Code_electoral_Niger

Selon toute vraisemblance, les dés pipés avec lesquels le camp présidentiel, en effritement d’ailleurs, compte se maintenir au pouvoir sont en voie de voler en éclats. Le Code électoral, taillé sur mesure en vue d’éliminer précisément Hama Amadou de la course à l’élection présidentielle, est mis en cause dans ce qu’il a de déterminant pour Mohamed Bazoum et ceux qui partagent avec lui cette façon dangereuse de faire la politique. En violation de la constitution et du Pacte international sur les droits civils et politiques. On ne gagne pas une élection sans rien faire. Bien que Mohamed Bazoum, Issoufou Mahamadou et leur monde ont fait quelque chose ; pas du genre à faire gagner une élection. Après dix ans ponctués de détournements massifs des deniers et biens publics, de trafics de devises, de drogues et d’armes, de passedroits divers, d’injustice, de violations répétées de la constitution, de mépris pour les aspirations des Nigériens, prétendre à un soutien quelconque du peuple relèverait de la folie. Or, Mohamed Bazoum, Issoufou Mahamadou et leur monde ne se font aucune illusion à ce sujet. Ils se savent impopulaires.

Leur voie est ailleurs que dans les urnes et tout le monde le sait. Le code électoral taillé sur mesure, le contrat avec Gemalto, des partisans pour diriger la commission électorale, des juges totalement acquis à la Cour constitutionnelle. Or, une élection se gagne dans les urnes et dans le respect du choix des électeurs, pas par des méthodes et démarches frauduleuses, sans rien faire de méritant pour le peuple.

Ce n’est pas le cas de Hama Amadou. Très populaire, apprécié pour son amour du travail et l’attachement au Niger et à ses intérêts sur lesquels il ne transige transige pas, Hama Amadou est redouté au plan électoral par Issoufou Mahamadou, à plus forte raison un Bazoum Mohamed qui n’a jamais rien gagné par ses seules voix dans une élection. En tant que candidat, Mohamed Bazoum n’a certainement pas autant de mérite que Hama Amadou au regard de la constitution. S’ils n’étaient pas au pouvoir, avec une certaine conception de la justice, Bazoum et les siens ne pourraient sans doute pas compter les griefs qui les mèneraient derrière les barreaux depuis bien longtemps et pour longtemps. En outre, les affaires dans lesquelles ils sont impliqués sont plus graves et préjudiciables pour le Niger que cette sordide affaire de supposition d’enfants qu’ils ont jugée sans aucune base légale de poursuite contre Hama Amadou. En matière de supposition d’enfant, le pénal est suspendu au civil ; autrement dit, il ne saurait y a voir de procès pénal sans un procès civil. Ce procès civil n’est possible que si une famille ou le pays dans lequel la supposition d’enfant est supposée avoir eu lieu, porte plainte. Hama Amadou a, donc, été condamné selon une procédure judiciaire alambiquée, car sans base légale. La conclusion coule de source : c’est un procès politique dont l’objectif est de le recaler dans la course à l’élection présidentielle. Et La raison est connue. En 2016, en prison, sans aucune possibilité de battre campagne, Hama Amadou a contraint Issoufou Mahamadou à un second tour de l’élection présidentielle. Voilà, la raison pour laquelle Mohamed Bazoum, Issoufou Mahamadou et leur monde tiennent à ce subterfuge politique de l’article 8 du code électoral pour empêcher Hama Amadou d’être candidat à l’élection présidentielle. Ceux qui doivent être éliminés de l’élection présidentielle pour actes attentatoires et préjudiciables au Niger sont ailleurs, au sommet du pouvoir. Ce n’est pas Hama Amadou. Mohamed Bazoum, d’abord, a octroyé un passeport diplomatique nigérien à Béchir Saleh Béchir, un proche collaborateur de feu Mouammar Kadhafi, le défunt guide Libyen qui est prétendu avoir vu le jour en terre nigérienne, précisément à Agadez. L’affaire a fait grand bruit, mais l’intéressé n’a jamais été poursuivi alors que des policiers ont payé cher de cette affaire de faux passeport. Autre chose, Mohamed Bazoum s’est empressé, comme s’il se reprochait quelque chose, à faire brûler des tonnes de drogue saisies, ici à Niamey, en juin 2018. Et de trafiquants, point ! Pourquoi faire disparaître l’arme du crime avant même que la justice n’ait eu à connaître de l’affaire ?

Issoufou Mahamadou, ensuite, a violé à maintes reprises la constitution qu’il a juré de respecter et de faire respecter, notamment en prenant parti dans le jeu politique et en protégeant ceux qui sont impliqués dans les détournements de plusieurs milliards de francs CFA. C’est un acte qui, sous d’autres cieux, pourrait conduire un président à la démission ou à la destitution. On ne parlera pas, ici, de Hassoumi Massoudou, l’as des affaires tordues lorsqu’il était directeur de Cabinet d’Issoufou Mahamadou. Bref, ce sont ceux qui doivent avoir à rendre compte à la justice sur bien d’affaires, qui veulent utiliser la loi qu’ils bafouent pour régler des comptes politiques et se maintenir au pouvoir. Est-ce acceptable ? Assurément, non.

Partisan farouche d’un code électoral fabriqué dans ses forges et sous sa supervision, le président et candidat du Pnds Tarayya n’avait pas visiblement cogité suffisamment sur «le pour» et «le contre» ainsi que les conséquences, pourtant prévisibles de l’arme, non conventionnelle au plan démocratique, qu’il a inspirée, fabriquée et défendue becs et ongles. L’insidieux article 8, viole non seulement la constitution et le Pacte internationale sur les droits civils et politiques, mais il fait planer des périls graves sur la stabilité sociopolitique de notre pays. C’est assurément une bêtise qu’il faut impérativement arrêter avant qu’il ne soit tard pour agir. Car, il faut bien le croire, l’article 8 n’est pas un danger que pour Hama Amadou, mais pour le Niger tout entier.

Le code électoral actuel est une atteinte grave à la démocratie, à l’Etat de droit et à la République. L’article 8 ne vise pas que Hama Amadou qu’il faut, certes, par tous moyens frauduleux, empêcher de prendre part à l’élection présidentielle. Il vise le Niger dans ce qu’il de plus profond, de plus cher. Et c’est Mohamed Bazoum, le chantre de ce combat insolite. Peut-on être plus royaliste que le roi ? Mohamed Bazoum, on l’a cru, devrait être plutôt le plus farouche adversaire d’un article 8 aussi insidieux, car porteur de germes de différenciation entre citoyens, par conséquent de conflits sociaux. Estce acceptable dans un Niger ? Assurément, non. Le Niger, à n’en point douter, s’achemine, lentement mais sûrement, vers l’abîme électoral. Une issue fatale que les Nigériens peuvent et doivent arrêter sans désemparer.

BONKANO