Sur ce plan le pays présente le plus haut taux de mariage des enfants au monde. Selon des statistiques fournies par l’UNICEF en 2016, une proportion de 75% des filles sont mariées avant leur dix-huitième anniversaire, 28% d’entre elles sont mêmes devenues des épouses avant 16 ans. Cette pratique est particulièrement ancrée dans les familles défavorisées issues de communautés rurales, souvent peu instruites et où les valeurs familiales traditionnelles sont très présentes. Cette prévalence est d’autant plus importante dans les territoires situés au sud du Niger, jusqu’à atteindre le nombre critique de 89% dans la région de Diffa (FNUAP 2012). Le mariage des enfants est à la fois un symptôme et une conséquence de la discrimination basée sur le genre favorisé par le patriarcat, l’insuffisance de l’offre de service tant au niveau de l’accès que de la qualité, en particulier pour l’éducation, et la pratique d’une justice traditionnelle orale. Parmi les causes couramment évoquées figurent les normes sociales qui cantonnent la femme à un rôle d’épouse et de mère dépendante d’un époux chef de famille d’une part ; et qui mettent fin précocement à l‘enfance des jeunes filles en les privant de la période de transition que représente l’adolescence avant l’entrée dans l’âge adulte d’autre part. Une approche intégrée impliquant les multiples parties prenantes et les ministères permettra d'accélérer le recul du mariage des enfants. Les interventions suggérées doivent favoriser le processus de changement des normes sociales tout en étant soutenues par des opportunités et alternatives qui contribueront à la création d'un environnement favorable dûment soutenu par des cadres institutionnels, des améliorations structurelles, une mobilisation communautaire et une législation efficace. Par conséquent, en 2014, le gouvernement du Niger s’est joint au mouvement de lutte contre le mariage des enfants initié par l’Union Africaine et a lancé sa campagne nationale en décembre de la même année. En août 2016, suite au bilan à mi-parcours qui a eu lieu à Lusaka, le ministère de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant a mis en place un comité national de coordination pour promouvoir le mariage des filles après 18 ans, lequel comprend entre autres les ministères de l’éducation, de la santé, de la justice, de l’intérieur, des représentants des coalitions d’ONG nationales des droits de l’enfant et des droits de la femme, Save The Children, World Vision, Plan International, Care et Oxfam, UNFPA et UNICEF.

Oumarou Moussa(onep)

07 juin 2019
Source : http://lesahel.org/