Aïchatou Mindaoudou, ancienne ministre des Affaires Etrangères : Discrétion et efficacité, 10 ans au service de la diplomatie nigérienne
Parmi les femmes qui ont marqué la vie publique nationale ces dernières décennies, Aïchatou Mindaoudou occupe incontestablement une place de choix. Ce qui, du reste, est normale pour cette éducatrice, enseignant de droit à l’Université, passée par l’éducation des masses, à travers l’ONG RIDD Fitila.
Même si elle n’est pas la seule femme à avoir occupé le prestigieux poste de ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération, elle détient par contre le record de longévité à la tête de ce département stratégique, et même dans un gouvernement, avec ses 10 ans de dignes et loyaux services au profit de la diplomatie nigérienne. Calme, discrétion et efficacité, tels sont en autres, les traits de caractère de cette Nigérienne, que d’aucuns n’hésitaient pas à qualifier de ‘’dame de fer’’, en référence à la charismatique Margaret Thatcher, Premier ministre britannique (mai 1979-novembre 1990).
Après des études de droit en Côte-d’Ivoire et une thèse de doctorat en droit international en France, Aïchatou Mindaoudou a regagné le pays en 1991, période à laquelle la vague ou plutôt le vent de démocratisation soufflait sur les pays africains. Outre sa participation à la rédaction des textes fondamentaux, elle a choisi d’apporter une autre contribution à l’enracinement du processus démocratique. Ainsi, Secrétaire générale du Réseau d’Intégration du Droit (RIDD-Fitila), Aïchatou s’est beaucoup investie dans l’éducation des masses, parcourant villes et villages du Niger pour sensibiliser les populations rurales. ‘’Il fallait surtout faire comprendre aux femmes qu’elles étaient partie prenante de ce processus et qu’il n’aurait aucune valeur sans leur participation. Nous avons beaucoup insisté sur la participation électorale, avec ce mot d’ordre : une femme, un vote’’ confie- t-elle dans le livre 100 femmes du Niger, édité par l’UNFPA.
Après cette contribution au processus démocratique, Aïchatou occupa le poste de ministre de la Promotion de la Femme, de la Population et de la Protection de l’Enfant, entre 1993 et 1996. Et pendant les périodes d’interruption du processus démocratique, elle continue à enseigner à l’Université. Puis de 1999 à février 2010, elle fut portée au poste de ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération. Pendant les 10 ans passés à la tête de ce département, elle est restée au-dessus des clivages politiques, se consacrant exclusivement à servir son pays. Ce qui lui a valu beaucoup d’estime au niveau de la sous-région, et lui a ouvert la voie pour une carrière internationale.
En 2010, Aïchatou Mindaoudou fut appelée par les Nations Unies où elle fut d’abord affectée comme représentante spéciale adjointe pour le Darfour (Soudan). Ayant donc fait ses preuves dans la gestion de ce conflit, Aïchatou fut ensuite nommée, en mai 2013, à la tête de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) composée de quelque 12.000 hommes. Quoiqu’elle fasse, la ‘’dame de fer’’ nigérienne a à l’esprit l’image de la femme. ‘’Je mets la barre très haut, car un échec aurait des répercussions négatives sur l’ensemble des femmes. De même, si je réussis, cela aura des répercussions positives sur les femmes. C’est ma contribution personnelle et modeste pour mes soeurs nigériennes’’, déclare-t-elle à 100 femmes du Niger.
Ce parcours sans faute n’a cependant pas été un long fleuve tranquille. ‘’J’ai fait beaucoup de sacrifices’’ confie- t-elle, tout en gardant le même engagement : ‘’mais si c’était à refaire, je recommencerais 10.000 fois,’’ ajoute-t-elle.
Siradji Sanda
Madame Kané Aïchatou Boulama : Un modèle de femme battante au Niger
Une des pionnières dans l’organisation et la tenue de la marche historique des femmes nigériennes qui protestaient contre la faible représentation des femmes à la Conférence Nationale, un mouvement à partir duquel est institué la journée nationale de la femme nigérienne, désormais célébrée tous les 13 mai de chaque année, Madame Kané Aïchatou Boulama n’est pas non plus une inconnue dans la marche politique du Niger. Connue dans la politique en 1991, comme déléguée à la Conférence nationale souveraine sous la bannière du PNDS-Tarayya, Madame Kané Aïchatou Boulama, a depuis lors, été à l’avant-garde de l’enracinement de la démocratie au Niger.
Née le 24 avril 1955 à Keita (Région de Tahoua), Madame Kané Aïchatou Boulama, est mariée, et mère de trois enfants. Après ses études primaires à Mainé-Soroa de 1961 à 1967, et secondaires, toujours à Mainé-Soroa, elle fréquenta par la suite le Lycée Mariama de Niamey où elle obtint son Baccalauréat série D en 1974.
C’est ainsi qu’elle entama des études supérieurs où elle sortit diplômée de l’Université de Rennes I en France, option économie générale en 1979, avant d’obtenir son Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées (DESS) en transport et distribution à l’Université de Paris 1 Panthéon -Sorbonne (France).
Femme polyvalente, pleine d’expériences, engagée, motivée dans tout ce qu’elle entreprend, Madame Kané Aïchatou Boulama a comme vertu principale, réussir avec brio la mission qui lui est confiée.
Nommée Secrétaire d’Etat au plan en 1993, Madame Kané Aïchatou Boulama, a continué à gravir les échelons à travers diverses fonctions qu’elle a occupé et à se battre pour la promotion de la femme, surtout son autonomisation à travers la valorisation de ses activités, notamment l’artisanat. Sa nomination en tant que Coordinatrice du Salon International de l’artisanat pour la Femme (SAFEM) et les réalisations qu’elle a eu à mener dans ce cadre a été un bel exemple de promotion de la femme nigérienne.
Aujourd’hui, Directrice de Cabinet du Premier ministre, Chef du gouvernement, après avoir occupé les fonctions de la gouverneure de la Région de Niamey, Madame Kané Aïchatou Boulama, est véritablement un modèle de femme battante au Niger.
