Hama Amadou, le chef de file de l’opposition politique, a mené un véritable parcours de combattant pour se présenter, en fin d’après-midi, samedi 19 septembre 2020, à l’arène Salma Dan Rani de Dosso où étaient massés des milliers de militants et sympathisants venus des quatre coins du Niger du monde. De retour d’un périple qui l’a conduit dans plusieurs pays africains et en France, Hama Amadou a pris la route Niamey-Dosso aussitôt descendu de l’avion d’Air Ivoire qui le ramenait de Paris. Un rendez-vous qu’il tenait à honorer, son parti ayant programme de l’investir candidat à l’élection présidentielle prochaine à laquelle un code électoral taillé sur mesure veut l’empêcher de prendre part. « En violation flagrante de la constitution en vigueur et au Pacte international sur les droits civiques et politiques que le Niger a ratifié », a déclaré le tribun Hama, devant des milliers et des milliers de personnes massées telle une grappe humaine dans l’arène Salma Dan Rani. « Aucun juge ne m’a retiré mes doits civils et politiques et ce n’est sans doute pas le Pnds qui va me les retirer », a ajouté Hama Amadou acclamé par la foule en liesse.
Hama Amadou représente sans doute le pire cauchemar pour le Pnds Tarayya et son candidat, Mohamed Bazoum.
Le congrès de Dosso, la reprise d’un congrès que le Moden Fa Lumana Africa s’est résolu, en bon élève, à reprendre, est certainement l’apothéose d’un combat politique interne que le parti a remporté contre Noma Oumarou et consorts. Mais, il sonne également le début de la grande mobilisation contre l’élimination politique du chef de file de l’opposition dans la course à l’élection présidentielle. Plébiscité pour porter les couleurs d’un Niger qui ne devrait rien à voir avec celui d’aujourd’hui, noyé dans la corruption et plombé par les détournements massifs des deniers et biens publics, Hama Amadou représente sans doute le pire cauchemar pour le Pnds Tarayya et son candidat, Mohamed Bazoum. À Dosso, il a martelé qu’il sera candidat, car il est nigérien, de père et de mère et que ses parents eux-mêmes sont nés à Youri, dans le département de Say, région de Tillabéry. Il n’a, donc, veut-il sans doute laissé entendre, rien à craindre par rapport à l’article 147 de la constitution. Si le droit est respecté, Hama Amadou ne peut être, juridiquement, mis hors de course du moment où il n’a pas perdu ses droits civiques et politiques Lors du congrès d’investiture du président du parti Amen-Amin, Hama Amadou a déjà montré les couleurs en martelant qu’il reste et demeure candidat. À dosso, il a déroulé un peu plus le tapis en indiquant clairement pourquoi, juridiquement, il ne peut être hors de course. Le chef de file de l’opposition a indiqué à ce propos que, Nigérien de souche, de père et de mère nés Nigérien et en terre nigérienne, il répond parfaitement aux critères définis par la loi fondamentale. En outre, a-t-il souligné, aucun juge ne lui a enlevé ses droits civiques et politiques. Le code électoral est, selon l’avis des spécialistes, une loi qu’il faut nécessairement retoquer pour éviter au Niger des lendemains incertains. Si les élections sont malgré tout maintenues avec ce code électoral.
Le code électoral ne saurait être au dessus de la constitution
« Je suis Nigérien de souche et aucun juge ne m’a enlevé mes droits civiques et politiques ». C’est par ces mots que le chef de file de l’opposition a martelé l’impossibilité juridique de remettre en cause sa candidature. Si son propos a un goût quelque peu amer pour les partisans de Mohamed Bazoum que l’on dit de plus en plus troublé par la détermination de Hama Amadou à préserver ses droits civiques et politiques, ce que Hama a dit est plutôt la vérité. Le code électoral ne saurait être au dessus de la constitution. En outre, il n’a été mentionné, nulle part, dans la décision de justice qui l’a condamné, qu’il perdait ses droits civiques et politiques. Les cas Alain Juppé et Jérôme Cahuzac sont abondamment évoqués dans les discussions. Mais, s’il est évident que le code électoral est anticonstitutionnel de ce point de vue, il reste que les autorités nigériennes actuelles font très peu cas du respect de la loi par elles-mêmes.
Des risques de troubles sociopolitiques à l’horizon
Si, pour les mêmes raisons qui ont prévalu à l’élaboration de ce code électoral, on décide quelque part par d’accorder la primauté au code électoral, en violation et au mépris de la loi fondamentale, il est fort prévisible que le Niger soit en proie à un conflit électoral jamais vécu. Les esprits sont surchauffés et si rien n’est entrepris à temps pour arrondir les angles, le clash est inévitable. Pourtant, à trois mois du premier tour de l’élection présidentielle, Mohamed Bazoum, le père du code électoral actuel, est toujours rassuré quant à son maintien, dans sa forme et son contenu contestés.
Doudou Amadou