En 2017, le Sahel Dimanche a publié une interview de Mohamed Bazoum. Truffée de mauvaise foi et de contrevérités manifestes sur les réalités et les performances des régimes de la 5e et de la 7e Républiques, l’interview de Mohamed Bazoum a appelé de la part de Modi Alzouma, militant du Moden Fa Lumana Africa, des réponses percutantes, l’intéressé s’étant appuyé sur la sagesse populaire bien nigérienne qui enseigne que même les fous méritent parfois des réponses. Le Canard propose, à nouveau, à votre lecture, ces réponses cinglantes qui se passent de commentaire. Lisez plutôt.
À la question d’entrée d’un journaliste manifestement partisan qui qualifie sans gêne les manifestations de citoyens nigériens d’agitations du fait de la société civile et de l’opposition, Mohamed Bazoum a prétendu que ce qui se passe est la mise en oeuvre d’un scénario écrit à Abidjan, lors du Forum de la diaspora du Moden Fa Lumana Africa. Je me passe de tous ces détails qui n’existent que dans l’imagination fertile d’un homme qui a publiquement dit à ses compatriotes que plus comploteur que lui, on meurt. Qui va vous croire, monsieur Bazoum ? Vous pensez vraiment détenir le moindre crédit aujourd’hui pour convaincre au Niger ? Tout le Niger, y compris les observateurs étrangers, ont pu écouter le discours – un discours de responsabilité dont vous ne serez jamais capable – de Hama Amadou, qui a d’ailleurs défendu aux militants de parler de son parti de parler de votre gouvernance scabreuse au cours de ce séjour en Côte d’Ivoire. Vous avez donc inventé – c’est le mot – ce scénario que vous semblez d’ailleurs mieux maîtriser que nous autres, militants du Moden Fa Lumana Africa. Et cela n’est pas du tout surprenant au regard de votre passé politique – c’est ce que vous avez toujours su faire de mieux – corroboré d’ailleurs par le nombre extraordinaire d’acteurs de la société civile et des syndicats que vous avez parmi vous, à la présidence et à la primature en qualité de conseillersministres, conseillers techniques, spéciaux et chargés de mission. Je suis surpris que vous soyez si scandalisé de découvrir que vous n’êtes pas des démocrates. Et pourtant, c’est si vrai que le premier étranger de passage à Niamey n’aura pas besoin de plus de 30 minutes de briefing sur la situation de l’opposition pour s’en convaincre. Alors, soit vous êtes amnésique, soit vous jouez à votre jeu favori, c’est-à-dire faire passer le faux pour le vrai. Je vais vous rafraichir la mémoire. Sachez, monsieur Bazoum, que vous avez régulièrement étouffé les libertés de manifestation, gazant et matraquant des citoyens qui ne font que jouir d’une liberté consacrée par la Constitution, la loi sans laquelle vous n’aurez ni gazé ni matraqué vos concitoyens, encore moins les arrêter et les incarcérer abusivement. Vous vous croyez sérieusement démocrates ou vous voulez faire rigoler ? Eh bien, sachez que le monde entier sait que ni le 21 février ni le 20 mars 2016, il n’y a pas eu d’élections démocratiques au Niger. Il y a eu de vastes séances de remplissages de procès-verbaux, parfois hors des localités, sous des arbres, avec la complicité des instances chargées d’organiser les élections. Vous avez réalisé un holdup électoral et vous le savez parfaitement. Un démocrate n’agit pas ainsi et je considère que c’est une insulte à vos compatriotes et à votre pays que de vous considérer comme tels. Acceptez votre statut et continuez à souffrir de vos 92,51% de la présidentielle.
Mohamed Bazoum l’ignore-t-il ou fait-il exprès d’insulter l’intelligence des Nigériens en feignant de s’étonner qu’on les accuse de ne pas être des démocrates ? Un démocrate violerait- il la Constitution de son pays ? Or, Mahamadou Issoufou lui-même l’a violée plusieurs fois. Brigi Rafini n’a-t-il pas passé outre un arrêt de la Cour d’Etat, la plus haute juridiction du Niger, pour faire plaisir à une société nigériane, CONTEC GLOBAL, entraînant finalement l’Etat dans un contentieux judiciaire qui coûte aujourd’hui des milliards à notre pays ? La loi n’a jamais été votre gouverne et vous ne pouvez pas démontrer le contraire.