Boubacar Guédé (http://Nigerdiaspora.Net)
Mme Barry Bibata Gnandou, ancienne ministre, coordinatrice du SAFEM : Une carrière au service de la femme nigérienne
Femme combattante et dévouée à la défense et l’amélioration des conditions de vie et de travail de ses soeurs, Mme Barry Bibata Gnandou a su briser certaines considérations de la société nigérienne qui avaient longtemps confiné la femme dans une sorte de carcan. Son engagement et sa détermination à respecter les droits de la femme au Niger se sont vite affichés à travers son parcours. Née à Niamey, Mme Barry Bibata Gnandou effectua ses études primaires et secondaires dans la capitale de notre pays. Elle poursuit ses études supérieures à l’Université Cheick Anta Diop de Dakar, au Sénégal, d’où elle sortit diplômée.
De son retour au bercail, Mme Barry Bibata Gnandou commença sa carrière au Ministère de l’Intérieur, avec un stage probatoire de deux ans. Au cours cette période, elle avait suivi une formation de Commissaire de Police associée en 1990. Elle exerça ce métier pendant onze ans avant d’abandonner cette carrière de Commissaire de Police dans laquelle elle s’est beaucoup distinguée. Les raisons de cet abandon sont purement et simplement politiques. Cependant, comme il fallait continuer le combat, Mme Barry Bibata Gnandou décida d’embrasser la carrière d’Avocat défenseur. Entre temps, elle a été appelée à occuper des hautes fonctions de l’Etat: première préfet-présidente de la Communauté Urbaine de Niamey; vice-maire de Niamey; directrice de la Police Judiciaire; ministre de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant, et actuellement directrice générale de l’Agence SAFEM.
Sur le plan professionnel, rien n’obligeait, cette diplomée en Droit privé à se retrouver dans le corps de la police. Elle devait normalement se retrouver dans le corps de la Magistrature. ‘’C’est la cause de la femme qui m’a amenée à la Police pour pouvoir simplement la représenter à un haut niveau. La femme nigérienne ne se trouvait pas à un niveau supérieur là-bas. Elles étaient au bas de l’échelle’’, a fait remarquer Mme Barry Bibata Gnandou.
Par ailleurs, sa constance dans le combat s’est poursuivie dans les Organisations Non Gouvernementales : D’abord membre fondatrice du Rassemblement Démocratique des Femmes du Niger qui avait mené un combat déterminant pour la promotion de la femme à l’aube de la Conférence Nationale Souveraine et sur toute la décennie d’ailleurs; puis au niveau de l’Association des Femmes Juristes du Niger où elle parcourut l’ensemble du pays pour sensibiliser les femmes sur leurs droits et devoirs. En plus, à chaque fois que la cause féminine est en jeu, Mme Barry Bibata Gnandou est sortie pour apporter sa contribution à la lutte.
Hassane Daouda
Nana-Aissa Ango Koussa, Directrice Générale de la Banque Atlantique Niger : Une femme de poigne à la tête d’une institution bancaire
Elle est actuellement la seule femme directrice générale d’une banque au Niger. Nana-Aissa Ango Koussa est de fait à la tête de près de 170 salariés et temporaires de la Banque Atlantique Niger. Cette femme, dynamique, courageuse et travailleuse, n’a pas ménagé ses efforts pour se hisser au prestigieux poste qu’elle occupe actuellement. Après une maîtrise en Economie et gestion des entreprises, elle obtient un DESS en ingénierie financière à Dakar par alternance tout en travaillant au sein du groupe Ecobank dès 1999. C’est en 2005 qu’elle intègre la Banque Atlantique et quatre (4) ans plus tard, en 2009, elle en devient la directrice générale.
Innovatrice, Nana-Aissa Ango Koussa est en train de transformer la Banque Atlantique qui, aujourd’hui, fait partie des entreprises modèles dans notre pays. En témoigne les différents accords conclus avec des grandes sociétés et différents partenaires. En décidant de soutenir Asusu, une institution de micro-finance tenue elle aussi par une autre femme, la directrice générale de la Banque Atlantique estime qu’elle voulait montrer que le partenariat femme-femme peut donner d’excellents résultats. «La banque est un métier de terrain et de contact avec toutes les couches de la population, tous les types de personne. Ce qui pose problème dans notre culture. […] Ici les femmes n’osent pas, elles se freinent elles-mêmes. Mais moi je n’ai pas de barrière », a-t-elle confié aux équipes de 100 femmes du Niger.
M. S. Abandé Moctar
Mariama Keïta : Le combat de la femme devant le micro
Mariama Keïta est incontestablement une femme qui a fait ses preuves dans le mouvement ayant marqué l’histoire de l’émancipation des femmes au Niger. Première femme nigérienne à avoir embrassé le journalisme, Mariama Keïta débuta sa carrière à la Radio Niger, en 1964, en tant que journaliste-stagiaire. Après deux ans de stage, elle se rend en France pour suivre une formation en Journalisme, Production, Réalisation à l’Office de Coopération Radiophonique (OCORA) Maisons–Laffitte, de 1966 à 1967. Actuellement, elle est consultante chercheur en Communication.
De retour au pays, Mariama a poursuivi sa carrière professionnelle en qualité de journaliste professionnelle à l’ORTN. Selon elle, à l’époque, le contexte était difficile pour une femme d’exercer un métier aussi complexe que le journalisme. Elle a tout de même osé et excellé dans le domaine, car elle était convaincue de ses ambitions et du fait qu’aucun métier n’est l’apanage de l’un ou l’autre genre. Première femme journaliste, elle était restée à la Voix du Sahel en tant que reporter, rédactrice et présentatrice du journal en Français.
De par son dynamisme au travail et sa détermination de bien faire, elle a servi au Service des Programmes de l’O.R.T.N en qualité de directrice adjointe, responsable de Productions et Réalisation en langues française et anglaise. Elle était également productrice, réalisatrice et initiatrice de plusieurs magazines, notamment ‘’Le magazine des petits’’, ‘’La voix de la santé’’, ‘’L’invité de la semaine’’, ‘’Rendez-vous avec la jeune Amérique’’, ‘’Le festival des chansons oubliées’’, ‘’Le journal sonore de la femme’’.
Forte de son caractère et de son professionnalisme, Mariama Keïta a occupé la présidence de l’instance suprême de régulation de la communication au Niger, le CSC.
