Kawtal Waafakey compte aussi organiser des séances de sensibilisation sur la santé animale, faire comprendre aux populations la mise en œuvre de la stratégie de l’Initiative 3N et ses atouts pour l’élevage. Les acteurs de l’élevage et de l’agriculture vont discuter de la possibilité de créer un réseau des leaders des éleveurs mobiles pour permettre d’échanger sur les problématiques de la transhumance transfrontalière.
Pour elle, l’idée de lancer cet évènement culturel vient naturellement d’un constat qui est là visible partout : en tant que nigérien et/ou africain de façon générale, on tend à délaisser la tradition. « On perd les repères ; il faut changer la donne et la seule façon de réinsuffler un esprit de fierté, c’est de magnifier notre culture, de l’exhiber. C’est pour cela que notre association organise des manifestations de ce genre pour s’inspirer du savoir-faire ancestral des peulhs et du talent des éleveurs à s’occuper de leur troupeau. Aussi, il s’agit pour l’organisation kawtal Waafakey de créer une belle occasion de partager un message fort interpellateur, celui d’une paix et d’un développement durable à travers la culture. Durant deux jours, plusieurs délégations venues des quatre coins du Niger vont échanger sur des thématiques relatives à la paix et à la cohabitation pacifique.
Au menu, un programme riche et varié
Pour la présidente de l’Association, Mme Sani Fatouma Marou, c’est une organisation qui vise l’intégration des hommes et des femmes dans le processus de développement économique, social et culturel, elle contribue à l’éducation et à la sensibilisation des communautés rurales, trouve des mécanismes et des solutions adéquates à leurs problèmes, surtout par rapport aux conflits agriculteurs et éleveurs, à travers des activités récréatives.
Selon la présidente, le choix du département de Boboye pour accueillir ces festivités s’explique d’abord par la proximité avec la capitale ; c’est une zone admirablement sécurisée et qui offre toutes les facilités culturelles nécessaires à l’organisation de ce genre d’activités. Cet évènement est l’expression concrète de la solidarité et de la coopération interculturelle. Et c’est une zone avec une forte communauté d’agriculteurs et d’éleveurs. A Boboye, il y a un vrai mélange ; la population est cosmopolite et plutôt bien intégrée. Et, avec des festivals culturels comme ‘’Hottungo’’, ce sont des évènements ouverts à tout le monde qui permettront d’offrir des opportunités à des gens qui ne connaissent pas véritablement la culture peuhle de la découvrir avec toute sa richesse et sa diversité. Le Hottungo sera une manifestation d’envergure et sera un évènement à la fois festif, jeune et populaire.
Elle a expliqué qu’au programme, on y trouvera « des prestations des artistes, des concours culturels notamment des poèmes, des hommages aux éleveurs, des expositions de créations d’œuvre d’art, de décoration intérieure des maisons favorisant ainsi un brassage. Nous allons recevoir le dimanche des officiels ; leur faire des visites autour des tentes Il y aura ensuite une prestation une artiste directement venue du Burkina Faso, Hamsatou Barry, puis de Fati Mariko. Suivra le défilé faggo et le défilé des vaches avec en ligne de mire un éleveur qui parle aux vaches. Il y aura un langage mimique entre lui et les vaches : tout ce que le berger dira aux vaches, les vaches vont exécuter. ‘’ Courez, elles vont courir ; ‘’levez-vous’’, elles vont se lever ; ‘’asseyez-vous’’, elles vont s’asseoir», a-t-elle expliqué.
Cette manifestation sera un moment de retrouvailles entre les éleveurs de la région et ceux des autres régions. Durant 48 heures, ces bergers vont oublier le stress de la vie et sûrement les couacs de certaines organisations faitières pour ne voir et retenir que l’essentiel, celui qui fait notre identité : la culture. Défilés, chants et danses vont ponctuer cette rencontre.
Les spectateurs vont suivre avec enthousiasme toutes ces animations des peulhs. Ils seront là pour magnifier cette culture dans toute sa diversité et l’importance de son apport socio-économique dans notre pays.
Mme Sani Fatouma mentionne que les woodabés ou Peuls nomades du Niger fêtent la fin de la saison des pluies à travers Geerewol qui consiste en un concours de beauté masculine. Au cours de ladite cérémonie, les jeunes adolescents se présentent parés de leurs plus beaux habits et mettent en évidence leurs dents blanches et leurs yeux brillants. Les peulhs célèbrent notamment le Sharoo, le Hotungo, le Geroual, la flagellation, les défilés de mode.
Parlant du secteur culturel, elle a soutenu le travail abattu pour faire la promotion entrepreneuriale et culturelle. C’est un combat important conduit par les acteurs pour restaurer cet esprit et de plus en plus le nigérien est jaloux de sa culture. « Nous devons apprendre à aimer notre culture, à nous l’approprier en parlant des coiffures et des habits importés. Aujourd’hui, on doit être fier d’arborer ces coiffures et tenues traditionnelles. Avoir un style propre à nous, je conseille aux gens d’être fiers de leur identité culturelle. Porter son héritage partout où on va, c’est important. Cela peut être un boubou, un collier, un sac typiquement africain et c’est magnifique. C’est un message parlant que tu lances aux autres, d’enclencher une conversation avec des gens qui ne connaissent pas vraiment ta culture, un moyen de pouvoir parler de notre pays, de faire sa promotion, présenter l’endroit où on vit et d’où on vient », a-t-elle soutenu. A travers des rencontres culturelles, la présidente estime «qu’on doit montrer une autre image de notre pays et mettre en avant notre beauté, notre créativité, car nous avons cette authenticité qui nous est propre et qu’il serait dommage de négliger. Nos cultures sont si riches si variées ».
Par Aïssa Abdoulaye Alfary(onep)
08 février 2019
Source : http://www.lesahel.org/