Débat sur la nationalité du candidat du Pnds Tarayya : Bazoum, flingué par des lobbys Pnds ?

Bazoum a tout prévu, sauf, probablement, ce feuilleton judiciaire qui s’est invité au mauvais moment alors qu’il est si proche de son but. Candidat imposé par Issoufou Mahamadou au Pnds Tarayya, Bazoum pensait avoir désormais tous les atouts pour s’acheminer tranquillement vers le fauteuil présidentiel. Sans adversaire et sans obstacle quelconque. Hassoumi Massoudou, son challenger au sein du parti, est atomisé ; un contrat secret avec Gemalto, l’opérateur chargé du fichier électoral, est signé et il en est le parrain ; la commission électorale et la direction de l’informatique et du fichier électoral (Difeb) sont aux mains du Pnds Tarayya dont il est le président ; il dispose d’un trésor de guerre dont ne dispose aucun de ses adversaires politiques ; l’article 8 du Code électoral est toujours de rigueur, bref, rien, absolument, ne semble s’opposer à sa consécration comme successeur à Issoufou Mahamadou à la tête de l’État. Et puis, boum !

Avec quels documents d’état-civil, Bazoum a-t-il alors, s’interroge-t-on, fait le cursus scolaire, de l’école primaire à l’université de Dakar ?

Alors qu’il ne s’y attendait guère, le débat sur ses documents d’état-civil refait surface de plus belle. En fait, il n’a jamais cessé depuis qu’il a commencé. Cependant, à l’approche des échéances, la controverse s’enflamme et prend des allures inattendues pour Bazoum. Tous ses petits secrets sont dans la rue.

Ses actes d’état-civil, jugés frauduleux, sont diffusés sur les réseaux sociaux. Et on constate que le candidat du Pnds a curieusement acquis le jugement supplétif tenant lieu d’acte de naissance et le certificat de nationalité en juillet 1985. Avec quels documents d’état-civil a-til alors, s’interroge-t-on, fait le cursus scolaire, de l’école primaire à l’université de Dakar d’où il est sorti avec un diplôme d’études approfondies (Dea) ?

Outre les documents, manifestement faux, Bazoum est mitraillé devant la Cour par des témoins vivants

Son acte de naissance, son certificat de nationalité, ceux de la dame présentée comme étant sa mère, ceux du fils de son frère aîné, tout ce qu’il aurait souhaité garder secret s’est progressivement retrouvé sur la place publique. Le cauchemar de Bazoum est sans fin. Un procès lui est fait devant le Tribunal de grande instance de Diffa. Outre les documents, manifestement faux, Bazoum est mitraillé devant la Cour par des témoins vivants qui ont déclaré être prêts à jurer sur le Saint Coran avoir connu l’enfance de Bazoum et que celuici n’est pas né au Niger. Les coups sont si fréquents qu’ils laissent peu de marge pour Bazoum de souffler. On cherche à l’esquinter, à le mettre K.O. Bazoum, suspendu au délibéré du 3 décembre 2020 du Tribunal de grande instance de Diffa D’où viennent ces coups qui risquent de laisser Bazoum sur le tapis ? Selon des sources concordantes, les flèches proviennent probablement de son propre camp politique. La candidature de Bazoum à l’élection présidentielle a suscité au sein du Pnds, dès le départ, un courant de vive protestation. Fortement critiqué et contesté parce que « mauvais cheval », Bazoum a mis tant de temps à chercher à colmater les brèches. Une mission qu’il pensait avoir réussie avec le ralliement de Hassoumi Massoudou. Aujourd’hui, il est totalement désabusé, dit-on. Suspendu au délibéré du 3 décembre 2020, Bazoum a un court répit avec l’arrêt de la Cour constitutionnelle du 19 novembre 2020. Un répit qui ne lui apporte pas grand-chose puisque la conviction des Nigériens vis-à-vis de lui est si grande que c’est un risque d’implosion sociale que de voir la justice créditer des documents d’état-civil sur lesquels leur sentence est sans ambages.

Défendre la cause de Bazoum est une gageure risquée

Quoi qu’il advienne le 3 décembre, le sort de Bazoum est presque scellé. Accusé de faux et usage d faux par une opinion publique qui a trouvé une multitude de preuves accablantes contre lui, Bazoum aura du mal à se défaire de cette image de faussaire qu’on lui a collée. Même s’il passe le cap du 3 décembre prochain, il sera perçu comme un homme qui a tout usurpé. Son parrain, Issoufou Mahamadou, ne peut, non plus, continuer à le porter à bout de bras au risque de paraître clairement comme celui qui entretient cette histoire insolite qui ne se limite pas, malheureusement pour lui, à de simples références des actes mis en cause. Les indices troublants sont nombreux. Et défendre la cause de Bazoum représente sans doute une gageure risquée.

Doudou Amadou