A mesure que l’on s’approche des échéances électorales, l’incertitude grandit et gagne des espaces insoupçonnés. Au doute de la tenue des élections à date en raison d’une commission électorale qui n’est pas plus sûre de son agenda que le citoyen lambda, se greffent une prolifération de micros- partis jamais égalée et des crises multiples qui désagrègent le landerneau politique nigérien. Au pouvoir depuis près de dix ans, le Pnds Tarayya était, jusqu’à cette démission fracassante de Idi Ango Ousmane, ancien directeur général de la Société nigérienne de produits pétroliers (Sonidep) et actuel directeur général de la Caisse de péréquation, éloigné des soubresauts qui ont secoué nombre de grands partis politiques. Le parti de Mohamed Bazoum était même, il faut le dire, considéré comme au-dessus des crises qui ont abouti, dans certains partis, à l’éclatement du groupe en deux. Des partis politiques tels que le Mpr Jamhuriya d’Albadé OAbouba et le Mnrd Hankouri de Mahamane Ousmane, sont nés ainsi. L’idée que le Pnds Tarayya, qui a pourtant connu des défections de grandes figures par le passé, à l’image de feu Issa Bagalam, maître Souley Oumarou, Sabou Saïdou ou encore Ardji Kirgam, est au dessus de certaines crises internes tient son origine dans une volonté idéologique de prêter une certaine maturité, voire une immunité incontestable aux socialistes nigériens. Longtemps, le Pnds a surfé sur cette image de solidité trempée dans l’acier de la fidélité, de la loyauté et des convictions politiques de ses responsables.
La démission d’Ousmane Idi Ango et de ses soutiens locaux de Malbaza est une catastrophe pour Mohamed Bazoum
La démission d’Ousmane Idi Ango, qui tient le bastion politique de Malbaza, au coeur du fief du Pnds Tarayya, vient subitement rappeler à l’opinion nationale que la propagande tient plus du mythe que de la réalité. L’homme ne s’en vas pas tout seul, il emporte avec lui toute la structure locale du Pnds. Etr lorsqu’on sait que, à partir du piédestal de la Sonidep, l’intéressé s’est construit u n empire politiue sur lequel il trône, il va sans dire que son départ fait un grand mal au Pnds Tarayya et à Mohamed Bazoum. Un Bazoum qui est en campagne électorale avant l’heure légale et qui cherche à rassembler tous les courants de ce parti dont on dit qu’il est un candidat par défaut. Est-ce cela qui se matérialise dans cette démission d’Idi Ango Ousmane et de ses soutiens locaux ? Rien n’est moins sûr. Ce qui est certain, c’est une catastrophe pour le président et candidat officiel du Pnds. Aussi bien en termes électoral, mais aussi en termes d’image et de perception. Perdre un soutien électoral aussi important d’Ousmane Idi Ango est un coup dur mêle si, dans les milieux proches de Mohamed Bazoum, la tendance est à la minimisation de l’évènement. Considérée comme un non-évènement ou un combat d’arrière-garde, la démission d’Idi Ango Ousmane et de sa clique comme il est écrit quelque part, sonnerait-il le glas du Pnds Tarayya ?
Le Pjp Doubara, vers lequel semble migrer Ousmane Idi Ango, n’est pas particulièrement une foudre de guerre politique et électorale.
Annoncé pour aller au Pjp Doubara de Djibo Salou, l’ancien chef de la junte militaire de 2010 qui rêve de revenir au pouvoir, cette fois par les urnes, Ousmane Idi Ango est perçu, tantôt comme un cheval de Troie, tant comme un casse-cou. Serait-il instrumentalisé pour faire un bébé dans le dos à Mohamed Bazoum ? Sa démission du Pnds a de quoi interloquer. Présenté comme étant un jeune loup proche du Président Issoufou, le directeur général de la Caisse de péréquation aurait vu son ambition de présider l’Organisation des jeunes Tarayya (Ojt) complètement douchée du fait de Mohamed Bazoum qui lui a préféré Daoui Ahmet Baringaye. Mais, cette brouille peutelle expliquer la cassure ? Il ne s’agit sans doute pas d’un simple opportunisme comme le présentent les militants du Pnds qui soulignent aujourd’hui qu’Idi Ango n’est venu au parti qu’en 2010, en pleine euphorie nourrie par la prééminence du Pnds sur les organes de la Transition militaire de Djibo Salou. Le Pjp Doubara, vers lequel semble migrer Ousmane Idi Ango, n’est pas particulièrement une foudre de guerre politique et électorale.
Jusqu’à Mohamed Bazoum peut-il faire semblant ?
Frappé en plein coeur, alors qu’il se trouve encore dans la région de Maradi, le président et candidat du Pnds Tarayya broie certainement du noir. Il doit pourtant continuer à jouer la carte de la cohésion et du rassemblement, gages de confiance des électeurs. D’autres coups similaires ne sont d’ailleurs exclus, tant on sait à quel point la candidature de Mohamed Bazoum a suscité des oppositions tenaces au sein du Pnds Tarraya même. Pour le moment, il affiche un air d’assurance, mais il est habité par l’angoisse, témoigne un militant du Pnds. Son jeu est d’encaisser, de continuer à encaisser jusqu’au bout. Il sait probablement d’où viennent les coups, mais il semble condamné à les prendre jusqu’au dernier. S’il résiste à ces coups donnés en dessous de la ceinture, il est fort probable qu’il sorte vainqueur de ce combat partisan au sein du Pnds. Seulement, il est peu probable, à l’allure où les choses commencent, que Bazoum puisse garder assez de forces pour affronter ces compétions électorales qui s’annoncent âpres ? Jusqu’à peut-il faire semblant ? En 2007, on s’en souvient, après avoir longtemps refoulé l’existence d’une crise au sein du Mnsd Nassara, Hama Amadou a fini par claquer la langue, autant pour se libérer de la pression insoutenable de ses partisans que pour fixer les balises de l’Histoire.
Avec une autre défection de ce genre au profit du Pjp Doubara, la thèse du fameux deal risque de prendre des rondeurs
Si, après Ousmane Idi Ango et de ses soutiens locaux de Malbaza, le Pjp Doubara de Djibo Salou bénéfice d’une autre défection de taille du Pnds Tarayya, certains vieux démons vont nécessairement refaire surface dans le débat politique. La thèse du fameux deal entre Issoufou Mahamadou et le tombeur de Mamadou Tanja risque de prendre quelques rondeurs. En attendant, Mohamed Bazoum tient le coup, essayant tant bien que mal de faire mentir les pronostics et même les faits indéniables.
Yaou