Dans le souci d’asseoir une dynamique de développement  au niveau de la région, indique M. Ahmed Amétchikou, assistant du Projet SMI, l’ONG HED Tamat,  un partenaire à l’écoute des communautés rurales, et CARE Allemagne/Luxembourg mènent, depuis 2001, des projets de développement  pour le bien-être des populations afin d’instaurer une paix générale et durable.

À ce titre, les actions menées sont axées sur la mise en place d’infrastructures sociales et économiques de base qui contribuent à l’émancipation des populations.

Grâce au financement de ses divers partenaires dont CARE Deutschland-Luxembourg, l’ONG  HED Tamat  renforce ainsi son soutien à l’amélioration des conditions de vie des populations et accompagne l’Etat dans ses politiques de développement, tant au niveau des zones urbaines que rurales, à travers des investissements dans les secteurs sociaux de base comme la santé, l’éducation, l’environnement, la sécurité alimentaire, la paix et la stabilité, et la formation sans oublier les Activités Génératrices de Revenus (AGR) pour les femmes.  

C’est dans cette dynamique que l’ONG HED Tamat et CARE Deutschland-Luxembourg ont élaboré et mis en œuvre le projet ‘’Santé Maternelle et Infantile’’ pour consolider le système de santé dans la région, parce que notre pays affiche l’un des taux de mortalité infantile les plus élevés de l’Afrique subsaharienne. Certes, les améliorations constatées dans la réduction considérable de 43% de la mortalité des enfants de moins de cinq ans grâce à l’appui de nombreux partenaires seront poursuivies et même accélérées pour atteindre la cible pour la survie de l’enfant proposée dans le cadre du Programme de Développement Durable à l’horizon 2030. L’ONG HED Tamat a, de ce fait, inscrit ses actions dans cette logique  et s’est engagée à  poursuivre et intensifier ses efforts en vue de renforcer et de consolider les résultats  attendus par l’Etat du Niger dans le cadre des  Objectifs du Millénaire pour le Développement et l’amélioration significative des conditions de vie socioéconomiques des populations nomades.

Ce projet vise d’abord la réduction de la mortalité maternelle et infantile par le renforcement des infrastructures sanitaires; le renforcement de capacité des acteurs dans le cadre de  la sécurité alimentaire et des activités génératrices de revenus. Dans les zones rurales, les populations vivent dans des habitats dispersés, et sont ainsi confrontées à un problème d’accès aux services de soins primaires, conséquences de leur mode de vie qui est le  nomadisme à la recherche des pâturages. Cela les oblige à s’éloigner des centres urbains pour faire paître leurs animaux autour des points d’eau et dans la zone rurale. Il faut alors parcourir de longues distances pour trouver un centre de soins. Avec l’ignorance et la négligence, la santé des femmes et les enfants n’a fait que se dégrader.

C’est pour soulager ces communautés que l’ONG HED Tamat et son partenaire CARE Deutschland/Luxembourg ont initié le projet «Santé maternelle et infantile «  avec deux bailleurs. Les objectifs du projet,  indique M. Ahmed Amétchikou, sont multiples et visent entre autres à favoriser l’expression et le partage de savoirs des populations  sur les questions  de santé; leur responsabilisation concernant leur santé en augmentant leurs connaissances, et les organisant à travers une dynamique communautaire  afin de devenir les acteurs de leur mieux-vivre, de leur  propre santé et de  celle de leurs villages et campements.

Le projet  SMI accompagne les efforts de l’Etat  dans  la mise en œuvre du Plan d’actions prioritaires du PDS (Plan de Développement Sanitaire)  qui définit des priorités  pour aller vers la couverture universelle, l’équipement des structures de santé et la poursuite du développement des ressources humaines.

En inscrivant ses actions dans le cadre de la couverture universelle des besoins en santé, le projet  a mené des  appuis en ressources humaines qui ont permis d’améliorer les différents  ratios conformément aux normes de l’OMS, ce qui s’est traduit par  la construction et l’équipement des infrastructures sanitaires, l’amélioration directe de la santé, le renforcement des capacités du personnel de santé et des Organisations de Participation Communautaire (OPC) pour la gestion et l’efficience du système, sans oublier surtout l’utilisation des services de santé par les populations, indique M. Ahmed Amétchikou.

