Le congrès du Moden FA Lumana Africa, tenu à Dosso, le samedi 19 septembre 2020, a tenu toutes ses promesses. Du monde, il y en a eu. Des dérobades, comme nous l’avons dit dans une précédente publication, il y en a aussi eues. On se rappelle qu’en août dernier, le parti avait organisé deux congrès distincts. Un, convoqué par le président intérimaire à Dosso et un à Niamey par la majorité écrasante des membres du bureau politique national. Le ministère de tutelle avait invalidé les deux. Aux motifs que celui de Dosso, d’Oumarou Noma, n’avait pas réuni le quorum nécessaire de délégués et pour de défaut de procédure dans la convocation pour celui de Niamey. Le ministère de l’Intérieur estime que seul le président est habilité à convoquer un congrès. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous le pont Lumana. Le financier et éminence grise du groupe du président intérimaire, le député Issoufou Issaka, est parti avec armes et bagages au PNDS.
Noma a été conforté dans son pouvoir par la Cour d’appel. Et la famille Lumana s’est résolue pour des retrouvailles, pour la réconciliation. Noma convoquera le congrès pour le 19 septembre à Dosso. Mais il refuse de convoquer une conférence nationale extraordinaire, tel que souhaité par le bureau politique national. Alors qu’il a donné des gages d’entente cordiale en acceptant la mise en place d’un comité d’organisation des assises de Dosso. Il était probablement convaincu, comme en août, que ses adversaires n’iront pas à Dosso. À l’approche de l’échéance et devant la détermination de ses adversaires à faire le déplacement, il fut pris de panique. Et les dérobades commencèrent. Il suspend, ce qui n’est pas dans ses prérogatives, un nombre impressionnant de membres du bureau politique, voulant certainement inverser, avec la désignation de nouveaux délégués au congrès (frauduleux), le rapport de force. Et comme si cela ne suffisait pas, il décide unilatéralement de désengager le parti dans la Coalition pour l’alternance politique (CAP-20-21) dont Lumana est signataire. Il suspend par la même occasion le secrétaire général élu par un congrès.
C’est la goutte d’eau qui fera déborder le vase. Deux tiers des membres du bureau politique, le nombre requis pour engager le parti, décident de l’assigner devant les tribunaux pour qu’il convoque une des instances du parti, la Conférence nationale, qui doit préparer le congrès. En première instance, les membres du bureau politique gagnent. Il fait appel pour gagner du temps. L’appel tombe avant la tenue du congrès, il est débouté. C’était la veille du congrès. C’est sur ces faits que délégués et militants se rendent à Dosso. Ils posent leurs cartables au gouvernorat où le comité d’organisation, mis en place par le même Noma, a prévu de tenir les assises. Curieusement, jusqu’en début d’après midi, point de silhouette d’Oumarou Noma. Très vite, on se rendra compte qu’il a installé son quartier général à l’hôtel Toubal, en dehors de la ville de Dosso. Aussitôt, la justice fut saisie. Le gouverneur donnera l’ordre d’empêcher la tenue des assises de l’hôtel Toubal. En arrivant sur les lieux, avec trois autres collègues de la presse, le député Zangaou sortait de l’hôtel. Il nous confirmera qu’il a été demandé aux occupants des lieux de rejoindre les salles de réunion du gouvernorat. Il n’y avait pas grand monde. Quelques enfants et ce qui pourrait être considéré comme la sécurité du parti et des éléments de la police nationale. C’est alors que trois rutilantes 4X4 firent leur entrée. À leur bord, les patrons régionaux de la police, de la gendarmerie et de la garde nationale. Ils s’entretiennent avec les forces de l’ordre et quelqu’un qui semble être le représentant de Noma, resté invisible. C’est en début de soirée qu’on apprendra que Noma avait organisé ses assises.
Et de la bouche du secrétaire général du parti, on apprendra aussi que c’est le ministre de l’Intérieur qui aurait instruit de laisser Noma organiser son affaire. Toutes les tentatives du bureau politique de Lumana pour faire respecter et exécuter la décision de justice auront été vaines. S’il est avéré que le ministre a instruit, cela donnerait raison à ceux qui estiment que la crise au Lumana est entretenue quelque part. Qu’un parti adversaire le fasse, c’est de bonne guerre. Qu’un ministre le fasse, c’est autre chose. Il engage le gouvernement, le président de la République. Cela n’a pas empêché aux congressistes du bureau politique d’achever leurs travaux. Un nouveau président, un secrétaire général et un trésorier ont été élus. Après ces assises, les congressistes se sont retrouvés à l’arène des jeux traditionnels pris d’assaut par les militants du parti aux premières heures de la matinée et où le leader du parti, Hama Amadou, a tenu à s’adresser à ses partisans. Il maintient sa candidature d’autant qu’aucun juge, dira-t-il, ne lui a notifié la perte de ses droits civiques et politiques et qu’il répond parfaitement aux critères de la Constitution pour être candidat à l’élection présidentielle. Pour être candidat, il faut simplement être Nigérien de nationalité d’origine. Hama Amadou soulignera que ses parents sont nés à Youri, dans le département de Say. Le bureau politique a par ailleurs assigné Noma devant le tribunal de Dosso. Ce dernier aurait été déféré, hier, devant le procureur de Dosso. Il aurait été entendu et laissé en liberté. Comme quoi, Noma Oumarou a de qui tenir.
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