Les oulémas, les chefs religieux chacun dans sa sphère de compétence ont fourni des explications avec comme preuve ce que la religion prévoit sur cette question de mendicité. « La mendicité est un comportement qui ne colle pas avec nos valeurs, c’est un comportement qui ne colle pas avec le bon fonctionnement de la ville. La présence des mendiants dans les rues, au niveau des restaurants, des carrefours, des pharmacies, des marchés, dans les mosquées, etc. entrave beaucoup le  fonctionnement de la ville. Cela est une dérive qui comporte des risques pour ceux qui pratiquent la mendicité, mais aussi pour les usagers de la route, et pour toute la population et cela mérite d’être discuté entre nous » a dit en substance le Président de la Délégation spéciale de Niamey. M. Moctar Mamoudou a précisé que des efforts importants sont en train d’être faits pour l’embellissement de nos villes. « Il faut qu’il y‘ait une harmonie par rapport au fonctionnement de notre société. La mendicité a un impact défavorable à l’embellissement de notre capitale surtout que notre pays va accueillir bientôt le sommet de l’Union Africaine » a-t-il dit

Le procureur de la République Cheibou Samna a, de son côté éclairé l’assistance sur  ce que la loi permet dans ces circonstances. Il a expliqué des textes de loi notamment les articles : 179, 180, 181,182 du code pénal nigérien. Ainsi déclare-t-il, l’article 179  stipule que toute personne qui aura été trouvée, mendiant dans un lieu public ou privé sera punie d’un emprisonnement de trois (3) à six (6) mois. L’article 180 stipule qu’aucune peine ne pourra toutefois être prononcée contre les vieillards de plus de 60 ans et les infirmes. Et l’Article 181 : (loi N° 63-3 du 1erfévrier  1963) stipule que les parents de mineurs de moins de 18 ans se livrant  habituellement à la mendicité, tous ceux qui les auront invités à mendier ou qui en tirent sciemment profit seront punis d’un emprisonnement de 6 mois à 1 an. Le Procureur de la République a également parlé de l’article 182 qui stipule que toute personne membre d’une association de mendiants sera punie d’un emprisonnement de un (1) à deux (2) ans.

Après les interventions des organisateurs de la rencontre, les représentants des ONG et Associations ont expliqué les causes de la mendicité, parmi lesquelles on peut citer la pauvreté, l’ignorance de la population vis-à-vis des percepts religieux, la recherche du gain facile, la démission des parents, le handicap et la vieillesse. A cela s’ajoutent les facteurs socioculturels, le manque d’emploi, le veuvage, etc. Avec des exemples bien précis, les représentants des ONG et associations ont expliqué qu’il ya trois catégories de mendiants : les valides qui sont les jeunes talibés, les enfants des personnes en situation de handicap et les ‘’exodants’’. Il y’ a aussi Les non valides dont les personnes handicapées (hommes, femmes et enfants) et les personnes âgées sans soutien. Sans oublier ce qu’on appelle les mendiants circonstanciels

Les représentants des ONG et associations ont esquissé des pistes de solutions pour éradiquer ce phénomène social qui est devenue une préoccupation majeure pour l’ensemble de la population. Pour eux, ces stratégies de réduction de la mendicité se résument à la création d’emplois, à la formation professionnelle, à la sensibilisation des populations, à la répression du phénomène et surtout l’à institutionnalisation de l’enseignement coranique. En termes d’actions à mener, ils ont souligné la nécessité de créer des activités génératrices de revenus, de responsabiliser les parents, de sensibiliser les mendiants par les religieux, d’organiser des retours en famille des mendiants valides. Les représentants d’Ong ont aussi recommandé la création d’un centre  d’accueil  de mendiants et l’adoption d’un arrêté interdisant la mendicité au niveau des feux optiques et des carrefours.

Aïssa Abdoulaye Alfary (ONEP)
15 avril 2019
Source : http://lesahel.org/