Sa camarade de classe est, elle, d’un tempérament différent. En effet, c’est avec beaucoup d’aisance mélangé parfois d’un grain d’humour que Fatsouma Ali, aujourd’hui âgée de 19 ans raconte son histoire. « J’ai été renvoyée en classe de 5ème parce que je faisais l’école buissonnière », dit-elle avec un léger sourire. « En réalité le fait que la majorité de mes amies s’étaient mariées m’a ôté toute envie d’aller à l’école. Je voulais juste me marier comme elles. Mon papa et ma maman ont tout fait pour que je continue les études mais je ne voulais pas et c’est pourquoi j’ai été mariée », ajoute-t-elle.

Fatsouma Ali a aussi été mariée à l’âge de 16 ans, elle aussi à un jeune "exodant". Leur mariage a duré un an et deux mois et le jeune couple avait eu un enfant. Concernant la raison du divorce, la jeune femme n’en trouve pas. «Nous n’avons aucun problème, mais c’est Dieu qui a décidé ainsi», affirme-t-elle. «Aujourd’hui, je regrette amèrement de n’avoir pas poursuivi mes études. Je voulais devenir agent de santé ou enseignante pour aider la communauté et contribuer au développement de mon village », confie-t-elle.

Maintenant Fatsouma Ali a une autre idée de l’importance de l’éducation pour les jeunes filles. « Certaines filles sont mariées alors qu’elles ne savent même pas cuisiner ou s’occuper de leur foyer. Or si la fille a étudié, elle aura appris beaucoup de choses qui peuvent l’aider dans sa vie conjugale. C’est ce que nous apprenons aujourd’hui à travers l’économie familiale qu’on nous enseigne. J’en appelle aussi aux parents de laisser les filles étudier avant de les donner en mariage », plaide-t-elle.

Il existe de nombreuses jeunes filles victimes de situations similaires dans de nombreux villages du pays. Mais Saadi et Fatsouma font preuve d’un courage et d’une résilience qui forcent l’admiration. C’est, en effet, avec beaucoup de détermination et des objectifs très clairs que ces deux jeunes femmes suivent leur formation au CFM de Doguérawa. Elles comptent toutes deux, après obtention de leurs diplômes, ouvrir leurs propres ateliers et mettre en pratique les connaissances acquises dans les autres domaines pour recommencer une nouvelle vie conjugale.

Siradji Sanda, Envoyé Spécial

24 octobre 2019
Source : http://www.lesahel.org/