Qui vend du carburant à la base militaire américaine sur le dos de la Sonidep ?

Ce trafic de carburant importé au détriment de la Sonidep et du Niger implique certes, l’ambassadeur Ousmane qui a fourni le saufconduit. Or, c’est un marché de plus de quatre milliards de francs CFA, concocté avec des responsables de la base militaire américaine au Niger. Pour de nombreux lecteurs du Courrier qui ont réagi à la révélation, la semaine dernière, du scandale, il est clair qu’Alhousseïni Ousmane, dont on connaît la servilité vis-à-vis du Président Issoufou bien avant son accession au pouvoir, ne peut se permettre une telle permission sans la «bénédiction» de son patron. Du reste, le ministre des Affaires étrangères a été soigneusement tenu à l’écart de l’affaire. Pourtant, le jour de la signature du laissez-passer, l’ambassadeur Ousmane était encore à Niamey depuis belle lurette. Il avait tout loisir d’en parler à son supérieur hiérarchique direct. Mais il a plutôt instruit un de ses collaborateurs, le conseiller Dan Barma Aboubacar afin qu’il signe le sauf-conduit par ordre. Tout laisse croire que certaines autorités publiques nigériennes et des responsables de la base militaire américaine au Niger ont négocié entre eux ce deal frauduleux. À Niamey bien avant la 33e conférence de l’Union africaine, Alhousseïni Ousmane a été, selon des sources politiques très crédibles, aperçu à plusieurs reprises en compagnie de l’ancien directeur général de la Sonidep, Ousmane idi Ango. Ces entrevues régulières ont-elles un lien avec ce deal d’hydrocarbures importés ?

Le Fmi épingle la HALCIA pour son indolence préjudiciable à la lutte contre la corruption

La société américaine basée au Ghana et dénommée CRUDENERGY par laquelle le carburant est transporté via Agadez , une société de transport, aurait d’ailleurs contacté la Sonidep aux fins de négociation. « C’était, de l’avis du témoin à charge qui a dénoncé l’affaire auprès de la HALCIA, une vulgaire façon de dissimuler la fraude ». Quoi qu’il en soit, l’affaire a atterri à la HALCIA. Mais il n’y a pas de quoi s’emballer pour les organisations de lutte contre la corruption. Outre le fait qu’Alhousseïni Ousmane est un homme-clé de la galaxie Issoufou et que la HALCIA est rattachée à la présidence de la République, l’affaire du permis biométrique a montré la sélectivité des dossiers de corruption et infractions assimilées traités par cette institution qui fait finalement beaucoup de boucan pour rien. Dans un communiqué rendu public le 18 septembre 2019, le ministre des Transports, Karidio Mamadou a informé les usagers que les activités de traitement et d’édition du permis biométrique reprendront sur toute l’étendue du territoire national à partir du 23 septembre prochain. Selon des informations de source policière, des instructions ont été données à la HALCIA pour arrêter toute enquête à propos de l’affaire qui met pourtant en cause la société qui les permis . C’est dire si la HALCIA va mettre le coude sur ce scandale. Dans un rapport officiel rendu public en août 2019, le Fonds monétaire internationale (Fmi) a clairement indiqué que « la corruption est répandue et enracinée au Niger ». Et à propos de la HALCIA, le Fmi note que « alors qu’elle a été saisie d’un grand nombre d’affaires, elle n’en a référé jusqu’à présent qu’une poignée au procureur de la République ».

Laboukoye 

21 septembre 2019
Source : Le Courrier