Hama Amadou débarque à Niamey
À l’heure indiquée pour l’atterrissage, les deux hôtes du Premier ministre sont à l’aéroport, au pied de la passerelle de l’avion. Et le chef de file de l’opposition a eu la surprise de constater que, contrairement à la même date, en 2015, ce ne sont pas des gendarmes qui l’attendaient de pied ferme au pied de la passerelle, mais plutôt des gens aux regards avenants. Les premiers visages que le fondateur de Lumana voit sont ceux de ses amis et des responsables du commissariat de l’aéroport chargés de lui faciliter les formalités policières d’usage. Aussitôt remplies, Hama Amadou et ses amis montèrent à bord de deux véhicules officiels chargés d’assurer la navette de l’aéroport pour rejoindre le côté Ouest du tarmac où sont stationnés les véhicules des responsables de Lumana venus accueillir Hama Amadou. Et là également, pas de temps à perdre. Ils sautent dans les véhicules et quittent sans encombre l’aéroport pour prendre la direction du centre-ville, puis du cimetière musulman de Yantala où repose la défunte mère du chef de file de l’opposition. Là les attendaient d’autres cadres du parti.
Hama Amadou se recueille sur la tombe de sa défunte mère
Ce sans-faute discret et efficace terminé, Hama Amadou, accompagné d’une multitude cadres et responsables du parti, s’est recueillie sur la tombe de sa mère avant de regagner sa résidence. Entre-temps, les photos de son arrivée ont fait le tour du monde par le biais des réseaux sociaux. L’information de son retour au pays s’est répandue comme une trainée de poudre. Des milliers de partisans et sympathisants se sont alors massés à la devanture et tout autour de sa résidence. Aussitôt arrivé à sa résidence, Hama Amadou informe lui-même les autorités de son arrivée au pays, de son intention d’y rester et conséquemment de se mettre à leur disposition quand elles le souhaitent. Ses conseils, quant à eux, en informent formellement les autorités judiciaires, le samedi suivant.
Hama Amadou informe les autorités et se constitue prisonnier
Le lundi 18 novembre, à six heures du matin, Hama Amadou se présenta à la Brigade de recherche de la Gendarmerie, d’où il est conduit, là aussi dans la plus grande discrétion, à la maison d’arrêt de Filingué avec tous les égards. Aux responsables de son parti qui l’y ont accompagné, le chef de file de l’opposition, qui sait le contexte particulier dans lequel il débarque à Niamey, a renouvelé son appel au calme, à la sérénité et à la responsabilité. C’est que son retour en prison a secoué bien des esprits et certains, au bord de la déprime, ont certainement besoin d’encadrement afin d’éviter des actes isolés de désespoir. Des consignes qui sont appliquées presque à la lettre, les militants de Lumana disant vouloir ainsi montrer leur bonne foi et leur conviction que le dialogue est la voie de la sagesse et de la raison. D’ailleurs, malgré l’incarcération de leur président, les militants de Lumana se disent fiers car ils ont pu apprécier, aujourd’hui, la sincérité de l’esprit dans lequel Hama Amadou a entretenu les Nigériens dans son adresse lors du 4e congrès du parti, le 4 août 2019 à Niamey.
Au nom du dialogue politique, les regards tournés vers le Président Issoufou
Le retour de Hama Amadou au pays et le formidable élan de solidarité nationale dont les Nigériens ont pu témoigner est un gage d’espoir supplémentaire dans la perspective du dialogue politique. Dans les cercles de causerie, dans les fadas et autres lieux d’échanges, c’est le même leitmotiv. Si la classe politique pouvait privilégier cette belle communion des coeurs et des esprits qui a prévalu au lendemain du retour du chef de file de l’opposition, le dialogue politique tant attendu serait l’apothéose de ce processus de décrispation du climat politique, gage d’élections inclusives, apaisées et transparentes. À présent, tous les regards et les esprits sont tournés vers le Président de la République en ces moments cruciaux où l’insécurité menace l’existencemême des nations du Sahel et où s’impose la nécessité d’un front uni pour y faire face.
Laboukoye
24 novembre 2019
Source : Le Courrier