Un volet important du Projet vise à réduire les obstacles culturels, géographiques et financiers qui empêchent aux femmes d’aller accoucher dans un centre de santé. Pour ce faire, ce volet intervient par la formation des sages-femmes afin de mieux prendre en charge les accouchements, la mise en place d’équipements et l’amélioration du niveau technique des agents de santé dans les centres de santé afin d’optimiser l’efficacité et l’organisation de la référence en cas de complications.

Il est prévu en outre des activités économiques ou génératrices de revenus pour réduire la pauvreté et améliorer le pouvoir d’achat des populations, et par conséquent leurs conditions de vie. Le projet s’est étalé sur la période 2012-2016 et est scindé en deux lignes financées par:

Le Ministère allemand  du Développement et de la Coopération (BMZ) pour les  communes cibles que sont Agadez, Ingall, Aderbissinat, Tchirozérine, Dabaga, Tabelot, Dannat, Arlit, Gougaram, Iférouane et Timia.

Le Ministère des Affaires Etrangères  du Grand-Duché du Luxembourg (LUX) pour des interventions similaires dans les communes cibles d’Ingall, d’Aderbissinat, de Dabaga, Tabelot, Dannat, Gougaram, d’Iférouane et deTimia.

Pour la ligne BMZ (Ministère allemand  du Développement et de la Coopération), les actions visent essentiellement ‘’l’Amélioration des conditions de vie, tout particulièrement de la santé de la mère et de l’enfant dans 11 communes de la région d’Agadez’’ NER 2551. Grâce aux crédits de cette ligne, il a été réalisé  dans le cadre de la réduction de la mortalité maternelle et infantile, la construction et l’équipement de 4 nouvelles cases de santé dans le cadre de l’extension de la couverture sanitaire à N’Tirzawène et Anou n’Alher (Tabelot), Anekar (Gougaram) et Tchin’Agarof (Aderbissinat) pour 34 millions de FCFA ; l’amélioration des équipements de 3 cases de santé existantes à Takemous (Iférouane), Tekanassart (Timia) et N’Kadewane (Aderbissinat) pour 4 millions 500 mille FCFA.

Les nouvelles cases de santé ont été construites dans des localités isolées et où les femmes et les enfants ont des difficultés pour trouver facilement un centre de soins.

Dans le cadre du  renforcement de capacités, 112 membres des comités de santé locaux des districts de Tchirozérine et Arlit ont  reçu des formations. En effet,  pour une gestion efficiente des centres de santé (CSI, CS), il est plus que nécessaire que les membres des COGES jouent bien leurs rôles, car généralement les personnes choisies n’ont aucune expérience dans la gestion ni dans la mobilisation des populations. Dans le même cadre, il y a eu la formation de 240 membres de groupements féminins dans des domaines relevant de la médecine de reproduction. Le projet a prévu cette ligne en sachant que les femmes leaders  constituent des acteurs incontournables dans les questions de santé de la reproduction (SR) et que, parfois, c’est l’ignorance et le confinement qui sont à la base de complications sévères et même mortelles. Donc les lemmes leaders, une fois formées, peuvent être d’un apport considérable dans la lutte contre le  phénomène.

A cela s’ajoute la formation de six agents de santé dans le domaine des premiers secours. Ces agents ont été ciblés dans des campements afin de porter les premiers secours et surtout convaincre et orienter les malades vers les services de santé.

Enfin, sur ce volet du renforcement des capacités, il faut noter aussi la formation et l’équipement de six auxiliaires vétérinaires en médecine vétérinaire afin d’améliorer la santé du bétail. Ces 6 auxiliaires de santé ont appris à diagnostiquer et à traiter les principales maladies des animaux, servent aussi de relais entre les éleveurs et les services techniques de santé animale.

