Le Moden-Fa Lumana, depuis des mois, est traversé par quelques agitations dont on ne peut comprendre la source par les accusations tout azimuts d’une adversité interne qui mine le parti, déroutant des militants qui ne peuvent lire dans la confusion pour mieux cerner le problème. Après avoir échoué à décapiter le parti, en poussant en prison tous les responsables politiques du parti, y compris son président national, S.E. Hama Amadou, le Pnds, dans sa stratégie de nuire au parti changea de fusil d’épaule en engageant à l’intérieur du parti quelques mercenaires ayant pour mission de créer les conditions d’une chienlit dans le parti. La mission était tentante quand on sait que ceux qui pouvaient les pousser dans cette entreprise, même pour un autre parti a fortiori pour le parti de Hama Amadou, peuvent sacrifier toute la fortune qu’il faut, heureux de ne vivre que du malheur d’autrui. La précarité rendait vulnérables bien de consciences qui ne purent plus résister à l’appât de socialistes devenus riches qui, pour atteindre leurs objectifs, pouvaient miser gros depuis que, par quelques débrouillardises, ils ont pu amasser quelques fortunes, faites souvent s’argent sale. Or, certains hommes n’avaient plus depuis des années les facilités de vie qu’ils avaient et ne peuvent dans la dignité attendre pour comprendre simplement que «c’est Dieu qui donne», non un autre. Le problème est réel, irréfutable. Le ver, on le savait, était dans le fruit. On avait aussi, depuis longtemps identifié le mal, ce ver malfaisant qui circule dans le parti. Mais le ver est sournois car comme un virus, il pouvait se métamorphoser, indétectable par ses mutations multiples. On le savait. Les militants le savent. Mais on a défendu d’en parler car l’homme avait des hommes et des femmes qui ne voulaient pas que cela lui arrive, et voulaient qu’il ait la chance de rédemption pour ne pas se salir un nom.
Embusqué à l’ombre de Noma Oumarou…
Les Nigériens et tous les observateurs de la scène politique étaient étonnés de voir que c’est cet «inoffensif», peu ambitieux, terne, effacé, qui s’attaque au parti et à son président et personne ne put comprendre l’objet de son combat surtout quand on sait que, même président intérimaire reconnu, il ne put jamais travailler à se faire une aura dans le parti, à se faire apprécier des militantes et militants, terré dans ses silences et ses timidités, car on ne l’a jamais trouvé au-devant des combats que menait le parti. Encadré par des militants qui étaient plus en vue, il était presque invisible, se plaçant en marge des actions du parti, trônant comme un symbole au milieu des responsables du parti. Il ne peut compter, beaucoup d’analystes l’avaient dit, que sur un autre, qui pouvait le pousser à la lumière pour mener le combat pendant que lui, plutôt malin, se garde à l’ombre, invisible. En optant pour le mode «invisible» Issoufou Issaka montrait deux choses : d’abord qu’il ne peut avoir le courage de sa lutte et de sa rébellion contre le parti et d’autre part qu’il se sait incapable de conduire une fronde contre le parti, le Moden- Fa Lumana qui lui avait tout donné. Aujourd’hui, tous les soutiens du monsieur dans le parti qui auraient aimé le soutenir ne serait-ce qu’en lui trouvant quelques circonstances atténuantes, sont perclus de honte, ne pouvant plus avoir la force de défendre l’indéfendable, de protéger et de défendre «l’ami» qui a finalement trahi car, dans le désarroi lorsqu’on le découvre dans le complot, l’homme ne put pas se maitriser et comme un enfant blessé, il ne peut avoir que l’insulte grossière, roturière à la bouche, toute chose qui le rabaisse, lui qu’on avait cru d’une certaine élévation. Beaucoup de gens qui avaient cru en l’homme sont déçus d’un comportement peu honorable, d’une attitude qui frise la turpitude.