Au-delà du journalisme qu’elle aime tant, elle accorde aussi beaucoup d’importance à la défense des droits des femmes et des enfants. C’est ainsi qu’elle a joué un rôle central lors de la création de la Coordination des ONG et Associations Féminines du Niger (CONGAFEN), une association dont elle a assumé la présidence de 1994 à1997. Elle a été aussi co-gestionnaire du Projet DLD (Démocratie, Liberté, Développement). Partageant ses expertises avec plusieurs autres associations de défense des droits humains, ses nombreuses expériences lui ont permis de devenir une consultante en communication. En effet, consultante en communication notamment au cabinet Management For Enterprise Consult (MEC) Niamey de janvier à octobre 2013, au Centre National de Perfectionnement à la Gestion (CNPG), Mariama Keita a aussi participé à plusieurs rencontres nationales et internationales, ce qui lui a permis de renforcer ses capacités et de persévérer dans ses activités professionnelles. Elle a à son actif plusieurs consultations, spécifiquement dans les domaines de la communication, du genre, de l’environnement, de la gestion des conflits, etc.
Par ailleurs, elle est enseignante vacataire à l’Institut de Formation aux Techniques de l’Information et de la Communication (IFTIC) où elle consacre une partie de son temps à partager et transmettre son savoir et son savoir-faire aux jeunes Nigériens.
Il faut aussi rappeler que la première femme journaliste a été également, de 1981 à 1992, chef de service Documentation à la Compagnie Minière d’Akouta (COMINAK), où elle s’occupait d’études, gestion et fonctionnement, de la revue de presse hebdomadaire, de la bibliographie mensuelle, des foires et expositions, ainsi que de la représentation de la société COMINAK.
Mariama Keïta, lauréate de plusieurs prix au plan national, est contributrice à l’élaboration de documents de travail et auteure de plusieurs écrits au niveau national et international.
Parlant d’un de ses meilleurs souvenirs en tant que journaliste, elle a évoqué la remise de sa Médaille M.B.E. Most British Empire, reçue en 1968 à Londres, capitale du Royaume Uni, à l’occasion d’un voyage officiel en Grande Bretagne du Président de la République du Niger, feu Diori Hamani, ainsi que la réception de la Médaille du Mérite Mauritanien, obtenue à Niamey en 1970, à l’occasion du voyage officiel du Président de la République de Mauritanie, M. Moctar Ould Daddah, au Niger.
Aujourd’hui encore, elle poursuit son travail avec fierté et la volonté de partager ses expériences avec les jeunes.
Laouali Souleymane
Haissa Hima, femme parachutiste : la première amazone tombée du…ciel !
Le 2 février 1967, sous l'oeil émerveillé des Niaméens venus assister avec enthousiasme à une séance de saut en parachute, une jeune fille de 17 ans, la nommée Haissa Hima, s’élança dans le vide. Le parachute au dos, le coeur gros de courage et de la joie de réaliser un rêve, elle ouvrait ainsi la première page d’une épopée fantastique : celle de l’histoire de la femme parachutiste au Niger.
Avec ce saut historique qu’elle a effectué avec succès, Haissa avait franchi, avec une autre parachutiste, un pas décisif dans l’affirmation de la combativité de la femme. A l'instant même où les pieds de la parachutiste effleuraient le sol, bien d'hommes parmi les spectateurs s'étaient vu du coup ‘’revenir sur terre’’. D'autres, hébétés ou pris de frissons, ne s'en revenaient pas : c'était bien une femme qui venait de «tomber du ciel ! ». Quelques temps après elle, la seconde fille parachutiste de sa promotion réussissait aussi une descente en chandelle. Emerveillement général chez le public qui assiste ainsi, à travers ces deux jeunes filles, à l’entrée de la femme nigérienne dans la cour du ‘’camp para’’, jusqu’alors resté l’apanage des ‘’braves hommes’’.
Dans sa rubrique ‘’Quoi de neuf?’’, le journal de l'époque, le ‘’Temps du Niger’’, dans son n° 275 du 4 février 1967, commentait l'événement en ces termes : «Décidément, les jeunes filles nigériennes entrent partout !...
Avant-hier, deux de ces filles sont tombées du ciel en parachute ! Il fallait voir leur fierté, ces pucelles ! Dans leur regard, il y avait un petit air malicieux qui demandait aux hommes : «Ce n’est pas du boulot, ça ? Où voulez-vous qu'on vous suive encore ?». Et depuis ce jour, le coup d’envoi étant ainsi donné, la femme nigérienne qui a définitivement dompté la peur de la pesanteur, a continué à suivre l’homme jusqu’au dessus des nuages pour se jeter dans le vide, avec lui, relevant ainsi chaque jour un nouveau défi.
A l'époque, en effet, on pensait que ce corps qui requiert de l'endurance à toutes épreuves et un courage infaillible ne pouvait être que l'apanage du sexe fort. Haissa, elle, n’a pas voulu l'entendre pas de cette oreille : «Le courage ne tient pas seulement qu’au coeur de l'homme. C'est une vertu que l'on doit reconnaître à la femme aussi». C'est forte de cette conviction qu'elle avait décidé de se faire enrôler dans le corps des parachutistes. Histoire de désillusionner certains esprits. Pour ce faire, elle s'arma non seulement de courage, mais aussi de détermination car il faut souligner que c'est au prix de l'entêtement qu'elle parviendra à se faire recruter. En plus du défi qu'elle avait à lever, il y avait aussi cette attirance que le parachutisme exerçait sur elle et ce, depuis qu'elle avait appris qu'au Gabon, des femmes avaient déjà fait leurs preuves dans ce corps. Née le 26 juillet 1951, Haïssa Hima, plus connue sous le nom de Haissa Mariko, a été recrutée au sein l’armée dans la promotion 1966. Elle obtint son diplôme de parachutisme le 20 février 1967, au cours de la cérémonie de présentation du drapeau national aux recrues de sa promotion à Tondibia.
Imperturbable dans ses interventions, elle nous parle de ses expériences dans le corps avec un brin de nostalgie dans la voie. Qu'est-ce qui c'était donc passé au cours du premier saut dans le vide ? ‘’Oh ! Contrairement à ce qu'on pouvait penser, je n'avais eu aucun sentiment semblable à celui de la peur. J'étais plutôt émue, très fière de pouvoir enfin réaliser mon rêve : me jeter dans le vide et montrer à ceux qui m'en croyaient incapable, la portée de mon aptitude», s'empresse-t-elle de nous répondre sans une très grande prétention dans le ton. Nombreux sont les souvenirs, bons ou pénibles, qu'elle garde encore au tréfonds de sa mémoire. Mais son aventure la plus inoubliable reste ce saut exécuté en avril 1971. Au cours de ce saut, elle n'eut pas l'audace de crier «la belle affaire !» car juste au moment où elle s'éjecta de l'avion, une violente tornade se déclencha. Lancée dans le vide à la merci des violents coups de vent, de la poussière et de la pluie, elle entreprit tant bien que mal de rendre la chute moins tragique. Fort heureusement, elle avait pu éviter la catastrophe, mais pas sans avoir quelques gouttes de sueur froide dans le dos. «C'est le saut le plus difficile que j'ai eu à faire», reconnaît Haissa. Mais il y a aussi les sauts de nuit, qui ne sauraient être une petite affaire même pour les parachutistes les plus audacieux.
