Après le département de Boboye qui a enregistré des défections de militants proches de Hassoumi Massoudou au profit du Pjp Doubara du général Djibo Salou, évènement qui a surpris plus d’un puisque, intervenant au lendemain de la réconciliation entre l’ancien ministre des Finances et le président et candidat du Pnds Tarayya. Pour montrer sa bonne foi qu’il se met désormais à la disposition de son parti et de son candidat officiel, Hassoumi a même joint l’acte à la parole en faisant la tournée électorale dans le Boboye, chez lui, aux côtés de Mohamed Bazoum. Si c’était déjà une première fissure dans les murs du Candidat Bazoum, l’affaire n’a pas toutefois soulevé beaucoup de poussière, le Boboye n’étant pas reconnu grand fief du Pnds Tarayya. Et Bazoum, le candidat adoubé par le Président Issoufou, a continué ses pérégrinations électorales pour lesquelles ses pas l’ont successivement conduit à Tahoua, puis à Gaya et à Maradi où il se trouve actuellement.

La campagne électorale prématurée de Mohamed Bazoum, empoisonnée

La campagne électorale anticipée de Mohamed Bazoum risque d’accoucher d’un monstre. À mesure qu’il construit, d’autres semblent déconstruire, le condamnant au supplice de Sisyphe. Dans la région de Tahoua, notamment, les défections de militants du Pnds Tarayya se multiplient. À Konni, Malbaza, Dogarawa, Djidan Idder, les départs massifs de leaders locaux avec leurs militants se font enregistrer à un rythme soutenu. À Dogarawa, en particulier, dans le fief d’Ousmane Idi Ango, ancien directeur général de la Société nigérienne d’exportation de produits pétroliers (Sonidep), les défections sont devenues le lot quotidien. Bien que stigmatisé et dénigré, Ousmane Idi Ango n’est pas rien dans la région de Tahoua. La déclaration lue, le 20 août 2020, autour du sieur Djamilou Elhadj, dans la commune rurale de Doguerawa, fait état de la défection d’ensemble de tous les militants de ladite commune rurale. Le phénomène se répète et tend, donc, à devenir récurrent. Ce qui empoisonne la campagne électorale de Mohamed Bazoum.

Selon des sources politiques crédibles, de nombreux autres Ousmane Idi Ango sont tapis dans le bois

Le concassage des partis politiques, longtemps dénoncé par les partis d’opposition, est à présent le lot du Pnds. Un phénomène d’autant mal vécu par Mohamed Bazoum et ses obligés qu’il n’est pas le fait d’un adversaire politique quelconque. Le coup vient de l’intérieur. Et il est peut-être imparable. Le parti et le candidat bénéficiaire ? Le Pjp Doubara du chef de la junte militaire qui a fait tomber Mahamadou Tandja en 2010. La saignée risque de se poursuivre, notamment dans la région de Tahoua où, selon des sources politiques crédibles, de nombreux autres Ousmane Idi Ango sont tapis dans le bois. Leur mission : débaucher le maximum de leaders politiques et d’opinion au profit du Pjp Doubara de Djibo Salou. Une information qui n’inquiète pas que le candidat Bazoum. Au sein de la classe politique nigérienne, l’on s’interroge sérieusement sur ces vagues de défections de leaders et militants du Pnds Tarayya au profit du Pjp Doubara.

L’histoire serait-elle en train de donner raison à Hama Amadou ?

Si les uns attendent de voir davantage pour se faire une religion définitive sur la finalité du phénomène, les autres pointent déjà du doigt le fameux deal que Hama Amadou, le chef de file de l’opposition a dit lier Issoufou Mahamadou et son bienfaiteur, Djibo Salou.

Selon ce deal, Djibo Salou, alors à la tête de l’Etat pour une transition militaire devant conduire le pays à des élections générales de restauration d’un régime constitutionnel, devait faciliter l’élection d’Issoufou Mahamadou à la magistrature suprême et après deux mandats, celui-ci doit créer les conditions d’un retour au pouvoir du général bienfaiteur. Pour le moment, Djibo Salou a quitté l’armée, « pour des convenances personnelles », a-t-il avancé et a créé un parti politique en lice pour les échéances électorales prochaines. Lui-même est candidat à l’élection présidentielle et les militants démissionnaires de Doguerawa ont bien souligné apporter leur soutien à la candidature de Djibo Salou, président du Pjp Doubara. L’histoire serait-elle en train de donner raison à Hama Amadou ?

Laboukoye