Noma Oumarou s’est finalement révélé comme le bras armé d’un Issoufou Issaka qui se sert de ses naïvetés pour mener sa fronde. C’est après l’audio partagé sur les réseaux sociaux qu’on a compris qu’il a perdu son sang-froid et qu’il vit dans le désarroi de son projet de déstabilisation qui coule tragiquement aujourd’hui, le laissant presque seul, vivant des remords et des douleurs de ses imprudences, sans doute perdu pour ne plus savoir où il va, et avec qui, il pourrait faire son aventure. Les téléphones ne décrochent plus car, enfin, peutil comprendre, en choisissant le mauvais chemin pour ses aventures, qu’ «il y a plus que des caïmans dans un fleuve». Il peut avoir entendu bien d’audios qui lui expriment toute leur indignation pour un tel comportement avilissant qui humilie son rang et ses soutiens.
Les suspicions…
En fait, cela fait longtemps que le parti soupçonnait le président de la Coordination régionale de Tillabéri d’être dans une démarche douteuse. Certains, à demi-mot pouvaient le dire sans qu’on ne les écoute. Qui ne se rappelle pas cette campagne de dénigrement menée contre Soumana Sanda qu’on voulait présenter comme le plus grand ennemi du pari et de Hama Amadou ? La campagne était forte, nocive et elle avait pollué le climat dans le parti au point où, déroutés, les militants ne savent plus où situer la vérité. Soumana Sanda parlait peu mais savait la malveillance du mensonge de la campagne qui le visait, orchestré à partir d’un pôle pourtant clairement identifié. Aussi, quand même Issoufou Issaka ne partit pas au «Foyandi» de Dosso, il ne pouvait que rester physiquement au congrès de Niamey, le coeur étant ailleurs, avec la rébellion qui avait pris cap sur Dosso le même jour. La Coordination dont il est le président avait aussi compris que son homme, agité depuis peu, n’est plus le même car certainement engagé dans une démarche qui le met en contradiction avec le combat du parti. A Youri où la Coordination se réunissait, les militantes et les militants des différentes sections, n’avait pas manqué de faire part à leur président de leurs doutes quant à la sincérité de son engagement dans le parti. Acculé, devant les militants rassemblés, il fit, pour rassurer la Coordination, toutes les prières pour que Dieu Tout-puissant l’en punisse si jamais il arrivait à trahir le parti et Hama Amadou. La foule s’en était émue, mais trompée à croire à la sincérité de ses propos qui n’étaient avancés que pour l’endormir sur ses projets. Il pouvait alors gagner le répit pour continuer à trôner à la tête de la Coordination et même du groupe parlementaire. Il ne faut pas oublier que certaines de ses fréquentations clandestines et ses sorties nocturnes au-delà de certaines heures avaient intrigué. Un confrère n’avait donc pas tort de se demander ce qui fait tant courir Issoufou Issaka. On comprend alors que le parti et les députés aient décidé de lui reprendre la présidence du groupe parlementaire pour le confier non pas à Soumana Sanda pour lui permettre justement de mieux réfléchir à son nouveau programme que certains appellent le plan B qu’il peaufinait dans la clandestinité. Ce plan que l’on sait mort-né, parce que confié à un autre qui ne peut avoir les talents pour cette mission délicate ne peut avoir mieux qu’un tel sort. Il sentit l’humiliation venir, tenta par tous les moyens de lui éviter l’affront, en cherchant une certaine clémence du parti pour le laisser à la tête du groupe parlementaire. Une visite rapide chez Hama Amadou à Filingué ne permit pas d’arranger pour lui les choses car Hama Amadou, ayant vu de toutes les couleurs, ne peut imposer personne à une structure du parti et a demandé à son visiteur, de retourner régler le problème avec ses collègues députés. Ces derniers l’attendaient alors des pieds fermes car pour eux, l’homme était devenu incontrôlable et dangereux pour la cohésion du parti. Alors qu’il voulait leur offrir la visite à Filingué comme une bonne excuse, on lui fit comprendre qu’il n’a que deux choix : démissionner