Vous prétendez également que l’acteur de la société civile qui a lu la déclaration du 21 décembre est un militant du Moden Fa Lumana Africa, conclusion légère et honteuse à laquelle vous êtes parvenu par déduction à partir d’un prétendu vocabulaire qui serait propre aux militants de ce parti. Un vocabulaire, dit-il, ordurier et porteur de germes de violence tout court. Deux petites observations s’imposent ici : d’abord, si nous suivons votre logique, tous ces acteurs qui brillent par leur absence dans les manifestations actuelles de la société civile sont des militants du PNDS Tareyya. Nouhou Arzika serait- il un militant caché du PNDS Teryya ? Admettez que votre déduction n’est pas si digne de l’esprit dont on vous crédite au sein de votre parti. Ensuite, Monsieur Bazoum porte manifestement des oeillères qui ne lui permettent de voir que d’un oeil ou si vous préférez, d’un côté. Selon toute vraisemblance, il ne lit pas les pages facebook de certains de leurs militants et affidés, dont la violence frise carrément les « mille collines ». Ne connaît-il pas la page de ce fameux Tarka Fadama où il a été publié des photos de citoyens nigériens considérés comme étant l’axe du mal, de dangereux terroristes, qu’il faudra neutraliser ? N’a-t-il pas connaissance de ce « fasciste » qui a écrit que: « le problème du Niger, ce sont les militants de Lumana … Exterminons-les et le Niger sera en paix » ? Ne sait-il pas que des militants du PNDS Tareyya qualifient le Moden Fa Lumana Africa de « secte satanique » ? Monsieur Bazoum at- il vraiment conscience des injures dont Hama Amadou a été l’objet de leurs propres bouches avant que leurs militants ne prennent la relève ? N’est-ce pas un député du PNDS Tareyya qui a traité Hama Amadou de « Kayna Turé »au sein de l’hémicycle, sur les ondes de la radio de l’Assemblée nationale et de la voix du Sahel (radio nationale) ? Et puis, comme nous sommes là pour rafraîchir les mémoires qui flanchent, je me fais le devoir de rappeler à Mohamed Bazoum que ce fâcheux climat politique est leur fait exclusif. Le PNDS Tareyya, et probablement lui en tête, a pensé qu’il suffit d’être à la tête de l’Etat pour faire des autres ce que l’on veut. Dès 2014, c’est une cinquantaine de militants du Moden Fa Lumana Africa que vous avez interpellés et gardés dans des conditions illégales à l’école de police, voire à la police anti-terroriste. En définitive, il y a lieu de s’interroger sérieusement sur l’état dans lequel Mohamed Bazoum a confié ces propos au Sahel, étant entendu qu’il a lui-même utilisé un langage peu commun aux hommes politiques de la bonne graine. N’est-ce pas ordurier de dire que « le Moden Fa Lumana Africa est en train de se défigurer pour se transformer en une véritable secte avec un gourou et les militants extrémistes outranciers dans leurs propos » ? De tels propos sont-ils dignes d’un ministre de la République, d’un responsable d’Etat ? Et dire qu’ils ont été tenus dans les colonnes du journal gouvernemental ! Ça fait froid dans le dos, n’est-ce pas ? Mohamed Bazoum, à tous points de vue, ne s’écoute pas parler ou plutôt ne s’entend pas parler. Autrement, il aurait compris qu’il avait plutôt intérêt à se taire. Il aurait surtout compris qu’il était disqualifié pour parler de certains sujets au Niger. N’est-ce pas lui qui a osé confier à Jeune Afrique qu’il y a au sein de l’armée nigérienne « des officiers ethnicistes mais qu’ils les aurait isolés » ? Il ne peut donc donner de leçon de conduite ou même de responsabilité dans la parole à qui que ce soit.
Les Nigériens ne considèrent pas que la situation sociale est catastrophique, c’est un fait vérifiable. Vous êtes non seulement incapables de faire face aux charges minimales de souveraineté, mais vous faites l’insulte suprême au peuple nigérien en maintenant, contre vents et marées, un gouvernement de 43 membres auxquels il faut ajouter quelques 22 autres qui ont rang et avantages de ministre. N’est-ce pas la palme de l’irresponsabilité et de l’insouciance ? Monsieur Bazoum, plus violent que vous au Niger, on meurt. Souvenezvous de ces propos que vous avez tenus sans état d’âme au lendemain de la mort du Président Baré. En avril 1999, alors que le Niger entier était encore sous le choc, vous ne vous étiez pas du tout gêné en affirmant que « Je ne crois pas vous révéler un secret en vous disant que la disparition de la quatrième République dont nous avons toujours récusé la légitimité ne nous cause aucun regret ». Et vous aviez ajouté que « Il n’y aurait donc aucun sens que lorsque des militaires viennent rendre possibles toutes les exigences, en vue d’un nouvel ordre démocratique pour notre pays, que nous le combattions ». Peut-on être plus violent que celui qui ne s’incline pas même devant la mort ?
A suivre.