En ce qui concerne les  activités relatives à la sécurité alimentaire et génératrices de revenus, il faut souligner la mise en place de 10 boutiques pastorales, car dans cette zone nomade, les populations s’éloignent des centres de concentration et sont éparpillées sur les terrains de parcours afin de profiter mieux des pâturages,  s’éloignant ainsi des commerces pour le ravitaillement en produits de première nécessité. Donc c’est afin d’atténuer leur calvaire que le projet a mis en place ces boutiques où on trouve des produits à la portée de toutes les bourses, car les ventes se font au détail.

Sur le même volet, 22 puits maraîchers ont été cimentés, car les jardiniers rencontrent d’énormes difficultés pour stabiliser leurs puits traditionnels qui s’éboulent très facilement. Cette action a donc été menée pour augmenter leurs rendements et pour mettre les jardiniers dans de bonnes conditions de travail, à leur grande satisfaction et celle des consommateurs.

Dix-huit puits villageois et 17 puits pastoraux ont été réhabilités, ce qui constitue un grand soulagement pour les bénéficiaires, car les puits traditionnels sont stabilisés par du bois ou de la paille, et cela constitue un danger pour la santé. En outre, pour améliorer la qualité de l’eau, 35 puits ont été restaurés (cimentation intégrale, rajout de buses, comblements de cavités ou équipements de surface).

Un parc de vaccination a été mis en place à Tiguida n’Adrar, dans la commune d’Ingall où le sol est salé et contient des minéraux très recherchés par les éleveurs. La commune connait donc un flux important d’animaux à certaines périodes de l’année. Ces animaux viennent de partout et même de l’extérieur. Pour surveiller la santé des troupeaux, des campagnes de vaccination sont organisées périodiquement. C’est pour cela que le projet a construit ce parc de vaccination qui est très fréquenté pour la cure salée.

Il y a eu aussi l’aménagement de 7 boutiques pour produits vétérinaires: la région d’Agadez est une zone d’élevage par excellence. La majorité des éleveurs pratiquent un élevage extensif où les animaux ne sont pas bien suivis. Le projet  a mis donc en place ces 7 boutiques d’intrants zootechniques pour permettre aux éleveurs de trouver sur place des produits et des compléments pour la santé de leurs animaux.

Enfin, le dans ce volet relatif à la     sécurité alimentaire et aux activités génératrices de revenus, le projet apporte des appuis à 120 groupements féminins pour l’amélioration de leur production artisanale: les femmes pratiquent un peu partout l’artisanat qui leur procure un complément de revenus. Mais ce n’est pas toujours facile, parce qu’elles n’ont pas de facilités pour trouver les matières premières. Pour cela, elles ont été sensibilisées à la vie associative et ont reçu un appui  financier qui leur permettra d’exercer bien leurs activités artisanales.

 A travers ces importantes réalisations, on voit que le projet Santé Maternelle et Infantile est un vaste programme qui englobe le domaine sanitaire, l’accès à l’eau  et à l’alimentation qui sont tous des priorités pour la survie en milieu rural. Même si les nomades sont adaptés à cette vie,  l’apport du projet a conforté leur situation en offrant des services supplémentaires pour le bien-être des populations et surtout des femmes et des enfants. Le projet a touché les secteurs vitaux pour les communautés: la santé, l’élevage et le maraîchage pour atteindre son objectif principal qui est l’amélioration des conditions de vie.

Pour les crédits de la Ligne LUX qui vise le ‘’Renforcement de la Santé Maternelle et Infantile dans les huit communes rurales de l’Aïr, Niger’’,  NER 8041 a pour objectif de permettre à 15 000 femmes et 6000 enfants de la région d’Agadez, un accès à des meilleurs systèmes de soins de santé maternelle et infantile, à l’eau potable et à la nutrition, en quantité suffisante tout au long de l’année.

