Les chercheurs d’or creusent ici et là, délaissant un trou pour entamer un autre, non sans avoir au préalable ramassé le sable dégagé qu’ils stockent dans des sacs. Tout le site est donc parsemé de trous d’au moins un mètre de profondeur.

  1. Issoufou Diori, un jeune-homme du quartier Talladjé que nous avons trouvé dans le trou qu’il était en train de creuser est sûr que l’or existe sur le site : ‘’Je suis ici depuis trois jours. Je peux vous affirmer qu’il y a de l’or ici. Pour preuve, regardez à l’intérieur de ce trou que nous avons creusé. Tout celui qui connaît les signes de l’or, peut le reconnaitre. Le Niger regorge d’or dans son sous-sol. Donc notre pays doit tout faire, à l’image des autres pays comme le Ghana, pour prendre tout en mains afin de faciliter l’exploitation de l’or. Il faut que le Gouvernement du Niger s’inscrive dans cette logique, afin d’aider la jeunesse’’.

Selon certains habitants du village de la commune de Liboré, le premier jour, l’ambiance n’était pas aussi surchauffée. Les gens venaient et repartaient, sans rien révéler. Mais l’affluence, disent-ils est allé crescendo les jours suivants. Il est vrai qu’avec l’incertitude de trouver de l’or, certains repartaient aussi, découragés par des tentatives infructueuses. Mais pour d’autres, il n’en est pas question, il faut persévérer jusqu’à preuve du contraire.

Kadri Amadou a la ferme conviction qu’il y a de l’or dans les parages. ‘’Cela fait plus de 10 ans que je travaille dans le domaine de la recherche de l’or. Je vous jure qu’il y a de l’or ici, mais seuls ceux qui sont patients pourront en trouver. Que Dieu nous aide. Nous serons là jusqu'à la dernière minute.’’

Idrissa Moumouni dit ‘‘Oura Fanciko’’ (chercheur d’or) partage le même avis, celui des optimistes. Il est tout à fait convaincu que ‘’l’or est bien là‘’. Pour étayer sa thèse, il nous montre des indices qu’il a connus sur d’autres sites d’or où il a acquis certaines expériences. Les signes, dit-il, sont palpables et convaincants. Il en est tellement convaincu qu’on a l’impression que tout de suite les pépites vont jaillir de sous terre sous les coups de pioches acérés de nos jeunes braves. ‘’ Nous demandons à l’Etat de nous venir en aide. Si l’Etat arrive à nous octroyer le matériel nécessaire, nous allons prouver à la face du monde que l’or est partout au Niger’’.

Sur le site, nous avons rencontré aussi de grands operateurs économiques circulant un peu partout pour voir la véracité du phénomène, et encourageant les jeunes à chercher davantage, sans se décourager. ‘’Qui cherche trouve’’, leur lancent-ils. Un de ces opérateurs du nom de Ahmad Housseyni nous explique : ‘’Moi, je suis venu voir, de mes propres yeux, si l’or existe ici ou non. Jusqu’ici, je n’en ai pas vu, mais ce qui est sûr, c’est que les signes de la présence de l’or sont tangibles’’.

Après toutes nos péripéties, de l’or, notre équipe n’a entendu que le nom. Cependant, en observant les sables prélevés en profondeur par les ‘’fossoyeurs’’ ou surtout en jetant un coup d’œil dans les trous, on voit des matières jaunâtres, avec des petits éclats de brillantine.

Autre aspect de cette ruée vers l’or, c’est la cherté de la vie sur le site, une situation d’ailleurs commune à tous les sites d’exploitation de l’or. Ici, en moins d’une semaine de la ‘’découverte de l’or’’, les activités génératrices de revenus ont foisonné un peu partout. Les vendeuses et vendeurs de nourriture sont installés un peu partout, faisant fi de l’ardeur du soleil. L’essentiel pour eux, c’est d’écouler leurs denrées. Et on trouve de la nourriture de toutes sortes, mais vendues ‘’à prix d’or’’.

Il en est ainsi de l’eau, qui coûte les yeux de la tête, car à cause de la chaleur accablante, il n’y en a pas suffisamment, la demande étant trop forte. Un vendeur ambulant nous affirme que la veille même, durant toute la journée, le sachet d’eau a été vendu à 100F au lieu de 25F.

Maïmouna Zankaygna, une dame qui vend du ‘’lémou hari’’ (jus de fruits), de l’eau conditionnée en sachets ou ‘’pear water’’, et de la glace, ne dit pas le contraire. ‘’Je viens de Gamkallé ; c’est mon troisième jour ici aujourd’hui. Vraiment je trouve mon compte, Dieu merci ; j’arrive toujours à écouler tous les produits que j’amène ici’’.

Abdoul Aziz Ibrahim Souley (ONEP)

28 avril 2017
Source : http://lesahel.org/