De nos jours, la première «amazone du ciel» de notre pays ne regrette en rien d'avoir choisi une telle voie. Cependant elle déplore une seule chose, le manque d'un statut fixe, clair et précis pour toutes les femmes parachutistes du pays. Cette situation devient pour le moins fâcheuse en ce sens qu'elle constitue un obstacle majeur dans le processus de son avancement. A part cela, elle estime qu’il n’y pas de trop grandes contraintes dans le métier. A propos-de l'égalité entre l'homme et la femme, Haissa adopte une attitude mi-figue, miraisin : «Même si cette égalité existe entre la femme et l'homme, ce dernier ne la reconnaîtra jamais à la femme. Mais ce n'est pas la connaissance que j'ai de cette réalité qui m'empêchera de continuer à essayer de la prouver à ma manière», précise-t-elle, en guise de conclusion. Ce qui est sûr, elle mérite bien du respect dans son treillis militaire.
Assane Soumana
Mme Sani Morou Fatouma : Le tourisme et l’environnement, credo
Mme Sani Morou Fatouma, est une Nigérienne dynamique et battante, connue des Nigériens dans les milieux d’affaires et au sein de la compagnie d’aviation aérienne continentale «Air Afrique » et à travers son entreprise «Soleils d’Afrique ».
Ingénieure commerciale de formation, femme imbue du sens de la communication, aux allures imperturbables et à la démarche élégante, elle a exercé une longue et riche carrière au sein de la défunte compagnie africaine. Un passage long de 26 ans qui en dit long sur son ouverture d’esprit, mais qui fait aussi dire, à tort, à certains Nigériens que cette fonctionnaire d’Air Afrique a été une hôtesse de l’air. Hôtesse oui, mais pas hôtesse de l’air puisqu’à Air Afrique, elle a occupé d’importants postes de responsabilité dont celui de chargée des relations publiques. Un travail qui faisait dire à certains qu’elle était hôtesse de l’air. Dans son parcours, Mme Sani Morou Fatouma s’est révélée au grand public lorsqu’elle avait été nommée ministre du Tourisme et de l’Artisanat en 2009. Un choix qui se justifiait amplement pour cette femme qui a toujours montré son intérêt pour le tourisme. Mais pour les amateurs de l’art eux, la connaissance de Mme Sani Morou Fatouma s’est faite à travers sa galerie ‘’Soleils d’Afrique’’, une entreprise individuelle qu’elle a créée en juillet 2003 pour la promotion de l’art. Une première au Niger! Avant elle, il n’existait pas de galerie d’art au Niger, encore moins une galerie créée par une femme. ‘’Soleils d’Afrique’’ continue aujourd’hui encore son bonhomme de chemin, dix ans après sa création, et s’impose majestueusement au Village de la Francophonie. Elle devenue d’ailleurs ‘’Espace Soleils d’Afrique’’, étendant ainsi ses prestation aux autres domaines ; la culture (surtout), les loisirs, les récréatifs, l’évènementiel, le tourisme, l’environnement, la communication. Avec un personnel dévoué, ‘’Espace Soleils d’Afrique’’ est donc devenu un centre culturel digne de ce nom disposant de toutes les installations et du personnel dont on a besoin pour organiser des activités à caractères socioéducatifs.
Grâce à la volonté de fer de cette femme battante de réussir malgré les contraintes et l’environnement, on peut estimer qu’aujourd’hui ‘’Soleils d’Afrique’’ brille de mille et une couleurs et participe à l’amélioration de la qualité de vie des habitants de la capitale, à l’agrémentation du séjour de nos hôtes, invités ou touristes. Chef d’entreprise, Mme Sani Morou Fatouma est une femme qui a surtout le sens et le goût inventif du luxe, de l’élégance, de la vie en mieux. A travers ‘’Espace Soleils d’Afrique’’ qu’elle a créé de sa propre initiative, elle laisse libre cours à son imagination et sa créativité pour offrir à sa clientèle un cadre idéal de travail, d’organisation d’activités à caractère social. Elle entend également donner aux ménages nigériens l’opportunité de partager des instants de joie et de détente dans la convivialité. Mais elle nourrit aussi l’espoir de donner aux jeunes l’occasion de connaitre leur environnement. A un moment où la flore connait une dégradation avancée suivie de la disparition de certaines espèces, la préservation de l’environnement est un impératif. L’éducation environnementale peut en être la panacée pour elle.
C’est le souci qui l’a inspirée et guidée à prendre l’initiative de créer un parc environnemental, une sorte de jardin botanique de 0,9ha pour recevoir les espèces d’arbres, d’arbustes spécifiques à notre pays en voie de disparition. Bref, il s’agit à travers cette initiative, la première au Niger, de créer un micro environnement où les jeunes nigériens seront formés à la question de l’environnement. L’initiative, ayant déjà acquis l’agrément du Ministère de l’Environnement, la promotrice de ‘’Espace Soleils d’Afrique’’ envisage de signer des partenariats avec les écoles, et précise que l’accès sera totalement gratuit aux élèves. Espace Soleils d’Afrique se veut un cadre d’inspiration et pour la promotion du développement durable. Le directrice générale pense qu’au Niger, il y a beaucoup à faire, le terrain est encore peu occupé. Mme Sani Morou estime qu’il y a également des femmes de talent qui peuvent réussir dans divers domaines, pour peu qu’il y ait de l’audace, de la persévérance et de l’’engagement.
Zabeirou Moussa
Mariama Hima Yankori : Un parcours atypique
Femme pionnière, atypique ! Tout au long de son parcours, Mariama Hima Yankori se révèle exceptionnelle. À commencer par la scolarité. En effet, à l’époque où très peu de filles allaient à l’école, Mariama Hima Yankori a pu d’abord mener ses études à Niamey, jusqu’au baccalauréat qu’elle a décroché au début des années 1970.
