Le Niger, c’est certain, se dirige vers une période trouble de son histoire. Déjà, le hold-up électoral de 2016 a montré à quel point un gouvernant qui se sait vomi de la population, contesté et qui a été contraint d’usurper les suffrages populaires pour se maintenir au pouvoir peut être aussi méprisant vis-àvis des préoccupations populaires. Des lois de finance antisociales, des arrestations et incarcérations arbitraires, l’injustice, la protection des auteurs de détournements, le trafic de drogue, etc., on a vu tout, on a subi tout.

Et ce sont les auteurs de cette gouvernance qui veulent, à travers une manipulation éhontée du processus électoral, se maintenir au pouvoir. Pour cette besogne inqualifiable, ils ont trouvé des hommes à tout faire. Des hommes sans scrupule et dont le dernier souci est probablement le sort du Niger et de son peuple. Leur préoccupation, c’est de rendre le service demandé à ceux qui les ont placés là où ils sont. Leur préoccupation, ce ‘est pas la démocratie, encore moins la République dont ils entendent toutefois emprunter les discours, les principes et les façons de faire afin d’enrober, le mieux possible, leurs méfaits.

Le Niger, notre pays, est extrêmement malade. Sur tous les plans. Et ceux qui l’ont mis sur cales, malgré l’énorme potentiel financier dont ils ont bénéficié, sans avoir rien fait, ne comptent céder la place à de plus compétents pour redresser leurs torts. Ils savent pourquoi. Et tout le monde sait pourquoi. Après ce qu’ils ont fait du Niger, de ses hommes et de ses ressources financières, ils savent, et c’est à mettre à leur actif, le sort peu enviable qui les attend s’ils doivent répondre de leurs actes devant la justice. Ils ont tout détourné : biens matériels, ressources budgétaires, aide alimentaire en période critique pour les populations, moyens de guerre, etc. Alors, comment s’attendre que des individus pareils acceptent de militer pour un processus électoral consensuel ? Comment penser, un seul instant, que des individus pareils, qui clament la primauté de la force et qui s’en vantent, acceptent de perdre des élections et d’aller tranquillement attendre qu’un juge les convoque et le jette en prison ?

Le pouvoir en place, à Niamey, est un serpent de mer. Il a placé, partout où il faut, des hommes voués à la même logique de gouvernance et qui travaillent à consolider le système et sa prééminence sur le Niger. C’est exactement comme dans les films de la mafia sicilienne. Vous cherchez réconfort et sollicitude auprès d’une autorité sans vous rendre qu’elle est un maillon important du système. Que les Nigériens ne s’attendent, donc, pas de voir Issoufou Mahamadou, Brigi Rafini, Bazoum et Ousseïni Tinni, entre autres, s’émouvoir de leurs déceptions, de leurs colères et de leur désaffection. Ils n’ont rien à cirer, comme dirait l’autre. Au contraire, plus ils montrent de l’abattement, de la dépression, de la lassitude, plus ce pouvoir-là se ragaillardit et va plus loin.

Ce qui est dommage dans ce combat entre la justice et l’injustice, c’est de constater qu’il y a des Nigériens, et pas des moindres, qui ont choisi de soutenir et de travailler pour le règne de l’injustice.

Ce qui est décevant, c’est de voir avec quel zèle des Nigériens, jusque dans le rang des magistrats et des Forces de défense et de sécurité, sont déterminés à servir le règne de la corruption, du trafic de drogue et du détournement massif des deniers et biens publics.

Ce qui est révoltant, c’est de voir a plus haut sommet de l’Etat, des hommes qui sont prêts à toutes les éventualités, y compris en risquant des actes susceptibles de précipiter le Niger dans la violence.

La manipulation du processus électoral est un acte assurément grave. Et ceux qui, à l’instar d’Issaka Souna, ne mérite aucun égard. Ils ont choisi, de façon délibérée, de servir la cause d’un camp politique. La production de cartes d’électeurs en déphasage avec les dispositions de la loi électorale est largement suffisante pour le clouer au pilori. C’est un homme de droit. Il sait parfaitement ce que ça veut dire et manifestement il l’assume pleinement. Les périls qui planent sur le Niger viendront de la volonté de ces hommes qui sont prêts à tout pour faire valoir leur volonté.

BONKANO