de lui-même pour que le groupe opère un nouveau choix en son sein, où persister dans la résistance, et pousser ainsi le parti à ouvrir ses cartes, pour le débarquer par le choix d’une majorité mûrement travaillée. Il comprit qu’il n’avait plus aucune chance d’échapper à la sanction des pairs, et dut opter pour le premier choix pour se voir remplacer par un autre qui ne peut accepter avec lui la solution à l’amiable. C’était la fin d’un feuilleton et depuis, l’homme était devenu discret dans les activités du parti, digérant certainement mal ses déboires et sa mise en quarantaine dans un parti qui ne pouvait plus lui faire confiance et qui a décidé en conséquence de se mettre à l’abri de ses sournoiseries. Ses lamentations au niveau de sa base ne purent être entendues car, là-bas, les hommes et les femmes, ont fait depuis la nuit des temps, le choix de la dignité pour refuser que pour le matériel, l’homme ne puisse jamais ternir son image. Ainsi que nous l’écrivons souvent, l’homme ne peut se soucier que d’avoir laissé en héritage à une progéniture que des comptes garnis et des étages insolents, mais aussi et surtout, à ces enfants qui doivent éprouver quelques fiertés à se pavaner dans la société à travers le souvenir d’un père exemplaire, heureux de son renom, de sa réputation, de son nom qui peuvent être pour eux une référence. A-t-il seulement pensé à ces enfants et notamment celle-là qui, hors du pays en étude, pendant que lui était en prison à Filingué, pouvait écrire pour exprimer toute sa fierté qu’un père, le sien, malgré la persécution qui le visait sur de fausses accusations, se soit comporté de la manière la plus digne qu’il pourrait l’avoir appris dans son terroir où pour l’homme, la dignité, la probité comptent plus que tout. Peut-il relire cette lettre pour comprendre l’appel d’une enfant à la dignité ? Nos enfants attendent de nous aussi cette part de grandeur que rien ne peut remplacer dans leur vie. A tous ceux des leurs qui vont dans des batailles, ne dit-on pas qu’il faut «qu’on entende leur mort non leur honte !». On peut comprendre les souffrances et les déceptions des siens qui, depuis des jours, via les réseaux sociaux, traduisent leur indignation pour le guerrier qui baisse culotte, tombe, las, rend les armes et s’agenouille devant l’adversaire et ce à un moment où l’on n’est pas si loin de la fin d’une lutte qui aura été longue, il est vrai. Aujourd’hui, au-delà de tout Téra, c’est toute sa Coordination qui souffre de cette chute déshonorante à laquelle on aurait aimé ne pas le prédestiner. L’homme est devenu indéfendable. Par certains de ses audios, l’homme s’est rabaissé pour agir dans des égouts, incapable de s’élever pour vivre l’épreuve qui lui arrive dans la dignité. En écoutant les propos qu’il a tenus il n’y a pas qui n’a pas vomi d’entendre des paroles à la limite puériles, en tout cas qui sentent la nausée, loin de la noblesse que Téra aura aimé qu’il incarne dans son combat comme dans sa vie. Or, connaissant les valeurs auxquelles «ses» hommes sont attachés, s’il avait été capable de s’en inspirer pour orienter ses gestes même dans l’inconfort d’une situation qui l’embarrasse, sans doute qu’il ne peut manquer d’hommes à le comprendre, à compatir, peut-être même, à soutenir. Mais aujourd’hui, il peut voir que partout, et dans une langue qu’il peut comprendre, tout le dépit de frères et de soeurs qui ne peuvent lui exprimer aucune sympathie lorsqu’il se jette, pour se défendre, manquant d’armes, dans la boue.
Peut-il croire que s’en prendre à Hama Amadou, le défend de cette affaire qui ne lui fait pas de la bonne publicité, ici et partout ? Il ne fait qu’aggraver sa situation et ces propos orduriers, à la limite insultants, attentatoires à l’honneur d’un homme à qui il doit le bien, ne peuvent qu’offusquer davantage des militants qui ont compris qu’il avait eu tort de leur faire confiance, car il n‘a pas la carrure qui peut lui permettre d’incarner le leadership dont le parti a besoin pour prospérer dans la région.