Après quelques mois de bénévolat au Musée national de Niamey, elle part en France pour des études supérieures. Suite à ce bref séjour au Musée national, aujourd’hui musée Boubou Hama, Mariama Hima Yankori s’est découvert une vocation de muséologue. Et lorsqu’elle débarque en France en 1973, elle entama des études en sciences humaines, notamment en muséologie, sociologie, et anthropologie. Ecole du Louvres, Musée de l’Homme, elle mène parallèlement des études d’ethnolinguistique à l’Ecole de Hautes Etudes en Sciences Sociales de Paris. Le diplôme de maitrise décroché, cette passionnée des musées revient au pays, juste pour un court séjour au musée national avant de rejoindre les amphithéâtres toujours dans l’hexagone pour faire un DEA en anthropologie visuelle, puis le Doctorat. Ce cursus académique couronné par un doctorat en anthropologie, elle le doit, dit-elle, à ses parents et ses relations.
De retour au pays en 1989, Mariama Hima Yankori a retrouvé le Musée National qu’elle connait bien pour y avoir déjà travaillé, avant d’être nommée directrice nationale de la culture en 1990. A ce poste, elle a organisé le 20ème anniversaire de la Francophonie, et a aussi oeuvré, à côté d’autres cadres, à la réussite de la candidature du Niger à l’organisation des 5èmes Jeux de la Francophonie qui se sont déroulés au Niger en 2005.
En 1996, alors qu’elle assurait la fonction de conservateur du Musée National, le Président Baaré Mainassara qui venait de prendre le pouvoir suite à un coup d’Etat, la nomme secrétaire d’Etat à la Promotion de la Femme et à la Protection de l’Enfant. Une nomination surprise, se rappelle-t-elle, car c’est par les personnes venues la féliciter que Mariama Hima a appris sa promotion. ‘’Je n’ai même pas été consultée, et quand j’ai appris la nouvelle, j’ai dit ‘’alors là, ça bascule’’. ‘’Qu’est ce que je fais de mes ambitions’’, me demandais-je ?
Le temps de la surprise passé, Mariama Hima Yankoria pris son rôle au sérieux, et, avec beaucoup d’engagement. Elle va se battre pour obtenir plus de prérogatives, et parvient à faire ériger le Secrétariat d’Etat en ministère. C’est ainsi qu’elle se retrouvera ministre du Développement Social, de la Population et de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant. Mais l’expérience n’a pas duré. Du reste, elle ne se plaisait pas tellement dans son rôle et ne se retrouvait pas dans la façon de concevoir la place de la femme, confie Mariama Hima. Mais, paradoxalement, elle avait commencé ‘’à prendre goût‘’ à cause des actions entamées en faveur de la femme nigérienne.
Mais elle quittera ce ministère suite à sa nomination en tant qu’ambassadeur du Niger à Paris, en France. ‘’C’était une première au Niger’’, rappelle-t-elle. Aujourd’hui encore, Mariama Hima Yankori rend hommage au Président Baré Mainassara pour avoir ‘’osé’’. Pour elle, c’est la femme nigérienne qui a été honorée à travers sa nomination. La mission qui lui a été confiée était un véritable chalenge, puisqu’elle avait à représenter un régime qui a accédé au pouvoir suite à un coup d’Etat. Mais dès sa nomination, rappelle-t-elle, elle s’est plongée dans son carnet d’adresses pour un ‘’travail souterrain’’. ‘’Avant même de prendre fonctions, j’ai tout de suite pris l’avion pour aller voir les Chefs d’Etat de la sous6région, afin de leur expliquer la situation du Niger’’, se souvient-elle. Pour elle, la diplomatie, n’est pas une carrière ou une fonction à laquelle prédestine un profil académique. ‘’Je lie la diplomatie à la vie sociale. On ne peut pas dissocier les deux. La diplomatie, c’est essayer de colmater les brèches, d’arrondir les angles, essayer d’intercéder pour telle ou telle chose’’, explique Mariama Hima Yankori.
Non sans difficulté, elle a conduit cette mission avec des résultats probants. Les autorités arrivées au pouvoir après les élections organisées suite à l’assassinat du Président Baaré Mainassara, l’ont gardée à son poste d’ambassadeur du Niger en France jusqu’ en 2003. Rappelée au pays, ‘’de manière scabreuse’’, comme elle le dit, cette battante n’est pas restée inactive dans sa retraite. La soixantaine sonnée, et, à défaut de servir dans les sphères des services publics, Mariama Hima Yankori continue à servir et à offrir son expérience dans le cadre des activités associatives, ONG et, aussi en tant que consultante, domaine où elle est sollicitée à l’extérieur. ‘’Pour les Nigériens, je ne sais rien faire’’, ditelle. Au-delà de son caractère ironique, cette façon de parler exprime un fait: Dr Mariama Hima Yankori, ancien ministre et ancienne ambassadeure du Niger en France, n’a jusque-là aucune décoration nationale. En revanche, elle est Chevalier et Grand officier de l’Ordre du mérite Français, Commandeur dans l’Ordre des Palmes Académiques Françaises, Ambassadrice de la Paix (F.PU).
‘’ La politique, ce n’est pas mon affaire. Mais, il faut du tout pour faire un monde, il y en a qui sont dotés d’une capacité de mobilisation, il y en a qui sont dotés de capacité d’intervention sur les médias, ce qui n’est pas mon cas. Par contre, Dieu m’a donné le don de travailler très discrètement, et je n’ai pas eu trop d’écueils dans toutes mes activités’’, dit-elle.
Le moment le plus exaltant de son parcours, confie Mariama Hima, c’est celui de sa carrière diplomatique, une carrière où il n’y avait pas pourtant beaucoup de femmes.
Mais Mariama Hima Yankori est une femme au parcours un peu atypique. Elle avait des ambitions qu’elle tenait à réaliser. ‘’Malgré tout, j’ai eu le temps de m’occuper de tout le monde, je n’ai pas eu de problèmes en tant que tels, parce que je sais arrêter à un moment donné ; je dois me consacrer à moi, à ma famille, à mon entourage. J’ai essayé de concilier tout cela. C’est vrai que j’ai beaucoup privilégié d’abord déjà mes études et ma carrière par rapport au social ; et Dieu a exhaussé tout ce que j’avais comme rêves’’. C’est ainsi que cette battante apprécie son parcours.
Souley Moutari
Mme Idrissa Zeinabou Yabo : Le béret, la fierté et le mérite
Une femme directrice générale de la douane nigérienne ? Du jamais vu jusqu’à une date récente, en 1997 quand, Mme Idrissa Zeinabou Yabo s’est vue confier le poumon essentiel de notre économie. Elle avait la lourde tâche de faire bouger les choses et de motiver les hommes et les femmes chargés de mobiliser les ressources de l’Etat. Mme Idrissa Zeinabou Yabo avait alors 42 ans.
