Au cours du débat public du Conseil de Sécurité sur les enfants dans les conflits armés : «Attaques contre les écoles : une grave violation des droits de l'enfant (au nom des A3+1) », tenu, le jeudi 10 septembre dernier, le Niger a obtenu l’adoption d’une déclaration présidentielle sur la question pour appuyer les résolutions et déclarations présidentielles existantes, portant sur la protection des écoles et les personnes protégées qui leur sont liées contre les attaques et les menaces d’attaques en temps de conflits armés. Le Niger a proposé également la transmission d’un non-papier qui fera la synthèse des diverses interventions et recommandations issues de ce débat ainsi que l’intégration dudit document dans les archives officielles du Conseil de Sécurité. La déclaration présidentielle demande au Secrétaire général de prendre en compte la situation des enfants dans les zones de conflits armés.
Dans une allocution qu’il a prononcée à l’ouverture du débat, l’Ambassadeur et Représentant Permanent du Niger auprès des Nations Unies, SEM. Abdou Abarry, s’exprimant au nom des A3+1 regroupant l’Afrique du Sud, la Tunisie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines et le Niger, a souligné que ces discussions interviennent dans le cadre de la Commémoration de la Première Journée Internationale de Protection de l'Education contre les Attaques. « Quoi de plus normal, en cette circonstance, que d’écouter la voix des victimes de ce phénomène que nous dénonçons et qui, du fond de leur détresse, nous disent que c’est le moment pour nous d’agir », s’est interrogé M. Abarry.
Illustrant ses propos, l’ambassadeur a expliqué que : « Hadiza et Rimana, deux jeunes filles nigériennes, dont nous venons de suivre les témoignages poignants, nous rappellent combien il est urgent d’écouter l’appel au cessez-le-feu du Secrétaire Général des Nations Unies et celui de ‘‘Faire taire les armes en Afrique’’ de l’Union Africaine pour faire régner la paix, pour créer les conditions de protection des écoles contre les attaques et promouvoir une éducation de qualité pour tous les enfants, en accordant une attention particulière aux enfants touchés par les conflits et la violence», a-t-il tout en assurant que Hadiza et Rimana peuvent être assurées d’avoir été écoutées et que leur votre message donne des raisons supplémentaires d’agir.
D’autre part, a-t-il noté, les informations partagées par Dr Marika Tsolakis, de la Coalition Globale pour la Protection de l’Éducation contre les Attaques, avec les participants, leur ont permis de mesurer l’impact des attaques contre les écoles, qui est une barbarie du temps actuel, sur l’éducation des enfants, notamment celle de la jeune fille. « Lorsque l'accès à l'éducation est retiré à un enfant dans une situation de conflit, c'est une tragédie qui lui enlève également ce que la plupart des enfants désirent et ce à quoi ils ont droit, la possibilité d'apprendre et de développer leur imagination dans un environnement sain et sécurisé. Trop souvent, dans les situations de conflit armé, les écoles et les personnes ayant droit à une protection qui sont liées aux écoles, sont victimes d'attaques et de menaces d'attaques. C'est pourquoi, il est essentiel que nous évaluions les progrès réalisés depuis l'adoption de la résolution 1998 (2011) du Conseil de sécurité et des résolutions connexes ultérieures et que nous renouvelions notre engagement à offrir un environnement d'apprentissage adéquat à tous les enfants », a déclaré le Représentant Permanent du Niger auprès des Nations Unies. Il a estimé qu’au moment où le monde s'efforce d’adapter l'éducation au difficile contexte de la pandémie mondiale, il convient de mettre davantage l'accent sur la nécessité d'assurer une éducation de qualité aux enfants. « Nous sommes, tout autant, préoccupés par les vulnérabilités particulières des filles dans les contextes de conflit, auxquels s’ajoutent les pesanteurs sociales, toutes choses qui impactent gravement leur éducation. Dans de nombreuses régions du monde, celles-ci ont beaucoup moins de chances de retourner à l'école après les fermetures ou la destruction des infrastructures scolaires. Dans les pays touchés par un conflit, les filles ont deux fois moins de chances d’être scolarisées que celles vivant dans les pays en paix. Elles sont également plus susceptibles de subir des violences sexuelles et sexistes sur le chemin de l'école», a estimé M. Abarry.
«La déclaration présidentielle adoptée aujourd'hui même, à l’initiative du Niger et du Royaume de Belgique, se concentre spécifiquement sur le ciblage des écoles dans le cadre plus large de la protection des enfants dans les conflits armés et appelle à des efforts hardis pour remédier aux effets néfastes de ces attaques, au nombre desquels, le travail des enfants, le recrutement forcé des enfants par les groupes armés ainsi que le mariage précoce », a indiqué l’Ambassadeur. En effet, a-t-il précisé, entre avril 2017 et décembre 2019, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont vu le nombre d’écoles fermées pour cause de violence, multiplié par six. « Rien que durant les sept premiers mois de l’année en cours, plus de 90 incidents d'attaques contre l'éducation ont eu lieu dans le Sahel central. Dans certaines parties de la région, la situation d'insécurité a conduit à un schéma inquiétant de fermetures d'écoles : en Décembre 2019, il a été répertorié, plus de 3.300 écoles fermées, du fait de l'insécurité, perturbant ainsi, l'éducation de plus de 650.000 enfants dans les trois pays. Dans 35 pays affectés par les conflits dans le monde, 75 millions d’enfants et adolescents ont leur éducation perturbée par cette situation », a-t-il rappelé. Devant cet état de fait, a poursuivi M. Abarry, les Etats doivent aussi s’engager à respecter davantage le caractère civil des écoles. L’Ambassadeur Abdou Abarry a annoncé que Saint-Vincent-et-les-Grenadines vient d’approuver la déclaration sur la sécurité dans les écoles, rejoignant ainsi les 104 pays déjà signataires.
Mahamadou Diallo(onep)
14 septembre 2020
Source : http://www.lesahel.org/