" Que cherche Issoufou Mahamadou ? ", doivent se demander désormais les Nigériens, a écrit Moussa Tchangari dans un post publié sur sa page facebook. La crise virtuelle entretenue à coups d'immixtions intempestives et d'abus de pouvoir par le biais du ministère de l'Intérieur n'est pas près d'être à son terme. Alors que l'on a cru ce feuilleton désormais classé avec les trois décisions judiciaires successives qui déboutent Noma Oumarou sur ses prétentions, le ministère de l'Intérieur a trouvé le moyen de rallumer la flamme d'un conflit politique virtuel en jetant de l'huile sur le feu. Le 11 septembre 2020, une ordonnance judiciaire autorise les 2/3 des membres du bureau politique national à convoquer la conférence nationale extraordinaire que Noma a refusé de convoquer depuis des semaines.
Mécontent de cette décision judiciaire, Noma fait appel en saisissant la Cour d'appel. Celle-ci confirme la teneur de l'ordonnance du 11 septembre et le 29 septembre, à l'initiative du Moden Fa Lumana Africa, une nouvelle ordonnance interdit au sieur Noma Oumarou toute utilisation des attributs du parti ainsi que l'usage de la qualité de président de Lumana. On a cru la parenthèse définitivement fermée, mais c'est sans compter la hargne du régime et de son régent contre Hama Amadou et son parti.
Noma Oumarou, un pantin entre les mains du pouvoir en place
Malgré ces décisions judiciaires, Idder Adamou, le secrétaire général du ministère de l'Intérieur sera instruit pour signer deux lettres aux contenus explosifs. Par qui ? des sources crédibles indiquent qu'il recevrait ses instructions directement de la présidence de la République. Quoi qu'il en soit, par ses lettres, le ministère de l'Intérieur, agissant par la main de son secrétaire général, dit rejeter les conclusions des travaux du congrès de Lumana. Un congrès tenu une première fois, le 4 août 2020, mais rejeté par le pouvoir. Toujours au bénéfice de Noma Oumarou, porté à bout de bras par un régime que l'on dit aux abois. Selon toute vraisemblance, la provocation vise à faire sortir les militants de Lumana de leurs gongs. Pour les militants de Lumana, outrés, le régime en place ne fait plus mystère de sa volonté d'empêcher, par tous moyens, à leur parti de prendre part aux élections. Pour Lumana, Noma Oumarou n'est qu'un pantin entre les mains du pouvoir en place.
Le communiqué du ministère de l'Intérieur ne fait nulle part mention de l'ordonnance du 11 septembre, encore moins de l'arrêt de la Cour d'appel de Niamey du 18 septembre.
Les deux lettres incendiaires d'Idder Adamou n'ont pas fini de faire jaser lorsque le ministère de l'Intérieur récidive. Cette fois-ci, par un communiqué lu sur les antennes de la Voix du sahel et signé du Directeur général des affaires politiques et juridiques. C'est la première, note-t-on, que le ministère de l'Intérieur se justifie sur ses prérogatives. Mais il va plus loin, en confirmant la teneur des deux lettres incriminées. Maladroitement puisqu'il prend appui sur l'ordonnance du 29 septembre 2020 en prétendant que cette décision est non seulement intervenue dix jours après le congrès de Dosso, mais qu'il s'agit d'un référé et que, comme tel, il n'a pas vocation à vider un contentieux dans le fond. Le déni de droit est confirmé.
Car le ministère de l'Intérieur ne fait nulle part mention de l'ordonnance du 11 septembre, encore moins de l'arrêt du 18 septembre de la Cour d'appel de Niamey, saisie par Noma qui faisait ainsi appel de la décision rendue en première instance.
Banalisation de décisions judiciaires
Manifestement, pour le ministère de l'Intérieur, un référé ne mérite pas une si grande considération comme semble le lui accorder le Moden Fa Lumana Africa. Le communiqué du ministère de l'Intérieur est un vrai pavé dans la mare. Outre qu'il banalise une décision judiciaire en prétendant qu'elle n'est qu'un simple référé, il vient donner une raison supplémentaire à tous ceux qui estiment que face à ce pouvoir, il faut un rapport de force que de verser dans de vaines déclarations. Et comme les responsables de Lumana ont pris l'engagement qu'il n'y aura plus d'assemblée générale et de déclaration, la situation politique devient davantage critique, laissant entrevoir, avec des élections déjà sujettes à caution, de graves périls sur la paix sociale au Niger.
Laboukoye