Nantie d’un diplôme de l’Ecole Nationale d’Administration, niveau supérieur, option Douane, Mme Idrissa Zeinabou Yabo intègre en 1978 l’administration douanière comme Officier des Douanes. Elle devient la première femme à parvenir à ce niveau. Après une formation complémentaire en France en 1981, elle devient inspectrice principale des douanes avec le grade de Colonel de ce corps paramilitaire. Elle a d’abord été nommée adjointe au chef du bureau des Douanes à l’Aéroport de Niamey en 1982.
Après la Direction Générale des Douanes, cette femme ayant un sens aigu du management s’est vue confier en 1999, les destinées de la Société Nigérienne de Transit (NITRA) qui, selon les informations que nous avons reçues d’une biographie de Mme Idrissa Zeinabou Yabo, était au bord de la faillite. Sitôt venue, la nouvelle directrice redressa la barre de la société en seulement deux années. En 2000, elle retourne dans le corps de la Douane, puis, elle est rappelée pour prendre les rênes du Conseil des Utilisateurs des Transports Publics (CNUT) qui se trouvait aussi en difficulté.
Les défis n’ont jamais fait peur à cette femme qui a toujours retroussé ses manches face à ceux-ci. Elle confiait dans le document «100 femmes du Niger» : «J’étais attirée par la tenue militaire, particulièrement par le port du béret. Mais surtout, j’étais attirée par ce métier réservé aux hommes». Pour elle, le fait d’avoir atteint les plus hauts niveaux de l’administration a ouvert les portes à d’autres femmes. « Mais, je me suis battue aussi pour qu’on puisse recruter des femmes à tous les niveaux, pas seulement des cadres », a ajouté Mme Idrissa Zeinabou Yabo.
M. S. Abandé Moctar
Mme Talata Rhamatou Alkhaly, Directrice générale de la LONANI : Dynamique et déterminée
Dans un environnement économique nigérien entièrement dominé par les hommes, rares sont les femmes qui réussissent à s’affirmer et à émerger. Mme Talata Rhamatou Alkaly fait figure d’exception. Mariée et mère de cinq enfants dont trois (3) garçons et deux (2) filles, elle allie sans difficulté travail et vie familiale. Elle est juriste de formation et bénéficiaire d’une expérience de plus d’une vingtaine d’années à la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Artisanat. Depuis 2010, elle est directrice générale de la Loterie Nationale du Niger (LONANI), une fonction à laquelle elle se dévoue corps et âme, avec pour seul objectif la satisfaction de sa clientèle, en apportant toujours des innovations. C’est avec un sourire et une mine décontractée que cette femme au teint d’ébène, très confiante dans son travail et en ses capacités, a accueilli notre équipe.
En tant que directrice générale, son activité essentielle est le management de l’entité qui lui a été confiée, ce qui représente en soi tout un programme. Si le management a ses règles communes, toutefois, chaque entreprise se caractérise par ses spécificités. La LONANI est un Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial (EPIC) créé par l’ordonnance n°93-006 du 15 février 1993, pour succéder à la Tombola Nationale du Niger, qui a été créée en 1966. Elle a pour objet ‘’la mobilisation de l’épargne nationale par l’organisation de jeux à enjeu d’argent, de quelque nature que ce soit’’. Elle a une mission de service public et participe pleinement au développement socioéconomique du pays, à travers les lots qu’elle distribue, les impôts et taxes qu’elle verse à l’Etat et aux collectivités, le sponsoring sportif ou culturel et le soutien à l’éducation, à la santé et aux personnes nécessiteuses, etc.
En plus de l’organisation des jeux, elle est chargée du contrôle des personnes et des organismes publics auxquels le Ministère des Finances accorde des dérogations, la LONANI détenant le monopole de l’activité ludique avec mise d’argent et contrepartie en espèce et/ou en nature, sur tout le territoire national. Cent- quatrevingt- deux (182) agents permanents, répartis dans six (6) agences et neuf (9) centres de traitement qui sont des sous-agences, aident Mme Talata à mener à bien cette mission. En plus de ce personnel, il y a ‘’le fer de lance’’ de toute cette activité économique, la force de vente, constituée de plus de 500 hommes et femmes de tous âges, présents sur toute l’étendue du pays. A tous, elle profite pour exprimer son entière satisfaction pour le travail qu’ils abattent quotidiennement pour le grand bonheur de la clientèle.
Selon la Directrice Générale, avec ses produits et services, la Loterie a des retombées socio-économiques très importantes tant pour les finances de l’Etat que pour les ménages pris individuellement. Elle en veut pour preuve les fréquentes remises de chèques aux heureux gagnants, sans compter les milliers d’autres bénéficiaires d’importantes sommes. Mme Talata Rhamatou Alkali, cette femme est en train de faire un parcours exemplaire en collaboration avec le personnel de la Loterie Nationale du Niger, en rendant visible leurs actions. Ses efforts sont reconnus et magnifiés, tant sur le plan national qu’international. Ainsi, la LONANI, sous la direction de Mme Talata Rhamatou Alkaly, a reçu le ‘’Trophée International de l’Excellence aux Affaires 2012’’ du Global Trade Leaders’ Club, le ‘’Trophée de la Meilleure Femme Manager de l’Année 2012’’ de l’Association 100% Niger, le ‘’Trophée de la Femme Leader Actuelle dans le Pouvoir Exécutif 2013’’ de TIFAA/NIGER, le ‘’Golden Award for Quality & Business Prestige’’ de Otherways Association Management &Consulting- France et, tout récemment, le ‘’Trophée 8 mars 8 Femmes’’, à l’occasion de la journée internationale de la femme. Outre ces consécrations, un témoignage de satisfaction a été décerné à cette brave femme par le personnel de la LONANI, le 28 décembre 2012.
Se prononçant sur la place de la femme dans le développement de la Nation, Mme Talata Rhamatou Alkali précise que la participation de la femme au développement socioéconomique du Niger est de nos jours une réalité palpable, surtout avec le Programme de Renaissance mis en oeuvre par Président de la République, Son Excellence Mahamadou Issoufou, et qui fait la part belle à cette frange incontournable de la population. Les autorités, a-t-elle dit, mettent tout en oeuvre pour l’épanouissement de la femme nigérienne. Il revient, aux femmes, rurales comme urbaines, alphabétisées ou non, de bannir de leurs actes et comportements tout complexe d’infériorité, et de montrer ce dont elles sont capables. Cela leur vaudra plus d’estime de la part de leurs homologues masculins, et aussi de reconnaissance de la société tout entière.
