Vraisemblablement, la nature a repris ses droits chez Bazoum Mohamed dont le dispositif sécuritaire est en train, lentement mais sûrement, de prendre les mêmes traits caractéristiques que celui de son prédécesseur. Le même armada, rangé un moment par le Président Bazoum Mohamed et salué de toutes parts, revient progressivement dans les rues lors des déplacements du chef de l’État, comme quoi un corbeau reste un corbeau et vous avez beau l’affubler de plumes blanches, il ne peut en aucun cas devenir une colombe. Bazoum Mohamed, donc, reprend peu à peu sa nature à laquelle il avait pensé pouvoir substituer une autre, plus civilisée et digne d’un président élu démocratiquement. Un président élu démocratiquement qui entend célébrer ainsi sa proximité avec son peuple, sa légitimité populaire et l’inutilité de cet étalage de moyens de guerre comme dispositif de protection présidentielle que les Nigériens ont subi 10 ans durant sous Issoufou Mahamadou.

Baoum Mohamed a essayé et il faut le reconnaître, d’inaugurer une autre gouvernance éloignée du triste registre issoufien. L’avait-t-il tenté par populisme ou croyait-il sincèrement à la nécessité de changer de cap ? Les historiens se chargeront d’apporter la réponse à cette question. Quoi qu’il en soit, le constat est que son dispositif de sécurité a littéralement changé ces temps-ci et bien entendu, c’est une victoire des faucons du régime qui, dès les premiers pas du Président Bazoum, ont entrepris de lui mettre des bâtons dans les roues. Aujourd’hui, ces faucons ont gagné leur guerre contre Bazoum Mohamed qui subit leur diktat.

S’il est établi, sur la base de faits avérés, que le Président Bazoum a perdu la croisade annoncée contre la corruption, il est tout établi, du moins depuis quelque temps, que le dispositif de sécurité présidentiel est entré dans une phase que redoutent les Nigériens. La récente configuration qu’a prise le dispositif de sécurité présidentiel serait-elle l’expression d’une psychose créée par cette série de coups d’État aux portes de Niamey ? C’est le moins ce que pensent beaucoup de Nigériens, inquiets de cette tournure sécuritaire dont ils gardent un souvenir amer.

On le sait, au Mali, au Burkina ou encore en Guinée, l’explication et la justification des coups d’État intervenus se trouvent dans la mauvaise gouvernance : mauvaise gouvernance politique, mauvaise gouvernance économique, mauvaise gouvernance judiciaire, gouvernance sécuritaire, etc. La solution, pour conjurer le mauvais sort n’est pas de renforcer la sécurité, mais bien de désamorcer la bombe à temps en s’attaquant résolument aux maux qui en sont à la base. Chez nous, la corruption, le trafic de drogue, les détournements des deniers publics, l’enrichissement illicite, la rupture d’égalité des Nigériens devant la loi, l’impunité accordée aux auteurs de délits et de crimes sur la base de l’appartenance politique, etc., sont autant de maux auxquels il faut trouver des solutions justes et durables. Toute autre alternative reste gauche et vaine.

BONKANO