Le parti socialiste au pouvoir, le PNDS Tarayya, vient de tenir samedi et dimanche derniers son huitième congrès ordinaire qui coïncide avec son trente deuxième anniversaire. Quelques mois avant cet événement politique, beaucoup d’observateurs s’inquiétaientd pour la cohésion du parti, appréciant la situation par l’adversité qui caractérise les différents courants qui le traversent depuis que la gestion du pouvoir a hissé certains à des gloires nouvelles, oubliant d’autres. Cela, tout légitimement avait fait naitre de grandes ambitions politiques chez quelques autres qui aspiraient, comptant sur leurs réseaux internes, à s’ouvrir de nouvelles voies pour conduire leur propre aventure. On craignait donc et à juste titre la déchire dans le parti où quelques analystes, à l’issue de ce congrès, annonçaient de nouveaux positionnements qui peuvent, face à la radicalité des uns et des autres, creuser les fractures dans le parti qui ne saurait en survivre. Tout était donc parti, prédisent les moins optimistes pour le parti, pour voir le PNDS se disloquer, et voir enfin, ce que certains appellent la discipline du parti prendre un grand coup, mis à rude épreuve.

Fin stratège, jouant avec les vieilles complicités avec son frère et ami, Pierre Foumakoye Gado, l’ancien président, Issoufou Mahamadou le mit à la rescousse du parti, jouant à superviser la mise en place des bureaux fédéraux des différentes régions du pays à l’exception de celle de Niamey dont le renouvellement de la fédération est retardé pour des raisons que tout le monde sait. Ainsi, on évita le clash annoncé et sans problème, taisant certaines ambitions rebelles, le parti réussit cette étape conduite en amont du Congrès de décembre, renvoyant aux calendes grecques le grand déluge attendu. Ainsi, de manière plus soft, en douceur, le parti a pu gérer les clivages et les rancoeurs, cherchant à rassembler, et évitant le pire au parti. Issoufou, sans être trop visible dans la gestion du parti, mena à l’ombre, d’une main de maître, la suture du parti, créant les conditions pour que les uns et les autres, transcendant les malentendus, se rencontrent, se rassemblent, réconciliés sur un regard porté sur l’avenir. En vérité, ce n’est pas dans tous les partis que l’on a une telle vision. Bien de partis politiques le paient aujourd’hui, trainant les ossements de leurs corps déchiquetés.

Le Palais des sports du 29 juillet était archicomble, ce samedi 24décembre 2022, fait de rose scintillante avec toute la chefferie socialiste qui était là, se plastronnant, brillante d’ostentation et de vanité, d’extravagance et souvent d’ambitions nouvelles. Intervenant au congrès, revenant à ses vieilles amours de tribun, Issoufou Mahamadou, par son parcours dans le parti, a quand même ce privilège de s’adresser aux militantes et militants du parti, disant la vision qu’il a du parti. Il appelait alors à l’unité, à la cohésion du parti, demandant à chacun, ce sursaut militant qui ragaillardit le parti et qui permet de le sauvegarder, lui et son unité. Il se fait le chef de la famille socialiste, celui qui, en temps de crises peut s’élever pour résoudre les différends et cimenter la cohésion entamée du parti.

User de contentement…

Dans le contexte qui est celui du PNDS, les camps rivaux, peuventils avoir compris qu’ils n’ont aucun intérêt à radicaliser cette guerre de tranchées pour user d’intolérance pour s’entredéchirer et ainsi s’affaiblir et devenir vulnérables ?

Issoufou se révélait à ce congrès comme le messie qui devra sauver le parti et l’amener à résister aux vicissitudes de la vie politique. Plus qu’un autre, il comprenait que le parti a besoin, aujourd’hui et toujours, de sa force, de son unité, de ce qu’il est capable, mobilisant toutes les énergies et toutes les intelligences qui lui ont fait vivre l’épopée qui se poursuit, de continuer la belle histoire du parti. En tout cas, pour éviter l’éclatement, le parti, lors de son congrès, a été obligé de faire le choix de survivre aux égos, donnant à chacun la place qui lui revient. C’est ainsi que tous, y compris certains qui avaient des raisons de se comporter en mécontents dans le parti, avaient été casés, chacun à une enseigne qui lui fait comprendre qu’il est dans le parti, du parti aussi.

On a par exemple vu, Hassoumi Massaoudou devenir la deuxième personnalité du parti, juste après le grand ami d’Issoufou, Pierre Foumakoye Gado à qui, on fit le plaisir de diriger le parti après Bazoum Mohamed aujourd’hui président de la République. Puis, sur l’échelle politique, grimpent des jeunes qui font leur entrée dans la cour des grands, appelés à assurer l’héritage et assurer la transition générationnelle que peut déjà comprendre le parti pour être en avance sur les autres.

Parier avec le temps…

Le plus dur est à venir, quand, d’ici la fin du mandat, le parti a plus à convaincre tant dans sa propre gestion que dans la gestion de l’Etat pour consolider la cohésion que le parti retrouve aujourd’hui à l’issue du congrès qui avait pourtant fait douter bien d’acteurs du parti qui redoutaient, et à juste titre, sa dislocation. Le rôle et le leadership incontesté d’Issoufou au PNDS a permis de passer sans douleur l’épreuve politique. Le pari peut-il être tenable quand, pour beaucoup d’analystes de la scène politique nigérienne, les prochaines échéances devront encore constituer une autre épreuve pour le parti. Devra-t-il encore compter sur le même homme ?

L’unité qu’il prône reste, pour encore survivre à tant d’aléas, le seul sésame magique pour ouvrir sur l’avenir de nouvelles portes pour d’autres gloires.

Pour beaucoup d’observateurs, contrairement à ce qui a été prédit, le parti, de ce 8ème congrès, est sorti indemne, confiant en son avenir et en ses combats. C’est à juste titre que le congrès, avait honoré l’ancien président, distingué et décoré par les siens qui lui reconnaissaient son rôle capital dans la tenue sans encombre de l’événement politique.

Et la grande marche se poursuit…

Mairiga