Le projet a construit et équipé 3 maternités à savoir Timia et Krip krip (Timia) pour 121 millions 500 mille FCFA; des équipements en électrification solaire et en mini adduction d’eau potable pour les maternités de Timia et Krip,  trois (3 )cases de santé sont également construites et équipées dans les villages de  Tchirozérine mosquée (Timia), Baïtal (Dabaga) et Fouta (Aderbissinat) pour un coût total de 25 millions 500 mille FCFA ; les équipements de 6 cases de santé sont améliorés dans les localités de N’Tadeyné et N’Jiran (Timia), Tchizamène et Anouzagaghane (Dannat) et Ebourkoum et Tadak (Iférouane) pour 9 millions francs FCFA ;   2 cases de santé sont transformées en CSI de type 1 et fournies en équipements sanitaires, à savoir Zomo (Timia) et Eshkar (Aderbissinat) pour un montant de 26 millions  de Francs CFA ; les 6 ambulances communautaires d’Abarakane et Tefarawt(Timia), d’Aouderas (Dabaga), de Talat (Tabelot), d’Aderbissanat et de Tchinteloust (Iférouane) sont réhabilitées en vue de révolver les problèmes d’évacuations des malades pour une enveloppe de 9 millions 825 mille FCFA, et 5 motos de marque Honda sont mises à la disposition des COGES des CSI d’Ebay (Tabelot), d’Eshkar (Aderbissinat), de Zomo (Timia), et des case de santé de N’tirzawene (Tabelot) et Fouta (Aderbissinat).

A travers ce projet, l’ONG HED-Tamat a mené plusieurs autres actions de développement  dans le domaine de la santé, dont entre autres la formation, l’amélioration des conditions de vie des femmes, la sensibilisation ainsi que  l’appui aux groupements   féminins par l’atteinte des résultats suivants :  5 puits à roues hydrauliques  sont construits pour les cases de santé de Tekanasser (Timia), Anouzagrène (Tabelot), Tchintouloust Tchistan (Iférouane) et Ziguiraw (Dannet) ; 5 pompes hydrauliques sont installées sur les puits villageois d’eau potable  d’Aouderas (Dabaga), de Tabelot et Tchilewen Garan (Tabelot) de N’Tadeni (Timia) et Gougaram ; 12 centres de nutrition pour 3000 enfants sous alimentés sont soutenus (Timia, Tabelot, Agaya, Iférouane, Tinteloust, Gougaram, Tchintaborak, Tchintchin Taghat, Elmecki, Aouderas, Tiguida N’Adrar et Tindawene) ; 320 groupes de femmes sont formés sur la santé reproductive; plus de 6000 personnes sont sensibilisées sur la santé maternelle, infantile et la nutrition au sein de 8 communes d’intervention du projet, de même  que 152 membres des comités de santé locaux  et 18 sages-femmes et 52 femmes relais sont formés, chacun en ce qui le concerne, sur les domaines relevant de ses compétences ;  4 foyers de femmes sont construits et équipés à Zomo et Taméchit (Timia) et Assada et Dabaga (Dabaga) ;  60 groupements de femmes sont appuyés avec un fonds de roulement renouvelable en vue d’entreprendre des activités génératrices de revenus (production artisanale) ; et enfin de 10 magasins de village sont mis en place pour la proximité des produits de premières nécessités au sein des villages de Tekanassar (Timia), d’Amassassagh (Iférouane), de Tagdofat (Aderbissinat), d’Eshkar (Aderbissinat), d’Egeuf (Aderbissinat), de Tekrideghass (Gougaram) de Fichat (Dannet), de Marandat (Aderbissinat), de Taghmert (Iférouane) et d’Anfoug (Tabelot).

Les activités de HED-TAMAT concernent aussi la mise en place des infrastructures sociales et productives de base (centres de santé, maternités, centres d’artisanat, écoles, boutiques pastorales, puits maraîchers/villageois/pastoraux, magasins de stockage et de commercialisation des produits maraîchers, fontaines d’eau potable dans les villages), la valorisation du patrimoine artistique et culturel des groupes cibles.

Dans le cadre du projet  ‘’ Santé maternelle et infantile’’,  environ   300 millions 500 mille FCFA ont été investis pour plusieurs réalisations afin de satisfaire les besoins sanitaires des populations, tant en milieu urbain que rural, dans la région d’Agadez.  L’ONG HED Tamat,  à travers le Projet SMI, fait partie des partenaires qui ont permis d’améliorer  la couverture sanitaire qui passe de 61% en 2010 à 68,35% en 2016 dans la région d’Agadez.

Par Abdoulaye Harouna

ANP-ONEP/Agadez

07 avril 2017
Source : http://lesahel.org/