de la fête. Et entre ces deux mondes qui se heurtent quotidiennement, les rapports sont régis par la dure loi du marché. Cette année, force est de constater que cette loi est plutôt favorable aux acheteurs. Ces derniers qui, au cours des années antérieures, ont rudement subi le dictat des vendeurs sur le coût du mouton, sont devenus pour une fois les ‘’maîtres’’ du marché.  En effet, au vu de l’abondance des moutons sur le marché, le prix a tout naturellement baissé. Il se trouve en effet que les autorités compétentes ont anticipé en prenant des mesures dissuasives sur l’exportation de l’essentiel du bétail vers les pays voisins, ce qui allait se traduire par une rareté des moutons, donc le renchérissement de leur prix, sur le marché national. Aussi, cette année, les plus dodus béliers qui étaient exclusivement l’apanage des grosses fortunes, sont accessibles aux revenus moyens. Ainsi, les moutons qui se vendaient jusqu’à 200.000 F, ne dépassent guère les 120.0000 F sur le marché. Quant aux moutons de ‘’gabarit’’ moyen, on peut les acquérir entre 50.000 F et 60.0000 F.

Mais en dépit de tout, la partie est loin d’être gagnée. Car, une chose est de disposer de moutons acquis à  vil prix, une autre est de pouvoir les garder dans sa bergerie à l’abri des voleurs au regard gluant qui hantent les quartiers, prêts à subtiliser les moutons des gens. Tandis que les uns emportent carrément l’animal, d’autres par contre ont adopté un mode opératoire plus audacieux. En effet, ils égorgent l’animal, le dépècent sur place, emportent la carcasse et vous laissent les tripes. Et le matin, le légitime propriétaire découvre l’horreur. Voilà pourquoi nombre de gens n’ont plus le choix que de partager le toit familial avec la précieuse bête, quitte à passer des nuits blanches du fait de ses incessants bêlements.

Assane Soumana

14 août 2018
Publié le 03 septembre 2014
Source : Le Sahel