En écoutant ces messages-audios bien de Nigériens ne pouvaient plus reconnaitre l’homme qui tombe dans une phraséologie puérile, terriblement basse. Et on se dit comment un tel homme qui pouvait parler de cette manière, peut sensément nourrir d’aussi belles et nobles ambitions politiques. On aura compris que l’ingénieur émérite n’est qu’un piètre et terne politique qui a peu appris dans l’art politique. Pourquoi a-t-il choisi la politique de la terre brûlée pour ne laisser aucune marge à une plausible réconciliation que la conjoncture pourrait rendre possible, aujourd’hui ou demain ? Peut-il ne plus écouter personne de ceux qui l’aiment et pourraient le soutenir pour continuer à persister dans l’erreur et l’effronterie ? Comment peut-il, par de telles vilenies compromettre une carrière politique pour laquelle des hommes et des femmes, pour peu qu’il soit social, étaient prêts à l’accompagner ? Comprend-il qu’en donnant cette image de lui en versant dans ce comportement déshonorant, il ne donne aucune autre possibilité à son «petit monde» car finalement, comment peut-on être fier d’un leader qui tombe dans le rabaissement par ses paroles si pourries ? «Ma si hé ga salan aï sé….».
Comment continuer le combat, la rébellion latente qu’il menait alors que dans le parti, on finit par le mettre en marge pour le mettre hors état de nuire ? Il n’avait d’ailleurs aucune chance de le conduire jusqu’au bout, car il lui manque cruellement le charisme nécessaire pour fédérer Téra d’abord, ensuite la région de Tillabéri, puis les autres régions du pays. L’homme est connu pour être cette personnalité qui souffre d’une suffisance qui ne lui fait éprouver pour l’autre que du mépris. Il sait d’ailleurs que depuis des années, même dans le terroir, il n’y avait aucun engouement derrière sa personnalité.
Le mercenaire est débusqué…
Pendant qu’il s’était dissimulé sous l’ombre de Noma Oumarou, ils étaient nombreux qui ne pouvaient croire qu’il puisse être dans cette mésaventure, le prétendant à une plus haute conscience de son rôle de leader régional. Mais depuis que – peut-être pour le piéger – ses audios avaient été diffusés sur les réseaux sociaux qui les ont propagés dans le monde, personne ne pouvait douter qu’il est au centre de la subversion, de cette rébellion que conduisait depuis des mois le président intérimaire. Mais on peut également se souvenir qu’à la dernière réunion du Bureau Politique à laquelle participaient Noma et ses acolytes, lorsque le président intérimaire demandait que certains militants du parti qu’il avait suspendus sortent de la réunion, beaucoup de ceux qui étaient à la rencontre doutaient de la sincérité de Noma de travailler à la réconciliation. Après avoir montré par A+B que ces sanctions n’ont aucune base légale et ne sauraient être justifiées, enfin, on pouvait voir le sieur Issaka Issoufou surgir pour appuyer l’intervention de Noma Oumarou, relativement à la mise en oeuvre de «leurs» sanctions. L’homme sort des bois et le parti pouvait là le prendre la main dans le sac. Le discours des deux acolytes pouvait enfin rimer…
Et les derniers masques sont tombés, dixit Soumana Sanda…
Fin de l’histoire tragique d’un guerrier qui n’a pas été capable de voir la grande porte par laquelle il faut rentrer dans la légende. Dans l’Histoire aussi.
A dire que c’était pour ça que Téra se battait un jour, pour lui ouvrir des portes pour rentrer dans l’épopée du Moden-Fa Lumana…
Terrible.
Mais attention, il ne faut plus me parler, entends-tu ? «Ma si yé ga salan aï sé ni ma ?».
Gobandy
15 septembre 2020
Article publié le 09 septembre
Source : Le Monde d'Aujourd'hui