Concernant la loi du quota, la directrice générale de la LONANI pense que si elle est bien appliquée, les femmes nigériennes seront pleinement impliquées dans toutes les instances dirigeantes; elles pourront accéder à des fonctions politiques et administratives, à des proportions acceptables. Il y aura, a dit Mme Talata Rhamatou Alkali, ‘’une sorte de minorité critique, à défaut d’un équilibre au niveau de la représentation des femmes aux instances décisionnelles du pays’’. Mais, ajoute-t-elle, ‘’dans la pratique, il revient à nous, femmes, de nous battre pour le respect de cette loi, et surtout de prouver que nous méritons d’être plus présentes dans la gestion de la cité, sans discrimination.
Pour terminer, la directrice générale de la LONANI estime que la Nigérienne doit cultiver et développer en elle certaines valeurs morales, qui sont entre autres: la dignité, la probité, la rigueur, le respect des autres ainsi que des engagements pris.
Aissa Abdoulaye Alfary
Mme Zeinabou Maidah Mamoudou : une patronne modèle
‘’Ma famille m’a inculqué cette vision, particulièrement ma mère qui a fait sienne la maxime : ‘’Là où tu es plantée, tu dois fleurir, sinon ta vie ressemblera à un arbre dépouillé et sans vie’’, ainsi parlait Mme Maidah Mamoudou Zeinabou. Sa quête perpétuelle d’autonomie est tributaire de l’éducation qu’elle a reçue. Ainsi, elle a vite assimilé qu’il faut se battre sans jamais compter sur autrui. Guidée par un certain nombre d’ambitions basées sur le culte de travail bien fait, le don de soi et la rigueur, Mme Maidah incarne cette nouvelle génération des grandes battantes, chefs d’entreprises au Niger. Depuis décembre 1994, elle gère une des plus grandes entreprises du Niger : NIGER-LAIT Née le 5 juin 1962 à Agadez, Mme Maidah Mamoudou Zeinabou est mère de quatre (4) enfants. Après ses études primaires à l’école mission et au lycée la Fontaine, elle a obtenu le Bac D au Lycée Kassaï de Niamey. En 1981, elle entame des études d’Agronomie à la Faculté des Sciences Agronomiques de l’Université de Niamey, études sanctionnées par une maîtrise es sciences agronomiques en 1986, un cycle qu’elle a momentanément interrompu pendant deux (2) ans pour des raisons de famille. Animée toujours par la quête du savoir, elle s’envole pour la France où elle fréquenta l’ENSIA SIARC de Montpellier avant d’effectuer, en 1988, une spécialisation en ingénierie industrielle et agro-alimentaire à l’ENSIA de Nancy. De retour au pays, elle est aussitôt embauchée par la Société Braniger en tant que responsable contrôle qualité et process, puis affectée en septembre1992 à Maradi en tant que chef d’exploitation où elle a eu maille à partir avec la direction générale qui s’est débarrassée d’elle mais non sans un procès qu’elle a gagné à leurs dépens, deux (2) ans plus tard. ‘’A quelque chose malheur est bon’’, a-t-on coutume de dire, car cet incident a réellement constitué le déclic de son départ pour le monde des affaires. En effet, c’est grâce aux frais qu’elle a reçu comme dommages et intérêts qu’elle a jeté les bases de son entreprise.
Niger-Lait SA est ainsi créé, avec un statut d’entreprise individuelle et un capital très modeste, appuyé par l’Agence de Financement de Libre Entreprise (AFELEN) qui a agréé, suite à une requête, le financement de 67 millions de francs CFA qui ont permis à l’entreprise de franchir le pas du stade artisanal vers le stade industriel. En créant cette entreprise, il s’agissait, pour Mme Zeinabou Maidah Mamoudou, d’amener sa contribution en matière de promotion des produits locaux, de création de d’emplois, de promotion de l’économie nationale, et aussi de mettre sur le marché un aliment à haute valeur nutritionnelle. A travers Niger-Lait SA, elle a contribué à booster le développement national, à travers la création d’emplois à la jeunesse et la génération de revenus dans le secteur de l’élevage. Aujourd’hui, Niger-Lait SA, c’est un chiffre d’affaires de 5 milliards de FCFA, un personnel composé de 102 agents sur le site, 09 cadres et 97 agents d’exécution. Elle a contribue largement à la lutte contre la pauvreté à travers l’achat direct du lait auprès des éleveurs par le biais 470 collecteurs. Portant son appréciation sur l’évolution de la femme nigérienne, des années 1990 à nos jours, la directrice générale de Niger-Lait SA affirme que les femmes représentent une force sociale, économique et politique qui s’impose dans le paysage des acteurs de la vie nationale. Actuellement, a-t-elle indiqué, les organisations féminines ont dépassé le stade de l’activisme pour s’impliquer dans les débats d’idées concernant la souveraineté nationale, la gouvernance, l’équité du genre, le droit des communautés etc. Cependant, déplore-telle, ces organisations féminines connaissent aussi des faiblesses. Leurs capacités organisationnelles restent encore faibles, affaiblissant leur force de pression, et handicapant du coup leur capacité de mobilisation. Selon elle, il y aussi une grande incompréhension à corriger en regardant dans la même direction en tant que femmes pour relever le défi de l’adoption du code de la famille. ‘’A mon humble avis, aucune autorité parentale n’en sera écorchée ou confisquée. Il y a aussi la loi sur le quota qui stipule qu’un minimum de 10 % des postes électifs doit être occupé par des femmes, et qu’un minimum de 25% des postes nominatifs doit aussi être occupé par des femmes. Toutefois, pour toutes sortes de raisons, même ce minimum n’est pas atteint’’, affirme Mme Zeinabou Maidah Mamoudou. Relevant que le système des quotas est certes une mesure provisoire, elle estime que sa mise en application effective, tant en ce qui concerne les élections que les nominations aux postes de décision, amorcerait la résolution, sinon l’atténuation de la problématique de la quasi absence des femmes sur la scène politique, et donc dans les postes de décision de notre société. Quant à la parité homme-femme, souligne-t-elle, ‘’elle est fidèle au principe selon lequel les initiatives de développement devraient tenir compte des besoins des femmes autant que de ceux des hommes et garantir l’égalité des chances face aux avantages et aux services. L’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes doivent être perçues à la fois en tant qu’objectifs et instruments de réduction de la pauvreté. Les valeurs humaines ne sont donc pas innées, elles s’acquièrent par l’effort, la saine émulation et vont au-delà de la bonne volonté’’. Pour elle, un combat aujourd’hui et un combat acharné pour demain.
