Pendant 10 ans, Issoufou Mahamadou a délibérément pratiqué une politique antisociale et privilégié la corruption et les détournements des deniers publics. En 24 heures chrono, le gouvernement de Bazoum Mohamed a rapatrié Près d’un millier de mendiants nigériens, exactement 930, qui ont littéralement envahi les rues de Dakar. C’est ainsi depuis quelque temps à Cotonou dans la sousrégion et tous les pays amis se plaignent et plaignent le Niger. En toile de fond des commentaires, le pays le plus pauvre de la planète — c’est ainsi que le Niger est présenté dans la presse internationale — exporte à présent sa misère chez les autres. L’image est choquante et entame la fierté de tout Nigérien. Malheureusement, elle est non seulement conforme à la réputation de pays le plus pauvre de la planète que les autres se font du Niger, mais elle est également, n’en déplaise à ceux qui ont agenouillé notre pays en une décennie de corruption et de détournements des ressources publiques, le reflet réel de ce que Issoufou Mahamadou a fait du Niger.

Il faut qu’on s’entende sur un fait : la mendicité a toujours existé et ce serait faire un mauvais procès à l’ancien président de lui coller la responsabilité du phénomène. Cependant, sa gouvernance, catastrophique, est certainement pour quelque chose dans l’amplification du phénomène, particulièrement dans ses proportions actuelles. Le phénomène de mendiants nigériens dans les rues de Dakar par centaines ne s’est jamais vu. Il est, quoi que disent les membres du gouvernement, la résultante d’une politique antisociale clairement et ouvertement assumée par l’ancien président, notamment à partir de 2018 avec l’adoption d’une loi de finances qui a dépouillé les citoyens au profit de sociétés étrangères. Pour leur faire la belle et leur permettre de s’enrichir au détriment des populations nigériennes, des sociétés étrangères, notamment celles qui exercent dans la téléphonie mobile, ont été carrément exonérées d’impôt. À l’époque, la presse a dénoncé le fait sous le vocable de « cadeaux fiscaux ». La corruption peut-elle mieux se manifester ?

Tandis qu’il offrait des cadeaux fiscaux à des sociétés étrangères, comme s’il travaillait pour elles, Issoufou Mahamadou a considérablement réduit le pouvoir d’achat de ses concitoyens. Tous les prix ont monté en flèche. L’électricité, dont les Nigériens subissent encore les affres de la cherté concoctée dans la loi de finances 2018, l’eau, laissée en pâture à Bolloré, les produits de première nécessité tels que le lait, l’huile, etc., soumis désormais à la Taxe sur la valeur ajoutée (Tva), l’imposition de timbre sur les documents légalisés, l’augmentation des taux de transaction sur les biens immobiliers et fonciers, le bonhomme a agi en véritable boucher. Pas de quartiers ! Malgré les dénonciations, les protestations et les lamentations de différentes couches de la populations, Issoufou Mahamadou n’en a eu cure. Il est resté de marbre, s’offrant au passage le luxe de faire arrêter certains leaders de la société civile, jetés en prison comme des malpropres qui empêchent à ceux qui doivent continuer à profiter du Niger de le faire en toute assurance et en toute tranquillité.

Et plus il détériore les conditions de vie de ses concitoyens, plus il ouvre la voie à ceux qui détournent l’argent public, les protège de la plus belle manière, résolu à faire prospérer la corruption et les infractions assimilées pour enrichir une certaine clientèle politique. En 10 ans de gouvernance «issoufienne», ce sont des centaines, sinon des milliers de milliards de francs CFA — le bilan sera fait, un de ces jours — qui sont frauduleusement passés des caisses de l’Etat à des comptes bancaires privés. Le chef peut-il protéger des corrompus s’il n’est pas, luimême, corrompu ?

Evidemment, ces milliers de milliards détournés sous le parapluie qu’Issoufou Mahamadou a dressé à ses poulains dans cette sale besogne, auraient pu construire des classes, qui manquent cruellement, des table-bancs devenus un luxe pour des milliers d’élèves nigériens, des hôpitaux mieux équipés, de l’eau potable qui est encore très éloignée des rêves de nombreux compatriotes. La qualité de l’eau ? Demandez autour de vous, jusque dans la capitale, ça ressemble parfois à l’eau des égouts.

Ces milliers de milliards auraient pu permettre, sur fonds propres de l’Etat du Niger, à réaliser des projets structurants dont l’apport dans la construction d’un Niger indépendant et économiquement viable. Ce sont, entre autres, le barrage de Kandadji dont la réalisation garantirait l’indépendance énergétique du Niger et assurerait une base solide pour la sécurité alimentaire ; la mise en valeur de l’Irhazer ainsi que la reconstruction des routes économiques majeures telles que Tahoua-Arlit et Dosso-Gaya, en souffrance depuis 2010.

Ces milliers de milliards détournés auraient pu permettre de donner à ces compatriotes poussés dans la rue par la misère des conditions de vie décentes en mesure de les fixer, sinon dans leurs terroirs naturels, du moins au pays. Dans leurs terroirs naturels ? Cela est devenu impossible depuis que des hommes armés, qui semblent opérer avec une réelle complicité, ont entrepris, dans certaines parties du pays, de massacrer les populations, d’incendier leurs greniers, d’emporter leurs bétails, etc.

Comment voulez-vous, dans un tel pays, que les hommes, réduits à mourir à petit feu, ne mendient pas ? Le spectacle offert au monde entier à Dakar, dans la capitale sénégalaise, on le connaît déjà à Niamey, avec ces mendiants d’un genre nouveau qui, parfois, par honte d’être découverts par des parents et/ou connaissances, s’enturbannent pour passer inaperçus ou qui attendent la nuit pour passer de fada à fada, de porte en porte. Ce n’est pas un miracle, c’est la résultante d’une politique socialement sauvage, antisociale à l’extrême et délibérée de l’ancien président. Qu’on l’admette ou qu’on cherche des excuses en le mettant sur le compte de prétendus trafics d’êtres humains comme veut l’expliquer le ministre de l’Intérieur, c’est ça l’amère vérité.

Les Nigériens savent parfaitement d’où vient la misère actuelle. Pendant 10 ans, Issoufou Mahamadou a délibérément pratiqué une politique antisociale et privilégié la corruption et les détournements des deniers publics. Il a plongé le Niger dans un gouffre et de plus en plus, y compris dans les rangs de militants farouches du Pnds, cette vérité est admise. L’homme ne peut échapper à son sort d’être classé dans la sphère la plus détestable de l’Histoire du Niger. Il ne peut en être autrement.

BONKANO.