Depuis quelques jours, le « Projet de construction d’un immeuble au profit des Commissions générales permanentes », abusivement appelé « hôtel des députés » fait couler beaucoup d’encre. Dans les journaux, les réseaux sociaux comme dans les fadas. Chacun y est allé de sa science, avec force arguments, parfois loin de la réalité des faits. Maintenant que les passions se sont estompées, il serait opportun que chacun voie les choses, non pas avec le coeur, mais avec son esprit. Au demeurant, quoi de plus normal que le citoyen s’intéresse à ce qui se passe dans les institutions de la République, surtout que les réalisations sont exécutées avec les fonds publics. Pour tout démocrate, le contrôle citoyen est une posture hautement démocratique qui, à terme, incite et oblige même ceux qui ont une parcelle de l’autorité publique à rendre compte et à améliorer leur gestion. S’agissant de cet immeuble, en vérité destiné aux Commissions générales permanentes (au nombre de 7) qui sera érigé sur l’actuel site des « cases de passage des députés », sa construction prend en compte le souci de tous les présidents qui se sont succédé à la tête de l’institution. C’est ainsi que dès le début de la 1ère législature de la 7ème République, l’Assemblée nationale a initié un vaste projet de modernisation de l’assemblée nationale. Pour non seulement améliorer les conditions de travail et de vie des représentants de la Nation et du personnel administratif, mais aussi pour prendre en compte l’augmentation du nombre des députés, passé de 83 à 113, et 171 par la suite. Ce programme comprend « la construction d’un bloc de Bureaux pour les Questeurs et les services rattachés, d’un bloc de Bureaux pour abriter l’Administration, de l’infirmerie, d’un bloc au profit des Commissions Générales Permanentes et d’un hôtel des députés ». A ce jour, le bloc des Bureaux pour les Vice-présidents et les Secrétaires Parlementaires, le bloc de Bureaux pour les Questeurs et les services rattachés, le bloc de Bureaux pour abriter l’Administration et de l’infirmerie, sont déjà construits, équipés et fonctionnels. Bien visibles pour tous ceux passent devant l’Assemblée nationale, suscitant une fierté certaine. Lors de leur passage au Niger, invités à l’ouverture d’une des sessions, les présidents des assemblées nationales du Gabon, Tchad, Mali, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, et du Bénin, n’ont pas manqué de siffler leur admiration face à la beauté de l’hémicycle rénové. Il en est de même lors du passage de la délégation mondiale de haut niveau conduite par le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon, puis de Christine Lagarde, présidente du Fonds monétaire international (FMI).
L’avant-dernière phase de ce vaste projet est justement le bloc des Commissions Générales Permanentes et les Bureaux des Présidents des Groupes Parlementaires. Le marché est déjà attribué à l’entreprise de droit nigérien « après un processus régulier de consultation ». Le bâtiment, de huit niveaux (R+7) et un sous-sol (R-1), comprend : un parking pouvant accueillir deux cents véhicules ; une salle de réunion et une série de bureaux pour chaque commission générale dont un bureau avec secrétariat pour le Président de la Commission, deux bureaux pour les agents parlementaires et le Conseiller principal, trois bureaux polyvalents pour les députés, une cafétéria, une bibliothèque. En plus d’un bureau avec secrétariat pour chaque Président de groupe parlementaire (les groupes parlementaires sont au nombre de 6). Le bâtiment sera érigé sur une superficie de 1 500 m2, et le montant global s’élève à environ 15 milliards sur budget de l’assemblée nationale, avec équipement complet.
Quant à l’hôtel des députés qui a alimenté l’actualité ces derniers jours, il est la dernière phase du projet. Le terrain est déjà disponible au quartier Lazaret. Le partenaire privé avec lequel le projet sera conduit reste pour l’instant à identifier. Voilà la réalité des faits concernant le projet de construction du bâtiment des Commissions générales permanentes de l’assemblée nationale que certains ont confondu, certains probablement de bonne foi, avec l’hôtel des députés. Enfin, il faut souligner que de 2011 à aujourd’hui, le concept a beaucoup évolué, et naturellement le coût avec. D’un bâtiment de 3 niveaux sur 500 m2, il est passé à 4 niveaux sur 650 m2 puis à 8 niveaux sur 1 500 m2.
Bisso