La PDG de NIGER-LAIT S.A est chevalier de l’Ordre du mérite agricole français, chevalier de l’Ordre national du mérite français, grande Médaille d’or du travail du Niger et Chevalier de l’ordre national du mérite du Niger.
Aissa Abdoulaye Alfary
Réki Moussa Hassane, Directrice Générale de Asusu SA : «Nous devons nous affirmer dans nos différents secteurs d’activités», affirme la DG de Asusu SA
Elle fait partie de la nouvelle génération de femmes leaders au Niger. ‘’Gérer une entreprise est une lutte de tous les jours et il est hors de question de baisser les bras’’. Chose normale, car les défis sont énormes et difficiles. Cette diplômée en économie appliquée, ingénieur aménagiste, affiche un parcours impressionnant et excelle aujourd’hui dans le domaine de la micro finance. Elle a pu transformer un projet de développement en association puis en entreprise purement privée. Cette entreprise de micro finance a démarré ses activités dans un garage et occupe aujourd’hui un des grands immeubles de la capitale. Elle, c’est la Directrice Générale de Asusu SA, Mme Réki Moussa Hassane, également présidente directrice générale de Holding Asusu. Elle nous raconte son parcours professionnel avec beaucoup de patriotisme pour inspirer la jeunesse nigérienne dans son ensemble, et particulièrement les femmes en qui elle croit et pour lesquelles elle dit vouer estime et considération.
Née le 21 Août 1971, Mme Réki Moussa Hassane s’insère dans la vie professionnelle à 23 ans, et en 1994, elle fut intégrée au projet de la GTZ Niger. Deux ans après, elle devient chef du projet Mobilisation des ressources des femmes à CARE International. Elle participe alors activement au développement de la méthodologie Mata Masu Dubara (MMD) qui a donné naissance au mouvement MMD favorisant ainsi l’émergence et la construction d’une société civile féminine forte et représentative au Niger. La réussite de cette méthodologie dans un pays très pauvre, a facilité sa réplication dans une vingtaine de pays en Afrique et en Amérique Latine. Ce succès lui a permis de gravir des échelons à CARE International où elle finit par occuper le poste de coordonatrice du secteur micro finance et de la commission Genre.
En 2004, sous le leadership de cette brave femme, le Gouvernement du Niger et la Banque Africaine de Développement (BAD) initient une Institution de Micro Finance dénommée Asusu ciigaba. Celle-ci a engagé un processus de restructuration ayant abouti à la création le 10 juin 2008, d’une société anonyme au capital de 3 milliards de FCFA dénommée Asusu SA. Occupant une place de leader dans le secteur de la micro-finance au Niger, elle est classée parmi les plus grandes institutions de l’espace UEMOA. En dix ans d’existence, Asusu SA a ouvert 42 agences en zones rurales et urbaines, devenant ainsi le plus vaste réseau financier du pays, intervenant dans plus de 3.300 villages sur l’ensemble du territoire.
Aujourd’hui, ASUSU SA emploie 330 personnes mobilisées au service des vaillantes populations écartées du système financier classique. Comme on le constate, la carrière de Mme Réki Moussa Hassane reste couronnée par trois grands défis qu’elle a pu relever avec brio : le développement et la promotion de la méthodologie à Mata Masu Dubara de CARE International ;l’initiative «Agent Villageois», un système d’encadrement des organisations paysannes, initié par elle même en 1997, et qui lui a permis de créer des centaines d’emplois au profit des femmes rurales analphabètes, Mata Masu Dubara ayant un leadership naturel d’animer et d’encadrer des groupes ; enfin la transformation institutionnelle avec succès d’un projet de développement en association, puis en entreprise purement privée, sans aliéner la vision initiale du modèle.
Pour la Directrice générale de Asusu SA, l’émancipation de la femme nigérienne est une réalité dans la mesure où on la retrouve dans tous les secteurs d’activités. «Je pense que cela est dû au fait que la femme nigérienne prend de plus en plus conscience qu’elle doit être au même titre que les hommes, une actrice du développement socioéconomique du Niger», dit-elle. Tout en estimant que beaucoup reste à faire notamment en ce qui concerne la scolarisation des filles, elle précise que les disparités qui existent entre la scolarisation des garçons et des filles sont énormes. Sur le plan politique et juridique, soutient-elle, la femme nigérienne joue un rôle déterminant, car pour la première fois en 2011 nous avons eu une femme candidate à une élection présidentielle. ‘’Et, bien avant cette année, une femme a eu à diriger la Cour Constitutionnelle de notre pays et présentement une femme est à la tête de cette institution, sans oublier d’autres femmes qui sont dans des institutions, des entreprises, des sociétés’’, ajoute Mme Réki Moussa Hassane.
La DG de ASUSU SA n’oublie par les nombreuses femmes activistes dans la société civile. Autant d’éléments qui laissent présager un lendemain meilleur pour la femme nigérienne. ‘’C’est vrai que le rôle de la femme est reconnu, mais cette dynamique doit être maintenue. Nous devons passer des discours aux actes supposés faire évoluer notre cause. Nous devons nous affirmer dans nos différents secteurs d’activités», a-telle dit. Elle considère que la loi sur le quota est un début de solution. Cette loi, estime-t-elle, a été la porte d’entrée de beaucoup de femmes aux postes de responsabilité. ‘’Des choses restent à faire, la pauvreté continue d’être féminine, surtout en milieu rural. Il y’a une volonté politique, mais elle doit se traduire par des engagements, des efforts et des actions pour scolariser la jeune fille et financer des activités génératrices de revenus’’, souligne Mme Réki qui conseille à ses soeurs de se fixer des objectifs et des priorités et d’y croire. ‘’Qu’elles consacrent leur temps et leur énergie et surtout qu’elles soient très patientes et qu’elles prennent le temps d’écouter les conseils des aînées’’, conclut la DG de ASUSU.
Aissa Abdoulaye Alfary
08 mars 2019
Publié le 13 mai 2014
Source : Le Sahel